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Quand un wali se bat contre l'incompétance et le laxisme des autorités locales

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  • Quand un wali se bat contre l'incompétance et le laxisme des autorités locales

    Les vieux réflexes ont la peau dure, dit-on. C’est le cas à Bouira. Petit à petit et par petites touches, le wali, Bouguerra Ali, installé au mois de mai dernier, découvre, à son corps défendant et au grand dam des Bouiris, combien la mauvaise gestion et la léthargie se sont considérablement et durablement installées dans les mentalités des responsables au niveau de la wilaya de Bouira.

    Depuis sa prise de fonction, le wali n’a de cesse de mettre à l’index les responsables qui ont une mentalité de perdant, défaitistes et fatalistes à souhait. Bref, c’est la gestion à la «Allah Ghaleb» qui règne en maître absolu au niveau de la wilaya. Lundi dernier, le wali a programmé une visite de travail sur les chantiers de réalisation du tronçon de l’autoroute Est-Ouest qui traverse la wilaya de Bouira. Ce tronçon long de 101 km a été, pour rappel, divisé en plusieurs tronçons confiés séparément à des entreprises algériennes et ou étrangères. Présentement, après la livraison du tronçon Lakhdaria-Bouira, dont le fameux tube n°1 d’Aïn-Chriki et du pont de Oued- R’kham inaugurés par le président de la République le 27 juillet dernier, sur les 101 km, il reste 10 km reliant Lakhdaria à Boumerdès, le tronçon Bechoul-El-Adjiba confié à l’entreprise italienne Todoni, et le tronçon El-Adjiba et les frontières est avec Bordj-Bou-Arréridj sur 16 km confié à une entreprise chinoise.

    Outre ces deux tronçons, il y a encore 4 km à la sortie sud de Bouira qui permettront de faire la jonction entre le tronçon Lakhdaria-Bouira et celui Bouira-El- Esnam. Lundi dernier, en cette journée caniculaire du mois de ramadan, le wali a, d’emblée, expliqué sa méthode de travail : faire le point de la situation et essayer de lever les contraintes qui bloquent le projet et ne pas attendre la venue du ministre pour parler du tout-venant ou de l’explosif, ou encore du mauvais approvisionnement en ciment spécial nécessaire pour les tunnels. Car, ce qu’il y a lieu de savoir, c’est que les responsables hiérarchiques au niveau de la wilaya étaient habitués jusque-là à travailler au pif et restaient dans les bureaux en attendant la venue du ministre pour sortir avec lui sur le terrain et identifier les problèmes.

    Lundi donc, nous avons été témoins de ce laxisme et de la fuite en avant de certains responsables locaux. Les contraintes comme l’indisponibilité en grandes quantités du ciment spécial au niveau des tunnels d’Arkoub, situé en pleine montagne de Bouzegza, ainsi qu’au niveau du tube n°2 d’Aïn Chriki ou encore l’indisponibilité du tout-venant d’oued ou TVO, soulevée par toutes les entreprises pour tous les tronçons restants, ont été invoquées. Des contraintes qui, si le wali ne s’était pas déplacé, auraient pu mettre en veilleuse le projet pour plusieurs semaines sans que les responsables locaux et même certains directeurs d’exécutif n’en trouvent à redire.

    Ainsi donc, au niveau du premier point visité, celui du tronçon reliant Lakhdaria à Khemis-El-Khechna, long de 21 km avec 9 km de tronçon autoroutier et 1 km de tunnel sur le territoire de la wilaya de Bouira et 12 km de tronçon et 700 m de tunnel sur le territoire de Boumerdès. Pour la partie Est, relevant de la wilaya de Bouira que nous avons parcourue, le chantier confié aux Chinois était en ébullition et tous les ouvrages d’art (7 viaducs et 2 passages inférieurs) étaient en cours de réalisation avec un taux d’avancement dépassant les 50 %. Au niveau du tunnel, à Arkoub, que nous pouvons longer par le CW 2 reliant la RN5 au niveau de Lakhdaria à Boudouaou en passant par Bouderbala, le wali a pu s’enquérir des conditions de travail. Sur place, les responsables chinois ont évoqué le problème de la roche sur 200 m au niveau du tunnel. Sur cette partie Est, les travaux avancent lentement : 70 m de pénétration alors que du côté Ouest, de l’autre côté du tunnel dans la partie de Boumerdès, le taux de pénétration est de 260 m. La solution à ce problème réside dans l’utilisation des explosifs.

    Pour ce faire, le wali a saisi le ministère de la Défense et celui de l’Energie et des Mines au mois de juin. Les autres services et directions au niveau de la wilaya devaient suivre pour agir vite. Ils ne l’ont pas fait. Le choix du terrain devant abriter le dépôt de ces explosifs, l’étude de sa sécurisation, sa clôture, l’expropriation du propriétaire du terrain et son indemnisation, tout cela devait se faire en coordination entre les différents directions et services. «Personne ne bouge et chacun attend l’autre. Est-ce propre à Bouira ?» ne cessait de fulminer le wali.

    Cela étant, face à ce problème, le wali a donné des instructions fermes pour que tous les responsables concernés agissent pour que l’explosif soit mis à la disposition de l’entreprise dans un délai de 10 jours. L’autre problème évoqué concerne le tout- venant d’oued nécessaire pour la couche de base du tronçon de route et le ciment spécial indisponible en grandes quantités. Là aussi, le wali rassurera l’entreprise chinoise sur l’autorisation d’extraction du sable tout- venant exceptionnellement depuis les oueds de Bouamoud et Issers, ainsi que la priorité du ciment spécial produit par ACC pour ce projet du siècle. Au niveau du tunnel Aïn Chrinki où, rappelons-le, le deuxième tube long de 1189 m est toujours en réalisation, ainsi que sur les tronçons de Bechloul–El-Adjiba et la sortie sud de Bouira confiés à l’entreprise italienne Todini, ou encore le tronçon, El-Adjiba– frontières est de Bouira confié à l’entreprise chinoise CRCC, le wali a donné des assurances en levant toutes les contraintes et en mettant à la disposition de ces entreprises de tout ce dont elles ont besoin, particulièrement le tout-venant d’oued, à extraire également pour la partie est de Bouira depuis les oueds Ziane et Sahel, ou encore, les problèmes de démolition des habitations et le déplacement des lignes électriques sur lesquelles il a été ferme.

    En somme, pendant toute la journée, le premier magistrat de la wilaya a essayé d’identifier les problèmes empêchant l’achèvement des travaux. Il a pris des décisions pour y mettre fin mais il a, en contrepartie, exhorté les entreprises à augmenter la cadence et le rythme du travail afin d’achever les travaux dans des délais raisonnables. Ainsi, pour le tronçon de 4 km situé au sud de Bouira, le wali a fixé la date du 1er novembre prochain pour sa réception. Pour le deuxième tube de Aïn Chriki, le wali a, là aussi, insisté sur le rythme de travail avec le système de 3 fois 8 afin de livrer ce tube au plus tard en janvier 2009 et ce, afin de soulager définitivement les usagers de la RN5, surtout au niveau de la ville d’Aomar, devenue le cauchemar des automobilistes se dirigeant vers Alger. Enfin, pour les tronçons situés aux limites Est et Ouest, les entreprises chinoises, qui sont à des taux d’avancement appréciables, ont promis de les livrer en totalité avant la fin 2009. Le wali a, à chacune de ses escales, expliqué que les directives et autres décisions qu’il venait de prendre seront vérifiées sur le terrain, dans un délai n’excédant pas un mois, c’est-àdire coïncidant avec la venue du ministre des Travaux publics M. Amar Ghoul, qui peut également venir à tout moment. Espérons que d’ici là, le ministre aura à parler d’autres choses que de s’occuper de ces mêmes problèmes.

    Y. Y. (Le Soir d'Algérie)

  • #2
    Petit à petit et par petites touches, le wali, Bouguerra Ali, installé au mois de mai dernier, découvre, à son corps défendant et au grand dam des Bouiris, combien la mauvaise gestion et la léthargie se sont considérablement et durablement installées dans les mentalités des responsables au niveau de la wilaya de Bouira.
    A ceux qui se demandent pourquoi l'Algérie avance lentement sur le chemin du développement et pourquoi il y a tant de blocages dans l'avancement des nombreux grands projets qui sont en cours voilà une réponse trés appropriée et véridique qui est décrite par cet excellent article sur cette situation.

    Vous pouvez remplacer Bouira par n'importe quelle wilaya ou le wali par n'importe quel haut responsable pour trouver que les tarres relevés dans l'article s'appliquent parfaitement à n'importe quelle région du pays.

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