Vienne (AWP/AFX) - Face à un pétrole tombé sous 100 dollars, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) a décidé de resserrer son offre pétrolière pour protéger ses revenus malgré la crise économique dans les pays consommateurs.
"Il semble bien que l'Opep veuille défendre le seuil de 100 dollars", a constaté Mike Wittner, analyste de la Société générale.
Les prix du brut ont chuté de 30% depuis leur record de 147,50 dollars le baril, le 11 juillet, et sont passés sous la barre symbolique des 100 dollars pendant la réunion du cartel dans la nuit de mardi à mercredi.
"Le marché chutait brutalement et j'espère qu'il va se détendre maintenant", a déclaré le secrétaire général de l'Opep Abdallah el-Badri mercredi lors d'une conférence de presse.
L'Opep a choisi de maintenir ses quotas officiels de production, qui s'élèvent à 28,8 millions de barils par jour en excluant l'Indonésie, qui quitte le cartel.
Toutefois, les membres du cartel se sont engagés à respecter leurs quotas: alors que jusqu'à présent le cartel, et notamment son chef de file, l'Arabie saoudite, pompe largement au-delà de ses objectifs officiels, cela équivaut à une baisse de production de 520'000 barils par jour, a affirmé le président de l'Opep, l'Algérien Chakib Khelil.
Cette décision a "surpris le marché, qui s'attendait à un maintien de l'offre de l'Opep à son niveau actuel", remarque Mike Wittner.
L'influent ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, avait laissé entendre en arrivant à Vienne mardi que son pays n'avait pas l'intention de réduire son offre, affirmant même que son pays avait "beaucoup travaillé" pour faire retomber les prix de leurs niveaux records de juillet.
Ryad a en effet décidé unilatéralement de doper sa production de 500'000 barils par jour en juin. Elle était évaluée pour août à 9,45 millions de barils par jour (mbj) par l'Agence de l'Energie (AIE), contre un quota de 8,94 mbj.
La décision de l'Opep ressemble donc à une victoire des "faucons" de l'Opep, l'Iran et le Venezuela, qui avaient demandé une élimination de l'excédent de production du cartel et un retour à la stricte observance des quotas.
Plusieurs autres pays, comme l'Algérie et la Libye, s'étaient joints à eux. Ces pays "ne peuvent se permettre d'avoir des prix du pétrole sous 100 dollars pour des raisons budgétaires et de politique intérieure", estime un analyste qui souhaite rester anonyme. Un avis partagé par David Kirsch, analyste du cabinet PFC Energy.
A l'inverse, les riches monarchies du Golfe peuvent se contenter d'un prix beaucoup plus bas: "Je ne pense pas que les pays du Golfe vont faire face à une crise budgétaire avec un baril à 70 dollars", remarque David Kirsch.
Les monarchies du Golfe veulent aussi éviter de mettre les économies occidentales, leurs principaux clients, sous pression au moment où ces dernières sont au bord de la récession.
Mais les "durs" du cartel craignent de voir les prix chuter si un surplus pétrolier se forme à l'heure où l'activité économique mondiale flanche.
Ils veulent éviter une répétition du scénario catastrophe de 19976-98, quand le baril était tombé jusqu'à 10 dollars dans la foulée de la crise financière asiatique.
Echaudée, l'Opep avait ainsi réduit son offre après les attentats du 11 septembre 2001.
Pour Bill Farren-Pricen, de Medley Global Advisors, Ryad n'a toutefois pas forcément perdu la partie face aux "faucons": "Il est peu probable que les Saoudiens privent leurs clients de pétrole" au moment où ces derniers sont fragilisés.
D'après lui, ils ne vont pas changer leur politique qui consiste à répondre exactement à la demande et se contenteront plutôt d'ajuster à la baisse discrètement leur production si besoin. Le mois dernier, ils ont ainsi retiré 100'000 barils par jour, constate l'AIE.
Même les opérateurs de marché restent prudents: "On ne verra probablement pas de rebond des cours jusqu'à ce que la baisse de production annoncée se matérialise par un recul des stocks, pas avant quatre semaines", estime Mark Wittner.
afx/ds
(AWP/10 septembre 2008 18h48)
"Il semble bien que l'Opep veuille défendre le seuil de 100 dollars", a constaté Mike Wittner, analyste de la Société générale.
Les prix du brut ont chuté de 30% depuis leur record de 147,50 dollars le baril, le 11 juillet, et sont passés sous la barre symbolique des 100 dollars pendant la réunion du cartel dans la nuit de mardi à mercredi.
"Le marché chutait brutalement et j'espère qu'il va se détendre maintenant", a déclaré le secrétaire général de l'Opep Abdallah el-Badri mercredi lors d'une conférence de presse.
L'Opep a choisi de maintenir ses quotas officiels de production, qui s'élèvent à 28,8 millions de barils par jour en excluant l'Indonésie, qui quitte le cartel.
Toutefois, les membres du cartel se sont engagés à respecter leurs quotas: alors que jusqu'à présent le cartel, et notamment son chef de file, l'Arabie saoudite, pompe largement au-delà de ses objectifs officiels, cela équivaut à une baisse de production de 520'000 barils par jour, a affirmé le président de l'Opep, l'Algérien Chakib Khelil.
Cette décision a "surpris le marché, qui s'attendait à un maintien de l'offre de l'Opep à son niveau actuel", remarque Mike Wittner.
L'influent ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, avait laissé entendre en arrivant à Vienne mardi que son pays n'avait pas l'intention de réduire son offre, affirmant même que son pays avait "beaucoup travaillé" pour faire retomber les prix de leurs niveaux records de juillet.
Ryad a en effet décidé unilatéralement de doper sa production de 500'000 barils par jour en juin. Elle était évaluée pour août à 9,45 millions de barils par jour (mbj) par l'Agence de l'Energie (AIE), contre un quota de 8,94 mbj.
La décision de l'Opep ressemble donc à une victoire des "faucons" de l'Opep, l'Iran et le Venezuela, qui avaient demandé une élimination de l'excédent de production du cartel et un retour à la stricte observance des quotas.
Plusieurs autres pays, comme l'Algérie et la Libye, s'étaient joints à eux. Ces pays "ne peuvent se permettre d'avoir des prix du pétrole sous 100 dollars pour des raisons budgétaires et de politique intérieure", estime un analyste qui souhaite rester anonyme. Un avis partagé par David Kirsch, analyste du cabinet PFC Energy.
A l'inverse, les riches monarchies du Golfe peuvent se contenter d'un prix beaucoup plus bas: "Je ne pense pas que les pays du Golfe vont faire face à une crise budgétaire avec un baril à 70 dollars", remarque David Kirsch.
Les monarchies du Golfe veulent aussi éviter de mettre les économies occidentales, leurs principaux clients, sous pression au moment où ces dernières sont au bord de la récession.
Mais les "durs" du cartel craignent de voir les prix chuter si un surplus pétrolier se forme à l'heure où l'activité économique mondiale flanche.
Ils veulent éviter une répétition du scénario catastrophe de 19976-98, quand le baril était tombé jusqu'à 10 dollars dans la foulée de la crise financière asiatique.
Echaudée, l'Opep avait ainsi réduit son offre après les attentats du 11 septembre 2001.
Pour Bill Farren-Pricen, de Medley Global Advisors, Ryad n'a toutefois pas forcément perdu la partie face aux "faucons": "Il est peu probable que les Saoudiens privent leurs clients de pétrole" au moment où ces derniers sont fragilisés.
D'après lui, ils ne vont pas changer leur politique qui consiste à répondre exactement à la demande et se contenteront plutôt d'ajuster à la baisse discrètement leur production si besoin. Le mois dernier, ils ont ainsi retiré 100'000 barils par jour, constate l'AIE.
Même les opérateurs de marché restent prudents: "On ne verra probablement pas de rebond des cours jusqu'à ce que la baisse de production annoncée se matérialise par un recul des stocks, pas avant quatre semaines", estime Mark Wittner.
afx/ds
(AWP/10 septembre 2008 18h48)
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