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Le long voyage vers Mars est il supportable pour l'homme?

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  • Le long voyage vers Mars est il supportable pour l'homme?

    Pour se rendre sur la planète Mars, il faut compter près de trois ans de voyage aller-retour et être capable de vivre en vase clos pendant tout ce temps, dans des conditions extrêmes, loin, très loin de la Terre. Comment les hommes réagiront-ils lorsque notre planète ne sera plus, pour eux, qu'un minuscule point lumineux dans le ciel, quand les communications avec «le sol» mettront un quart d'heure avant de leur parvenir et qu'ils ne devront plus compter que sur eux pour gérer les imprévus et les situations de crise (accident, maladie, problèmes relationnels ou psychologiques…) ?

    Lors des entretiens de médecine aérospatiale qui se sont tenus cet été à Megève (Haute-Savoie), l'astronaute Jean-François Clervoy et son frère Patrick, psychiatre au service de santé des armées, ont abordé ces questions qui ne peuvent être éludées avant une hypothétique mission martienne humaine prévue aux alentours de 2030 ou 2040.

    Le retour d'expérience repose, pour l'instant, sur les missions spatiales passées mais aussi sur les patrouilles des sous-marins nucléaires stratégiques qui durent en moyenne trois mois ainsi que sur les expéditions de scientifiques dans les lointaines Terres australes et antarctiques françaises (TAAF). Prochainement, six volontaires, dont deux recrutés par l'Agence spatiale européenne (ESA), vont passer 500 jours isolés dans une enceinte spécialement aménagée pour simuler les conditions, notamment psychologiques, d'un voyage vers Mars.

    Selon les frères Clervoy, l'équipage idéal se compose de quatre à neuf personnes afin de reproduire une «microsociété». Trois couples leur paraît être le bon équilibre numérique afin d'instaurer une harmonie de groupe, sans aller toutefois jusqu'au minivillage, impossible à envoyer vers la planète rouge. La configuration «sous-marin nucléaire», avec sa forte hiérarchie militaire où un recours à la force permet de résoudre un conflit majeur entre individus, ne peut être reproduite dans l'espace. À défaut d'un commandement structuré, une équipe soudée par la confiance mutuelle s'avère nécessaire autour d'un leader incontesté. Celui-ci est susceptible de trancher dans certains cas. En revanche, les équipages à deux ou trois semblent être la pire formule. Un binôme russe d'une mission Mir, l'ancienne station orbitale soviétique, s'était fâché et ne se parlait plus. Le centre de contrôle à terre qui avait perçu ce malaise, avait du recourir à un stratagème - commettre une erreur anodine - pour que les deux spationautes se réconcilient.


    Rapatriement d'urgence exclu

    La fréquence des attitudes obsessionnelles ou paranoïaques lors des séjours dans les Taaf (Terres australes et antarctiques françaises) amène l'hivernant, comme le futur spationaute au long cours, à se demander : «Qu'est ce que je suis venu faire ici ?» Parmi les possibilités de réponses à ces comportements, la créativité reste tributaire du contexte très technique de la mission. Celle-ci demande aux spationautes d'appliquer des procédures préétablies et longuement répétées au simulateur. Pas d'improvisation possible, ni d'épanouissement. Or, cette faculté de créer apparaît essentielle à Jean-François Clervoy qui a séjourné trois fois à bord d'une navette américaine. «Jouer du saxo ou prendre des photos m'a aidé à m'extraire de ce monde», confie-t-il en soulignant la nécessité de disposer aussi d'un espace personnel à bord.

    Autre contrainte : tout rapatriement d'urgence est exclu, une fois la capsule lancée à 25 fois la vitesse du son, voire plus. Une solution consisterait à lancer deux vaisseaux développés par deux équipes différentes afin de se porter mutuellement secours. Le retour pose aussi de nombreux problèmes avec ses déceptions potentielles («rien n'a changé depuis mon départ» ou «tout est différent»). Sans oublier l'anxiété de retrouver sa place parmi les siens.

    Par le Figaro
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