Par Karim Boukhari
Enquête.
Ferveur et hypocrisie. Au nom de Dieu
Bouffe, sexe et religion… Entre excès et contradictions, comment les Marocains vivent le ramadan.
Elles sirotent un jus de fruits comme un fumeur peut goûter à la nicotine après un long sevrage. Avec un rare mélange de délectation et de précipitation. Les deux femmes sont sœurs, elles affichent 70 ans au compteur, on est à J – 1 de ce qu’elles appellent Sidna Ramadan, la corniche casablancaise grouille d’une foule bigarrée, ça fourmille, ça jacasse, c’est confus, le soleil n’a pas renoncé à briller même si le jour
est presque tombé, les terrasses, les trottoirs sont noirs de monde, les marcheurs sautillent dans tous les sens, les voitures klaxonnent sans raison. Le ramadan, on ne pense qu’à ça, c’est un peu la joie, la confusion, la première sœur dit à la deuxième : “Alors demain, il faut retrancher une heure, ou la rajouter, je ne sais plus. Mais on jeûnera inchallah, et on ira le voir inchallah, il illuminera la mosquée Hassan II en hommage à Dieu”. “Il”, c’est Omar Kzabri, rossignol des minarets, idole des ménagères et des cadres moyens, passé maître dans l’art de psalmodier le Coran en faisant vibrer les cœurs de son auditoire, chair de poule garantie, un imam tout simplement, le plus aimé de tout Casa et de tout le royaume. La deuxième sœur embraye : “Tu te rappelles, tu te rappelles l’année dernière quand on est allées toutes les deux l’écouter, il y avait peut-être un million de fidèles autour de nous. Ou 100 000, je n’ai jamais été forte en calcul mental !”. Le serveur rappelle aux vieilles femmes que le royaume a déjà remis ses aiguilles à l’heure GMT. “C’est une bonne chose, mon fils, même si on n’y comprend rien. De toute façon, ça ne change rien, demain c’est le ramadan”, répondent en chœur les deux sœurs. La conversation se poursuit, l’imam vedette de la mosquée Hassan II revient comme un doux refrain, rythmant les gorgées de jus de fruits, par cette belle fin d’après-midi. “On dit que son salaire lui est versé par le roi lui-même… Oui, oui, c’est bien, il est si jeune, il n’a que 35 ans, dix de moins que le plus jeune de mes fils. Ah si seulement il pouvait lui ressembler”.
Une mosquée pour un mois
Alors il est là. Le ramadan. La première journée se passe comme d’habitude. Morne le matin, agitée l’après-midi, survoltée aux alentours de l’appel à la rupture du jeûne. Balade dans les rues de la ville. Il est 16 heures, on s’arrête à l’un des supermarchés in de Racine, le quartier tendance de Casablanca. Mohamed, la quarantaine, l’air d’un cadre supérieur, gosses au lycée français, voiture dernier cri, le chien ou le chat au carnet de vaccinations bien rempli, fait ses dernières courses. Sa femme pousse le chariot, lui flâne entre les rayons et choisit les articles, le visage fermé. Le stress ? Probablement. Ce matin, pourtant, il avait envoyé des sms groupés à un très large cercle d’amis et de connaissances. “Ramadan Moubarak Wa Karim, je vous souhaite un mois plein de piété, de quiétude, de solidarité. Avec beaucoup d’amour. Signé Mohamed”. C’était le matin. Là, dans les rayons du supermarché, gagné par le stress de l’après-midi, Mohamed manque de provoquer une bagarre avec un autre client. “Sors, sors, viens dehors que l’on s’explique, si t’es un homme”. Dehors, justement, d’autres bagarres éclatent. A cause d’un stationnement qui ne plaît pas à tout le monde, d’un passant qui crache par terre, ou de rien, tout simplement. Une poignée d’hommes, jeunes et moins jeunes, arrivent en courant, armés de bâtons et de pierres. “C’est lui, lui, là, qui nous a insultés, nous et notre religion, criant Mal Dinmouk Malek à l’un de nos frères”, s’époumone l’un des guerriers. Le plus vieux de la bande, tempes grisonnantes, barbe bien fournie, apostrophe un automobiliste : “C’est toi, c’est toi, dinrabbak, qui ose insulter notre mère et notre religion”.
Ramadan jour, donc. Le jeûne. La privation. L’énervement. Pas de nicotine, pas de café, pas de sandwich au fromage ni de tartine à la confiture, pas de sexe, pas d’apéro, rien. Le temps, comme le remarque ce gardien de voitures, ou n’importe quel jeûneur, “c’est de l’élastique”. Pour meubler ce temps qui s’étire, et mieux se rapprocher de Dieu, des citoyens ont décidé de transformer le bas de leur immeuble, un hangar inoccupé, en mosquée. Le temps du ramadan, bien sûr. Cela s’appelle une mosquée pour un mois. On est toujours au quartier chic de Racine, un promoteur immobilier raconte : “Des gens sont venus m’expliquer qu’ils habitaient en face de l’une de mes résidences. Ils voulaient aménager le local d’en bas en mosquée. Je leur ai demandé l’autorisation du syndic de ma résidence, ils l’ont obtenue. Je leur ai demandé l’autorisation signée de tous les habitants, ils l’ont obtenue. Je les ai alors autorisés à transformer mon local en mosquée !”. L’un des signataires de l’autorisation, pourtant, explique : “Personnellement, je n’étais pas d’accord. Je ne voulais pas de mosquée en bas de chez moi. Mais j’ai eu peur de la réaction des autres, et puis ma femme m’a conseillé de me calmer, alors j’ai signé. Comme tout le monde !”.
Le phénomène n’est pas propre au seul quartier Racine, ni à la seule ville de Casablanca. Tendance nationale. Les espaces vides sont des mosquées potentielles, les autorisations s’arrachent comme des petits pains. “Que voulez-vous, ça reste mieux que la rue”, commente ce Casablancais bon teint, habitué au phénomène. “Devant l’impossibilité d’interdire ces mosquées temporaires, je bataille pour les empêcher d’installer des haut-parleurs”. Y parvient-il ? “Pas toujours, poursuit le téméraire. L’année dernière, ils ont eu les haut-parleurs, cette année non. Je fais le ramadan comme eux, mais je peux au moins dormir tranquille”.
Tout sauf le ramadan
19 heures, le muezzin a appelé à la rupture du jeûne. Nous sommes dans une famille moyenne, père, mère, un fils célibataire de 30 ans, une tante lointaine. Le salon est propre, tout est propre, simple, sans aucun signe de richesse. Pas d’écran LCD mais une télévision à la bosse, pas de salle à manger, on mange autour d’une petite table ronde dressée au milieu de la pièce principale, ça sent la harira, les beignets au miel, les œufs durs encore tout chauds. Malaise. La mère à son fils : “Mais mange, mon fils, mange, tu n’as pas touché à tes petits pains, ni même aux dattes”. La tante remet une couche, sous forme de clin d’oeil : “La jeunesse a besoin de sucre, c’est de l’énergie, c’est bon pour le moral”. Le père ne dit rien, alors le fils attaque un œuf avant de se servir une tasse de café et de s’isoler dans la cuisine pour fumer une cigarette. En silence. Un ange passe, la petite famille réunie dans le salon continue de manger, le claquement des verres et des cuillères est à peine couvert par le volume de la télévision. Et puis la mère brise la glace : “Notre fille qui est en France jeûne depuis hier. Là-bas, ils le font avant nous, comme en Arabie Saoudite, dans la maison de Dieu”. Pas de commentaire. Quand le fils revient de la cuisine, il a à peine le temps de prendre les clés de sa voiture et de faire un dernier coucou : “Merci pour le ftour, je retourne chez moi”. Nouveau malaise. Pourquoi ? Parce que le fils de 30 ans, qui vit seul, sans femme ni chat, ne fait pas le ramadan. Sa famille le sait mais feint le contraire. Et il s’en accommode, tout le monde s’en accommode. Le fils débarque tous les jours à l’heure exacte du ftour, parfois quelques minutes plus tard pour justifier l’odeur de tabac qui se dégage de son haleine. Il ne jeûne pas, mais c’est comme s’il jeûnait. Et on ne dit rien, pour ne pas briser le charme des retrouvailles.
Tabou, donc. “Tout sauf le ramadan” est une formule consacrée qui sonne aussi bien que “toutes sauf ma mère”. Quand on ne fait pas le ramadan, on ne le dit pas, on ne le montre pas. Par peur de représailles, par pudeur, pour éviter d’être montré du doigt ou d’être soumis au feu des questions : Pourquoi ? Comment ? Tu n’a pas peur ? Pas honte ? Tu ne respectes rien ? Tu n’aimes pas Dieu ? Et son prophète ? Et tes parents ?
Docteur, ne le dites à personne !
Le docteur T. travaille au Centre hospitalier Ibn Rochd à Casablanca. Il fait également des consultations en privé. Il vit le ramadan à sa façon, au rythme de ses consultations, en composant avec les humeurs et les exigences du large éventail de personnes qui défilent sous ses yeux. “La veille du ramadan, j’ai reçu une vieille femme accompagnée de sa fille. Elle souffre d’un ulcère en poussée aiguë, elle voulait connaître la conduite à tenir. Elle m’a littéralement dit : qu’est-ce que je dois prendre, tout en respectant le ramadan ?”. Question cruciale, qui revient en boucle dans tous les cabinets de consultation du royaume. Le docteur T. poursuit : “J’ai expliqué à la vieille femme qu’elle devait absolument prendre ses médicaments, je lui ai assuré que ni Dieu ni personne ne lui tiendrait rigueur, alors elle s’est levée pour me demander de la voir dans la salle d’à-côté, en tête-à-tête : c’est d’accord, docteur, me dit-elle, je ne fais pas le ramadan mais ne le dites surtout pas devant ma fille !”.
Enquête.
Ferveur et hypocrisie. Au nom de Dieu
Bouffe, sexe et religion… Entre excès et contradictions, comment les Marocains vivent le ramadan.
Elles sirotent un jus de fruits comme un fumeur peut goûter à la nicotine après un long sevrage. Avec un rare mélange de délectation et de précipitation. Les deux femmes sont sœurs, elles affichent 70 ans au compteur, on est à J – 1 de ce qu’elles appellent Sidna Ramadan, la corniche casablancaise grouille d’une foule bigarrée, ça fourmille, ça jacasse, c’est confus, le soleil n’a pas renoncé à briller même si le jour
est presque tombé, les terrasses, les trottoirs sont noirs de monde, les marcheurs sautillent dans tous les sens, les voitures klaxonnent sans raison. Le ramadan, on ne pense qu’à ça, c’est un peu la joie, la confusion, la première sœur dit à la deuxième : “Alors demain, il faut retrancher une heure, ou la rajouter, je ne sais plus. Mais on jeûnera inchallah, et on ira le voir inchallah, il illuminera la mosquée Hassan II en hommage à Dieu”. “Il”, c’est Omar Kzabri, rossignol des minarets, idole des ménagères et des cadres moyens, passé maître dans l’art de psalmodier le Coran en faisant vibrer les cœurs de son auditoire, chair de poule garantie, un imam tout simplement, le plus aimé de tout Casa et de tout le royaume. La deuxième sœur embraye : “Tu te rappelles, tu te rappelles l’année dernière quand on est allées toutes les deux l’écouter, il y avait peut-être un million de fidèles autour de nous. Ou 100 000, je n’ai jamais été forte en calcul mental !”. Le serveur rappelle aux vieilles femmes que le royaume a déjà remis ses aiguilles à l’heure GMT. “C’est une bonne chose, mon fils, même si on n’y comprend rien. De toute façon, ça ne change rien, demain c’est le ramadan”, répondent en chœur les deux sœurs. La conversation se poursuit, l’imam vedette de la mosquée Hassan II revient comme un doux refrain, rythmant les gorgées de jus de fruits, par cette belle fin d’après-midi. “On dit que son salaire lui est versé par le roi lui-même… Oui, oui, c’est bien, il est si jeune, il n’a que 35 ans, dix de moins que le plus jeune de mes fils. Ah si seulement il pouvait lui ressembler”.
Une mosquée pour un mois
Alors il est là. Le ramadan. La première journée se passe comme d’habitude. Morne le matin, agitée l’après-midi, survoltée aux alentours de l’appel à la rupture du jeûne. Balade dans les rues de la ville. Il est 16 heures, on s’arrête à l’un des supermarchés in de Racine, le quartier tendance de Casablanca. Mohamed, la quarantaine, l’air d’un cadre supérieur, gosses au lycée français, voiture dernier cri, le chien ou le chat au carnet de vaccinations bien rempli, fait ses dernières courses. Sa femme pousse le chariot, lui flâne entre les rayons et choisit les articles, le visage fermé. Le stress ? Probablement. Ce matin, pourtant, il avait envoyé des sms groupés à un très large cercle d’amis et de connaissances. “Ramadan Moubarak Wa Karim, je vous souhaite un mois plein de piété, de quiétude, de solidarité. Avec beaucoup d’amour. Signé Mohamed”. C’était le matin. Là, dans les rayons du supermarché, gagné par le stress de l’après-midi, Mohamed manque de provoquer une bagarre avec un autre client. “Sors, sors, viens dehors que l’on s’explique, si t’es un homme”. Dehors, justement, d’autres bagarres éclatent. A cause d’un stationnement qui ne plaît pas à tout le monde, d’un passant qui crache par terre, ou de rien, tout simplement. Une poignée d’hommes, jeunes et moins jeunes, arrivent en courant, armés de bâtons et de pierres. “C’est lui, lui, là, qui nous a insultés, nous et notre religion, criant Mal Dinmouk Malek à l’un de nos frères”, s’époumone l’un des guerriers. Le plus vieux de la bande, tempes grisonnantes, barbe bien fournie, apostrophe un automobiliste : “C’est toi, c’est toi, dinrabbak, qui ose insulter notre mère et notre religion”.
Ramadan jour, donc. Le jeûne. La privation. L’énervement. Pas de nicotine, pas de café, pas de sandwich au fromage ni de tartine à la confiture, pas de sexe, pas d’apéro, rien. Le temps, comme le remarque ce gardien de voitures, ou n’importe quel jeûneur, “c’est de l’élastique”. Pour meubler ce temps qui s’étire, et mieux se rapprocher de Dieu, des citoyens ont décidé de transformer le bas de leur immeuble, un hangar inoccupé, en mosquée. Le temps du ramadan, bien sûr. Cela s’appelle une mosquée pour un mois. On est toujours au quartier chic de Racine, un promoteur immobilier raconte : “Des gens sont venus m’expliquer qu’ils habitaient en face de l’une de mes résidences. Ils voulaient aménager le local d’en bas en mosquée. Je leur ai demandé l’autorisation du syndic de ma résidence, ils l’ont obtenue. Je leur ai demandé l’autorisation signée de tous les habitants, ils l’ont obtenue. Je les ai alors autorisés à transformer mon local en mosquée !”. L’un des signataires de l’autorisation, pourtant, explique : “Personnellement, je n’étais pas d’accord. Je ne voulais pas de mosquée en bas de chez moi. Mais j’ai eu peur de la réaction des autres, et puis ma femme m’a conseillé de me calmer, alors j’ai signé. Comme tout le monde !”.
Le phénomène n’est pas propre au seul quartier Racine, ni à la seule ville de Casablanca. Tendance nationale. Les espaces vides sont des mosquées potentielles, les autorisations s’arrachent comme des petits pains. “Que voulez-vous, ça reste mieux que la rue”, commente ce Casablancais bon teint, habitué au phénomène. “Devant l’impossibilité d’interdire ces mosquées temporaires, je bataille pour les empêcher d’installer des haut-parleurs”. Y parvient-il ? “Pas toujours, poursuit le téméraire. L’année dernière, ils ont eu les haut-parleurs, cette année non. Je fais le ramadan comme eux, mais je peux au moins dormir tranquille”.
Tout sauf le ramadan
19 heures, le muezzin a appelé à la rupture du jeûne. Nous sommes dans une famille moyenne, père, mère, un fils célibataire de 30 ans, une tante lointaine. Le salon est propre, tout est propre, simple, sans aucun signe de richesse. Pas d’écran LCD mais une télévision à la bosse, pas de salle à manger, on mange autour d’une petite table ronde dressée au milieu de la pièce principale, ça sent la harira, les beignets au miel, les œufs durs encore tout chauds. Malaise. La mère à son fils : “Mais mange, mon fils, mange, tu n’as pas touché à tes petits pains, ni même aux dattes”. La tante remet une couche, sous forme de clin d’oeil : “La jeunesse a besoin de sucre, c’est de l’énergie, c’est bon pour le moral”. Le père ne dit rien, alors le fils attaque un œuf avant de se servir une tasse de café et de s’isoler dans la cuisine pour fumer une cigarette. En silence. Un ange passe, la petite famille réunie dans le salon continue de manger, le claquement des verres et des cuillères est à peine couvert par le volume de la télévision. Et puis la mère brise la glace : “Notre fille qui est en France jeûne depuis hier. Là-bas, ils le font avant nous, comme en Arabie Saoudite, dans la maison de Dieu”. Pas de commentaire. Quand le fils revient de la cuisine, il a à peine le temps de prendre les clés de sa voiture et de faire un dernier coucou : “Merci pour le ftour, je retourne chez moi”. Nouveau malaise. Pourquoi ? Parce que le fils de 30 ans, qui vit seul, sans femme ni chat, ne fait pas le ramadan. Sa famille le sait mais feint le contraire. Et il s’en accommode, tout le monde s’en accommode. Le fils débarque tous les jours à l’heure exacte du ftour, parfois quelques minutes plus tard pour justifier l’odeur de tabac qui se dégage de son haleine. Il ne jeûne pas, mais c’est comme s’il jeûnait. Et on ne dit rien, pour ne pas briser le charme des retrouvailles.
Tabou, donc. “Tout sauf le ramadan” est une formule consacrée qui sonne aussi bien que “toutes sauf ma mère”. Quand on ne fait pas le ramadan, on ne le dit pas, on ne le montre pas. Par peur de représailles, par pudeur, pour éviter d’être montré du doigt ou d’être soumis au feu des questions : Pourquoi ? Comment ? Tu n’a pas peur ? Pas honte ? Tu ne respectes rien ? Tu n’aimes pas Dieu ? Et son prophète ? Et tes parents ?
Docteur, ne le dites à personne !
Le docteur T. travaille au Centre hospitalier Ibn Rochd à Casablanca. Il fait également des consultations en privé. Il vit le ramadan à sa façon, au rythme de ses consultations, en composant avec les humeurs et les exigences du large éventail de personnes qui défilent sous ses yeux. “La veille du ramadan, j’ai reçu une vieille femme accompagnée de sa fille. Elle souffre d’un ulcère en poussée aiguë, elle voulait connaître la conduite à tenir. Elle m’a littéralement dit : qu’est-ce que je dois prendre, tout en respectant le ramadan ?”. Question cruciale, qui revient en boucle dans tous les cabinets de consultation du royaume. Le docteur T. poursuit : “J’ai expliqué à la vieille femme qu’elle devait absolument prendre ses médicaments, je lui ai assuré que ni Dieu ni personne ne lui tiendrait rigueur, alors elle s’est levée pour me demander de la voir dans la salle d’à-côté, en tête-à-tête : c’est d’accord, docteur, me dit-elle, je ne fais pas le ramadan mais ne le dites surtout pas devant ma fille !”.
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