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  • Vous voulez anticiper les variations du prix du blé ? Lisez la suite

    Isabelle Mouilleseaux
    Décidément, le blé nous fait tourner la tête. Parti de 4,60 $ le boisseau en avril 2007, il a atteint en mars dernier les 13,18 $. Soit une hausse de 190% en moins d'un an.
    Le blé est ensuite parti à la baisse de façon vertigineuse, chutant de 13,18 $ à 7,31 $ entre mars et mai. Une chute de 45% en deux mois. Inutile de vous dire que pour spéculer sur ces marchés, il faut avoir des nerfs solides et le coeur bien accroché !
    Mais surtout, il faut bien connaître les fondamentaux et les facteurs clé qui permettent d'anticiper la tendance. C'est l'objet de l'Edito du jour...

    Cours du boisseau de blé en US cents sur le Cbot
    La première question à se poser ? Sans aucun doute l'analyse du fragile équilibre entre l'offre et la demande. Car les tensions viennent de là...
    Le niveau de la demande est prévisible
    Côté demande, le facteur déterminant est l'accroissement de la population mondiale (une tendance long terme ininterrompue) et de son niveau de vie. Ce qui sous-entend que la demande de blé est croissante et totalement inélastique ! Si on peut s'arrêter de conduire en cas de baril de brut trop cher, on ne peut pas s'arrêter de manger !
    Donc la demande mondiale est un élément prévisible et sans surprise. Elle évolue ces dernières années entre 615 et 625 millions de tonnes par an.
    Si les variations des cours ne viennent pas de la demande, elles sont donc occasionnées pas l'évolution de l'offre.
    Le niveau de l'offre fait le prix du blé
    Avant de commencer, il faut savoir que 20% de la production mondiale de blé se retrouvent sur les marchés (le reste est consommé sur place). Les principaux exportateurs sont de loin les Etats-Unis, suivis par le Canada, l'Australie et l'UE. Viennent ensuite la zone de l'ex-URSS et l'Argentine.
    Il faut suivre de près l'évolution des récoltes de ces pays, et tout particulièrement les Etats-Unis.
    Quels critères surveiller ? me demanderez-vous...
    Deux facteurs déterminants à surveiller de près : les plantations -- notamment aux Etats-Unis, le plus gros exportateur -- et la météo des gros pays exportateurs.
    Prenons un exemple concernant l'impact de la répartition des plantations agricoles : les cours du maïs ont atteint un pic en janvier 2007. Du coup, lors des semis de printemps qui ont suivi, les producteurs de céréales américains ont diminué la part de leur culture dédiée au blé au profit du maïs, alors plus rémunérateur. C'était là un premier indice de hausse possible des cours du blé et de baisse des cours du maïs. Nous sommes quelques mois avant le pic de mars 2008.
    Prenons un exemple concernant l'impact de la météo. La saison, qui a vu le cours du blé s'envoler à 13 $, a été de ce point de vue catastrophique. Tous les gros producteurs de blé ont été touchés par une météo désastreuse : sécheresse en Australie, mauvais temps en Europe et en Russie, coups de froid aux Etats-Unis et au Canada... Les caprices météorologiques se sont enchaînés au fil des semaines, et les cours du blé ont grimpé de plus en plus haut au fur et à mesure des anticipations de baisse des rendements agricoles. La corrélation est extrêmement forte entre la météo et les prix.
    Retenez l'équation suivante
    Météo clémente = rentabilité forte = offre importante de blé et chute des cours
    Météo capricieuse = baisse des rendements = chute de l'offre et hausse des prix
    Pour revenir à notre exemple : la baisse des plantations de blé et une météo franchement défavorable ont entraîné la production de blé à la baisse. Face à une demande qui reste de marbre, le gap était prévisible et inévitable.
    Le rôle crucial du stock
    C'est là qu'intervient le niveau du stock mondial de blé. Il sert de "tampon" entre l'offre et la demande. Depuis des années, on pioche dedans pour satisfaire une demande supérieure à l'offre. Forcément, au bout d'un certain temps, le niveau du stock devient dramatiquement bas...
    Sans tenir compte de la récolte qui s'ouvre en ce moment, le stock atteint actuellement un creux de 60 ans aux Etats-Unis. Et au niveau mondial, la situation n'est guère plus favorable : le stock atteint un point bas de plus de 30 ans ! Nous n'avons pas plus de deux mois de stock devant nous !
    Forcément, au moindre aléa, les tensions s'exacerbent... et le phénomène du pic apparaît.
    L'évolution du dollar a lui aussi un impact
    Les Etats-Unis étant le plus gros exportateur, le blé est libellé en dollars. Les variations du dollar influencent donc le timing de la demande.
    Conséquence : la chute du dollar sur 2007/2008 constituait une aubaine pour les nations hors zone dollar, leur pouvoir d'achat s'en trouvant fortement amélioré. Pour 100 unités de monnaie locale, on achète de plus en plus de blé si le dollar chute.
    Les pays importateurs qui achètent leur blé aux Américains en ont donc profité sur 2007/2008. Entre août 2007 et mars 2008, le dollar a perdu quasiment 20% de sa valeur ! Vous imaginez l'aubaine... Ce qui a accru d'autant la pression acheteuse et a donc conduit au pic.
    Prenez l'habitude de surveiller l'évolution du dollar... en sachant que la corrélation blé/dollar est négative.
    Tenez compte de la saisonnalité
    En effet, le fait qu'il y ait deux récoltes par an a un impact sur le cours. En général, lorsque le blé de printemps est récolté (juin-juillet-août) les cours sont bas. Ils repartent à la hausse à l'automne et atteignent leur point haut en début d'année, quand les stocks sont au plus bas car la dernière récolte n'est pas encore arrivée.

    Saisonnalité du blé étudiée sur 40 ans

    Concernant le dernier pic, les cours ont commencé à décoller en octobre 2007 et ont atteint un point haut fin février 2008. Nous étions "en phase".
    Scrutez l'évolution des "concurrents" qui ponctionnent une partie croissante de la production de blé
    Alors que le blé récolté servait jusqu'à récemment essentiellement à nourrir la population, une partie de plus en plus importante est ponctionnée pour nourrir les élevages qui se développent fortement. En effet : enrichissement des populations pauvres = changement des habitudes alimentaires = hausse de la demande de viande, donc développement des élevages. Or il faut bien nourrir les animaux avec du soja, du maïs, du blé....
    Second concurrent : l'essence verte. Une part de plus en plus importante de sucre, de colza, de maïs, et même de blé est achetée par l'industrie du biodiesel/bioéthanol. Manger ou conduire, faudra-t-il un jour choisir ?
    Notez également qu'il existe une corrélation entre le cours du brut et les essences vertes, donc entre le brut et le cours des céréales par répercussion !
    Autres facteurs d'influence à surveiller : les facteurs politiques
    Quand les tensions s'exacerbent, le protectionnisme refait surface. Sous toutes ses formes : subventions, aides, barrières douanières, taxes, quotas...
    Deux exemples récents constatés lors du pic de mars :
    - Les Russes ont augmenté leurs taxes à l'exportation sur le blé de 40%. Objectif : garder en priorité le blé pour leur population et enrayer l'inflation. Cela a réduit d'autant les quantités de blé disponibles sur le marché international et a poussé davantage encore le blé à la hausse.
    -L'Argentine, gros producteur de blé également, a fait de même en imposant des quotas à l'exportation. Mêmes objectifs, mêmes conséquences : les tensions sur les prix internationaux se sont exacerbées.
    La goutte d'eau qui fait déborder le vase ?
    La spéculation bien sûr. Plus la situation est tendue côté fondamentaux et plus la spéculation est forte. Voilà sans doute comment on transforme une tendance haussière de fond en un véritable pic.
    Les raisons du récent krach ?
    Je vous laisse deviner. Réponse mardi ! Et nous en profiterons pour faire un point sur les perspectives du blé.
    Dernière modification par nacer-eddine06, 05 septembre 2008, 22h27.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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