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Les Femmes cadres mettent le cap à l'international

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  • Les Femmes cadres mettent le cap à l'international

    Sous-représentées dans les postes à responsabilité, les femmes sont également moins nombreuses que les hommes dans les métiers à vocation internationale. Peut-être plus pour longtemps, si l'on en croit les chiffres de l'étude (*) réalisée par l'Ifop pour l'ESCE (Ecole supérieure du commerce extérieur) à l'occasion de ses quarante ans et présentée en exclusivité dans « Les Echos ».

    Pour les 402 femmes cadres interrogées, travaillant dans des entreprises françaises de plus de 20 salariés et réalisant au moins 20 % de leur chiffre d'affaires hors de France, l'engouement pour l'international est très net. Surtout, la satisfaction exprimée est nettement supérieure à la moyenne : 93 % des femmes de l'échantillon se déclarent satisfaites de leur situation professionnelle, soit 22 points de plus que l'ensemble des femmes cadres. Même satisfecit sur le niveau de salaire ou l'évolution de carrière, souvent sujets de mécontentement chez les cadres.

    Alors qu'elles ont un emploi du temps généralement bien rempli, les femmes travaillant à l'international (mais pas nécessairement à l'étranger) sont aussi davantage satisfaites de leur charge de travail (75 %, + 20 points par rapport à la moyenne). Ce qui ne veut pas forcément dire qu'elles travaillent moins que les autres, mais peut-être obtiennent-elles une reconnaissance plus importante de la part de leur employeur, notamment en termes d'évolution professionnelle.

    Biyong Chungunco, originaire des Philippines, directrice de la branche ciment pour Lafarge en Malaisie depuis mai 2008 (1.360 salariés) et précédemment directrice juridique adjointe au siège, à Paris, est de cet avis : « Avoir une ou plusieurs expériences à l'international est enrichissant sur le plan personnel, mais aussi professionnel. On apprend à repérer les meilleures pratiques et cela donne des opportunités importantes pour sa carrière. Je suis d'ailleurs prête à repartir dans quelques années. »

    Un enthousiasme qui prouve, comme le confirme le sondage, que l'une des principales motivations dans le fait d'exercer un métier à vocation internationale tient aux responsabilités exercées, suivie par l'attractivité de la rémunération et les avantages liés au poste. « De plus, les entreprises qui travaillent à l'international sont généralement plus dynamiques économiquement que des sociétés dont l'activité se limite à l'Hexagone », analyse Frédéric Dabi, directeur du département opinion et stratégie d'entreprise de l'Ifop.

    Un rythme de vie intense

    Dans la plupart des groupes internationaux, un passage, voire plusieurs, à l'international est d'ailleurs une condition sine qua non pour obtenir un poste de direction, ce dont Kathleen Wantz O'Rourke, directrice générale de Siemens France, était parfaitement consciente dès le début de sa carrière : « J'ai bougé huit fois à l'international, notamment en Allemagne, en Belgique, en Australie et au Japon. J'ai eu des postes qui étaient nécessaires à l'évolution de ma carrière. Je savais qu'il fallait passer par certaines étapes et j'ai pris moi-même les choses en main pour m'expatrier sans l'aide du groupe. » Au prix de certains sacrifices personnels tout de même puisque Kathleen Wantz a passé quatre ans et demi en expatriation séparée de son mari. « Ce n'était pas un choix facile mais nous savions que c'était pour une période limitée. Si nous avions eu des enfants, ç'aurait été beaucoup plus difficile, voire impossible. »

    La question de l'équilibre entre vie privée et vie professionnelle, toujours selon le sondage Ifop, est d'ailleurs la plus épineuse puisque plus de la moitié (51 %) des attentes exprimées en termes d'amélioration se cristallise sur le sujet. Une priorité partagée par Biyong Chungunco : « Le plus important avant de partir en France a été de convaincre mes enfants. Je ne l'aurais pas fait s'ils n'avaient pas été d'accord. »

    Le problème des doubles carrières se pose pour ces femmes hauts potentiels dont les maris ont eux aussi un métier. Une fois n'est pas coutume, ce sont les messieurs qui suivent leurs femmes aux quatre coins du monde, comme l'a expérimenté Béatrice Lazat, DRH de L'Oréal en Chine depuis trois ans et précédemment en poste à Londres (trois ans), à Hong Kong (cinq ans) et en Australie (trois ans) : « Pour mes deux premiers postes à l'étranger, c'est moi qui ai suivi mon mari, mais, depuis l'Australie, c'est à son tour de me suivre. Pour ce type de carrière, il faut avoir un conjoint qui aime prendre des risques et sache s'adapter. Chez L'Oréal, aujourd'hui en Chine, nous sommes 6 femmes expatriées dont le mari a démissionné pour les suivre. »

    Il n'empêche, 85 % des femmes interrogées estiment que la difficulté à concilier vie professionnelle et vie privée est un frein pour travailler dans les métiers de l'international, derrière l'insuffisance de la rémunération (87 %) et la non-maîtrise des langues étrangères (86 %). « Ce qui arrête le plus les femmes à mon avis, c'est qu'elles veulent être sûres à 150 % qu'elles vont pouvoir relever le défi avant d'accepter un poste à l'international. Les hommes prennent davantage de risques. C'est dommage, car les femmes font souvent preuve d'une grande capacité d'adaptation, beaucoup plus qu'elles ne le croient », poursuit Biyong Chungunco.

    Pour contourner l'obstacle de la vie de famille, Isabelle Santenac, responsable de l'activité audit du cabinet Ernst & Young au niveau mondial (basé à Londres), donne un autre conseil : « Mieux vaut avoir ce type d'expériences en début de carrière, c'est plus facile, on est alors plus mobile. » Et plus en forme aussi car si l'on en croit l'expérience de cette quadragénaire, le rythme de vie est intense : « Ne jamais passer une semaine complète chez soi, prendre le train ou l'avion très tôt le matin plusieurs fois par semaine, supporter les décalages horaires, ça use physiquement et ça complique la vie de famille. D'ailleurs, je ne me vois pas faire cela pendant quinze ou vingt ans de plus. »

    « Elles sont plutôt fidèles »


    Dernier enseignement de l'étude : même satisfaites de leur emploi, les femmes cadres interrogées n'hésitent pas à changer d'entreprise. 33 % envisagent de quitter leur employeur (contre 26 % qui envisagent de changer de poste à l'intérieur de leur entreprise) et, parmi celles-là, 42 % comptent partir dans les trois prochaines années. Mais Frédéric Dabi se veut rassurant pour les employeurs : « En réalité, ces femmes cadres à l'international savent qu'elles sont des hauts potentiels, que le marché de l'emploi leur est très favorable, donc qu'elles peuvent potentiellement changer facilement dans l'entreprise, mais, dans les faits, elles sont plutôt fidèles. »

    *) « Les Femmes cadres dans les métiers de l'international : attentes, rôles et perspectives », juillet 2008.

    Par Les Echos
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