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FRANCE-ALGÉRIE: Se débarrasser de la culpabilité... pour une poignée de dollars ?

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  • FRANCE-ALGÉRIE: Se débarrasser de la culpabilité... pour une poignée de dollars ?

    De passage en Libye le 30 août, Silvio Berlusconi a signé un accord de réconciliation avec Kadhafi, et présenté des excuses "au nom du peuple italien" pour les exactions de la période coloniale. Une première, qui relance le débat passionné sur un éventuel devoir de repentance de la France envers l'Algérie.

    L'Algérie en particulier et le continent africain en général connaîtront-ils le même traitement et la même attention de la part de leurs anciennes puissances colonisatrices ?

    Sur la terre d'Afrique, l'acte est en soi historique. Fera-t-il tache d'huile, à défaut de faire jurisprudence ? Les enfumages, le génocide, la torture et le crime contre l'humanité ont bel et bien existé en Algérie. Ils sont l'œuvre de la France coloniale et de ses contingents militaires.

    Cela a duré cent trente-deux ans. Lorsqu'à quarante-huit heures de sa visite d'Etat en France (du 10 au 15 décembre 2007), le guide de la révolution libyenne avait déclaré : "Les forces coloniales doivent dédommager les peuples qu'elles ont colonisés et dont elles ont spolié les richesses." Ils furent nombreux parmi les pays européens à rire sous cape. L'idée fait son bonhomme de chemin.

    Pour la Libye, c'est devenu une réalité. L'Italie versera à Kadhafi 5 milliards de dollars. L'opération s'étalera sur vingt-cinq années à titre de dédommagements des exactions commises par les forces d'occupation italiennes en Tripolitaine et en Cyrénaïque de 1911 à 1943.

    Rappelons que le 24 juillet, dans une déclaration faite à l'agence de presse Reuters, Seïf El-Islam, fils du numéro un libyen, avait annoncé que "la Libye signera, dans les prochaines semaines, un accord avec l'Italie portant sur des milliards de dollars de compensations dues par l'Italie pour la période coloniale". L'héritier du guide de la révolution libyenne s'adressait "à différentes composantes de la société libyenne".

    Silvio Berlusconi solde ses comptes avec l'ancienne colonie. Sans complexe et sans ambages. Une position qui tranche avec celle adoptée par la France à l'égard de l'Algérie. Une politique du un pas en avant, deux pas en arrière, incarnée par Nicolas Sarkozy.

    Le président de la République française ne veut pas entendre parler de traité d'amitié et surtout pas de repentance. "Oui, des crimes terribles ont été commis tout le long de la guerre d'indépendance qui a fait d'innombrables victimes des deux côtés", avait déclaré Sarkozy lors de sa visite en Algérie en décembre 2007.

    La France ne cédera pas. L'abominable a été commis des deux côtés, nous dit le chef de l'Etat français. La France ne s'excusera pas. La France porte en elle sa plaie la plus profonde. L'Algérie est son complexe. Son indépendance a signé la fin de l'Empire français et a mis fin au mythe de l'invincibilité de l'une des armées les plus puissantes de la planète.

    La France ne se sent en rien redevable par rapport à son ancienne colonie. Elle a fait voter la fameuse loi du 23 février 2005 pour glorifier son action. La bataille pour la repentance et le dédommagement sera plus rude que celle menée pour l'indépendance.

    Mohamed Touati
    L'Expression du 31 Août 2008


    Réédité dans Courrier International du 2 septembre 2008
    “La vérité est rarement enterrée, elle est juste embusquée derrière des voiles de pudeur, de douleur, ou d’indifférence; encore faut-il que l’on désire passionnément écarter ces voiles” Amin Maalouf
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