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La boqala à l'honneur à Milana

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  • La boqala à l'honneur à Milana

    Cette année, Khalti Fatma n’a pas failli à la règle. Elle est connue à travers tous les quartiers pour sa convivialité et l’art de recevoir ses invités, particulièrement à l’occasion du mois sacré du Ramadhan nous vous invitons ce soir pour assister à la veillée et découvrir le charme et le secret de la boqala, jeu culturel qui fait partie des traditions restées vivaces chez les anciens Milianais.

    C’est un jeu de femmes, essentiellement, qui se pratique le plus souvent pendant les veillées du mois sacré, mais aussi à l’occasion des fêtes familiales, Khalti Fatma a invité tout le voisinage : les fillettes, les adolescentes, les filles en âge de se marier, les épouses, les mères et les aïeules.

    Tout ce beau monde se retrouve dans la grande salle, autour de la meïda richement achalandée. Ensuite, la plus âgée, parfois la plus savante préside les séances. En général, c’est elle qui ouvre le jeu.

    Mais n’empêche pas à ce qu’une femme invitée dise une «boqala». Et comme tous les jeux, la boqala repose sur une technique bien simple : l’essentiel consiste dans le fait que celle qui joue le rôle du «penseur» a pour fonction de penser à quelqu’un de l’assistance ou autre. Cet acte spirituel s’accompagne d’un geste rituel : la même femme, tout en pensant à une personne, fait un nœud sur un foulard ou une ceinture en laine (hzam). Dès qu’elle est prête, elle fait signe à la «savante» sans communiquer au reste du groupe le nom de la personne à laquelle elle dédie le petit poème.

    A ce moment, toute l’assistance écoute le présage contenu dans la boqala et qui, et c’est le charme du jeu, véhicule un message ou une pensée.
    De plus, le ton la manière dont la boqala est dite sont très importants. Toutes ces femmes se rassemblent autour de la meïda, à même un tapis et se détendent.

    L’ambiance couvre toutes les invités et les petites joies de la journée et surtout celles de se rencontrer créent un climat de profonde liesse. Puis en parfaite maîtrsse de maison, Khalti Fatma, aidée par des jeunes filles habillées en tenues traditionnelles, offre les spécialités du Ramadhan : confiseries, citronnade à l’ancienne, pâte de coing, etc.

    Car la boqala, qu’on attend, qu’on dit et dédie à quelqu’un c’est d’abord surtout l’expression. Comme nous le constatons, ce jeu agréable et instructif naïf et en même temps, mystérieux épouse en quelque sorte la magie pour donner naissance à un rituel sans fond. Nous avons aussi noté que l’intelligence et une bonne mémoire sont exigées afin que le jeu donne cette impression de réalité tant convoitée par l’assistance. Avec l’introduction de la télé dans les foyers, ce jeu perdit de son ampleur. Il demeure quand même gravé dans les esprits de beaucoup de grand-mères et constitue un bel ornement dans le patrimoine des arts populaires algériens.

    Voici la première boqala qui inaugure le jeu : «Fatma, Fatoum, gloire à ton Créateur. J’ai vu le ciel étoilé et j’ai cru voir ton mollet, l’œil pleure des larmes et le cœur se languit , j’ai envoyé une bague en or autour du cou d’un pigeon : il est allé à la rue du bain et l’a embrassé (le bien-aimé), sur la joue droite et a jeûné pendant sept jours».

    La deuxième est dédiée aux jeunes filles à marier : «Toi qui pose près de ma porte, approche-toi et viens voir ; je suis vêtue d’un habit de soie, alors que ton vêtement est fait de laine. Amie, lui dit-il, l’habit peut être remplacé. Viens chez moi et je confectionnerai un «qat», revêtue d’un «chentouf».

    Par La Nouvelle République
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