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Pour les Américains, tout est donnant-donnant

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    Pour les Américains, tout est donnant-donnant
    par Ghania Oukazi

    Le moment choisi par la secrétaire d'Etat américaine pour visiter les pays du Maghreb n'est pas fortuit. Il intervient dans une atmosphère de guerre froide entre Washington et Moscou.

    Programmée depuis longtemps par le département d'Etat américain, la visite de Condoleezza Rice dans la région du Maghreb nécessitait au préalable une préparation assez particulière du point de vue temps. Il fallait qu'elle se fasse en même temps et en un temps record dans les quatre pays de la région, l'Algérie, le Maroc, la Tunisie et la Libye. «J'espère qu'elle aura le temps et l'occasion de venir en Algérie. Je sais qu'elle voudrait le faire mais pour l'instant, son programme est très chargé, surtout avec les efforts de faire avancer la question palestinienne », nous avait précisé Robert Ford, l'ambassadeur américain à Alger en juin dernier avant son départ à Baghdad. Ce temps, elle l'a eu. Après Tripoli et Tunis, elle a fait Alger et Rabat. A quelques particularités près, le message qu'elle glisserait dans l'oreille des dirigeants de la région devrait être d'une même teneur en raison de la vision géostratégique que se fait l'administration américaine du Maghreb. « Les programmes et les projets américains qui soutiennent les efforts de réformes dans ce but continuent en Algérie et dans tous les pays de la région », avait déclaré Ford en juin dernier à propos du projet du Grand Moyen-Orient (GMO) élaboré par les soins des Etats-Unis et qui est « plus que jamais à l'ordre du jour ». Il affirme même que «le programme avec les barreaux américain et algérien est pour donner un coup de pouce aux réformes dans le système judiciaire. Ça vient du même compte bancaire utilisé pour le GMO ».

    C'est indéniablement ce qui cadre cette vision géostratégique que se fait Washington et dans laquelle elle inclut la région Maghreb et plus, l'Afrique. D'ailleurs, l'idée américaine sur le redéploiement de la zone est très claire. Condoleezza Rice parlera certainement du Sahara Occidental avec Bouteflika et Mohammed VI. Elle viendrait réaffirmer la position américaine bien tranchée sur la question. « Vous savez que nous, Américains, sommes pragmatiques et qu'un Etat indépendant pour les Sahraouis n'est pas pour demain », nous a déclaré Ford en juin dernier. Ils n'ont pas peur de le dire et de le faire savoir. « Les Américains sont contre l'indépendance des Sahraouis, nous soutenons les réfugiés à Tindouf. On dépense chaque année quelques millions de dollars pour une assistance par le biais des Nations unies », disent leurs politiques. Ils justifient leur position par le fait qu'un Etat indépendant coûte cher et interrogent leurs diplomates: « Vous voulez qu'on donne de l'argent aux Sahraouis pour le construire ? Et pensez-vous qu'une fois indépendants, ils seront capables de protéger et sécuriser leur zone et leurs frontières ? ».

    Leur réponse ne se fait pas attendre. Elle est liée à leur refus de voir un Etat sahraoui indépendant s'installer dans la région. Ils prennent le soin de dicter la manière par laquelle viendrait la résolution du conflit entre Sahraouis et Marocains. « Un plan d'autonomie réglera les problèmes des populations. Le Polisario et les Marocains doivent discuter d'une vision d'une autonomie. Nous pensons qu'il faut essayer de le faire avec un esprit pragmatique et toujours sous la tutelle des Nations unies, » nous avait dit Robert Ford, dont les services actuellement en Irak sont très appréciés par Rice.

    Lorsqu'il a accepté de rejoindre Baghdad le 26 juin dernier, après y avoir séjourné à la fin des années 90, Ford se serait vu encouragé par la secrétaire d'Etat par un simple « vous êtes un bon soldat !».



    Le GMO à l'ordre du jour



    Entre le GMO, le conflit sahraoui et la lutte contre le terrorisme, la visite de Rice au Maghreb en cette période précise pourrait avoir comme arrière-pensée la menace russe d'un hégémonisme américain désastreux sur le monde. Depuis le problème de l'Ossétie du Sud et l'attaque par la Géorgie, il y a comme une guerre froide entre Moscou et Washington qui ne dit pas son nom. Y aurait-il une relation de cause à effet entre une telle atmosphère et la visite de Rice au Maghreb ? Un haut responsable de la Présidence de la République nous a répondu hier par une phrase simple: « C'est une idée qui vient à l'esprit après la gesticulation de la 6e Flotte ».

    Reste et complète ce schéma la question de la sécurisation des frontières des pays de la région, qui figure en bonne position dans la politique américaine et certainement dans l'agenda de Rice. Les visées américaines à ce sujet ont déjà été exprimées à travers leur idée d'ériger un commandement pour le continent : l'Africom. En juin dernier, Alger avait reçu la visite du sous-secrétaire adjoint des Affaires africaines pour discuter sur la situation sécuritaire au Sahel. « Le Mali, la Mauritanie, le Niger doivent être capables de contrôler leurs frontières, d'arrêter la contrebande », avait dit l'ex-ambassadeur américain en Algérie. Ford avait fait savoir dernièrement que les Etats-Unis soutiennent l'Algérie dans le règlement du contentieux dans le nord du Mali. « C'est très important pour nous », avait-il précisé. Et l'Africom ne signifie pas, selon lui, forcément bases américaines dans la région. « Nous n'avons pas demandé de bases, ni en Algérie ni au Mali. L'Africom évolue au rythme des discussions avec les Africains et au besoin », a indiqué Ford. Il a ajouté que « le rôle de l'Africom n'est pas une présence américaine dans la région mais de renforcer les capacités des pays à sécuriser leurs frontières, leur intérêt à arrêter le trafic d'armes, de drogue».

    L'on estime de sources diplomatiques à cet effet que l'Algérie a ses particularités, celle prédominante du terrorisme qui continue d'agir. « C'est le pays qui a des noms de personnes, de groupes et de réseaux en activité. Les Américains ont besoin de cette expérience pour l'inscrire dans leur fichier sur la lutte antiterroriste », nous dit un diplomate. Ces dernières années, Washington a toujours reconnu qu'elle collabore bien avec Alger dans ce domaine. Le renseignement est le premier moyen de collaboration entre les deux pays. Au-delà de cette coopération que Washington se targue d'avoir instituée avec Alger, les Américains n'ont eu de cesse de proposer à l'Algérie une aide matérielle pour la lutte antiterroriste. Robert Ford l'avait souligné avant son départ à Baghdad.

    « Ce n'est plus le terrorisme des années 90 aujourd'hui, l'évolution, c'est qu'il y a des attentats suicides, Al-Qaïda, les messages terroristes par Internet », avait-il souligné. Il fait savoir que « le gouvernement algérien est notre allié dans les efforts internationaux de démantèlement des réseaux de groupes terroristes ». Pour lui, « Al-Qaïda dans le Maghreb islamique est vraiment liée à Al-Qaïda en Irak et celle du sud de l'Asie ». Il évoque pour le besoin « les jeunes Algériens qui partent en Irak par Al-Qaïda Bilad Errafiden ».

    Les Américains sont disposés à livrer à l'Algérie « des équipements sophistiqués » pour la surveillance des frontières, « comme ceux déployés par exemple aux frontières entre l'Irak et la Syrie ». Ford avait dit en juin que «les rapports bilatéraux militaires avancent. Lentement, nous ne sommes pas pressés, pas à pas».

    Mais, a-t-il indiqué, « nous sommes prêts à recevoir, à considérer et à discuter avec nos amis algériens des ventes d'armes. Il y a des lois pour cela qu'il faut respecter. Nous sommes vraiment disponibles s'il y a une demande algérienne». C'est ce nous a affirmé il y a à peine une semaine une source proche du département d'Etat US. « Pour peu que l'Algérie nous en fasse une demande, nous sommes prêts à lui fournir des équipements sophistiqués pour la surveillance de ses frontières », nous a-t-il été dit.

    Les Américains ont aussi leur mot à dire sur le phénomène des harraga. En juin dernier, Ford l'avait formulé autrement. « Nous voulons aider les pays du Maghreb et du Moyen-Orient à intégrer les jeunes dans l'économie mondiale, à leur donner espoir (...). C'est tout à fait jouable », voit-il. Ford a tout fait pour que les programmes américains soient distillés au niveau des écoles et universités algériennes.

    Il a déployé en outre de grands efforts pour initier des programmes de formation pour les magistrats et autres personnels du secteur de la justice. C'est, disent les stratèges américains, la meilleure manière de corriger l'image repoussante de l'Amérique- gendarme et de (re)conquérir le monde.

    Les Américains aiment aussi investir le monde de la finance. «C'est la première fois qu'un attaché du Trésor américain est à Alger et travaille directement avec la Banque d'Algérie et le ministère des Finances sur le contrôle des banques », nous avait dit Ford. Il en était venu à parler du climat des affaires en Algérie qui, avait-il affirmé, « n'est pas meilleur, soyons honnêtes. Le gouvernement le sait ». Et l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, pourquoi c'est bloqué ?, lui avons-nous demandé. « Ce n'est pas une question de négociation mais celle de l'Algérie de venir aux normes qui sont acceptées par tous les pays membres », a souligné l'ex-ambassadeur. Il estime que «l'Algérie doit jouer par exemple le jeu du respect des brevets dans le domaine pharmaceutique. Et vous savez que les Etats-Unis ont mis l'Algérie sur la liste des pays qui ne respectent pas les normes phytosanitaires». Tous ces points évoqués en juin dernier par Ford pourraient être résumés par Rice aux autorités algériennes « en termes génériques, concis et précis ». Pour les Américains, « tout est donnant-donnant », disent les diplomates.

    le quotidien d'oran

  • #2
    «l'Algérie doit jouer par exemple le jeu du respect des brevets dans le domaine pharmaceutique. Et vous savez que les Etats-Unis ont mis l'Algérie sur la liste des pays qui ne respectent pas les normes phytosanitaires»
    l'ex ambassadeur ne va pas avec le dos de la cuillère concernant les "maux" de l'algérie. Ce n'est pas comme nos frères arabes ou ceux de la rive nord qui manient la langue de bois. Chapeau bas à l'ambassadeur, en plus il s'exprime en arabe mieux que certains de nos ministres.

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