C’est un président controversé qui a été élu, hier. Asif Ali Zardari a passé onze ans de sa vie en prison, notamment pour corruption. Ses pratiques douteuses lui avaient valu le surnom de "Monsieur 10%".
Élu par les parlementaires. Asif Ali Zardari, 53 ans, a été élu, ce samedi, par les parlementaires pakistanais et les quatre assemblées provinciales, avec plus de 70 % des suffrages. « À ceux qui seraient tentés de dire que notre présidence est controversée, je les invite à écouter la voix de la démocratie », a-t-il déclaré, entouré de ses deux filles. Cette élection se tenait vingt jours après la démission du chef de l’État Pervez Musharraf, poussé vers la sortie par la nouvelle coalition au pouvoir (issue des législatives de février) emmenée par le Parti du Peuple Pakistanais (PPP). Ce mouvement est dirigé par Zardari depuis l’assassinat, le 27 décembre 2007, dans un attentat-suicide de Benazir Bhutto, alors leader de l’opposition.
Une réputation sulfureuse. Le nom de Zardari fut si longtemps le symbole de la corruption quand son épouse Benazir Bhutto dirigeait le pays qu’il est toujours surnommé "Monsieur 10 %". Certes, il a été blanchi d’une partie de ces accusations en 2004, après onze ans de prison, et par une amnistie en 2007. Mais Zardari traîne toujours une réputation sulfureuse et n’aurait jamais pu accéder à la présidence, selon les politologues, si son épouse n’avait été assassinée.
Des doutes pour diriger le pays. Les éditorialistes de ce pays de 168 millions d’habitants s’alarment déjà des « effets néfastes » de la désignation d’une personnalité si controversée, au moment où le pays est au bord de la banqueroute, avec une inflation record. Et où les combattants islamistes semblent gagner du terrain. L’armée a perdu, depuis 2002, plus d’un millier de soldats dans des combats avec les islamistes. Le mandat de président donne théoriquement le pouvoir de dissoudre le Parlement, de démettre le gouvernement et de nommer des responsables aux postes-clés de l’État et de l’armée. Certains Pakistanais pensent que Zardari a fait preuve d’une grande force d’âme et de caractère pendant sa longue détention.
Élection sur fond de violence. Un attentat à la voiture piégée a fait, hier, au moins 16 morts et plus de 80 blessés à un poste militaire dans un marché. La vague d’attentats-suicide qui meurtrit le pays a fait près de 1 200 morts en un peu plus d’un an. Hier, les États-Unis ont félicité Asif Ali Zardari, se disant impatient de collaborer avec lui, notamment en matière de lutte contre le terrorisme.
(c) Ouest-France.fr
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