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La balance dans le vécu collectif et le Coran

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  • La balance dans le vécu collectif et le Coran

    Tout le monde connaît la fonction d’une balance, vieille invention qui a connu différentes formes et qui a subi des perfectionnements au fil des générations.

    Et curieusement, si le réveil des siècles passés, le téléphone ancien, le poste radio à secteur de grand-père, le magnétophe de la première génération et d’autres appareils ou instruments d’utilité quotidienne connaissent aujourd’hui des formes sophistiquées, la balance reste la même depuis les origines, y compris comme symbole de la justice perpétué depuis que les sociétés civilisées ont imposé des lois à respecter.

    Nous en parlons parce que tout le monde en souffre à cause des marchands qui ne se soucient nullement de la qualité des produits de consommation ni de l’exactitude de leurs pesées, surtout en ce mois de Ramadhan au cours duquel ils ne cherchent que l’enrichissement. A titre d’illustration, rappelons le cas de cet homme à qui le boucher du marché a pesé un kilo cinq cents grammes de viande alors qu’il lui avait fait payer deux kilos.

    La balance dans les anecdotes populaires

    D’après les plus vieux, la balance n’a été introduite sur les places des marchés d’antan que tardivement, début de la 2e moitié du 20e siècle.

    Jadis, racontaient les anciens, les gens s’approvisionnaient en majorité au marché où les marchands n’utilisaient pas la balance.

    Ils vendaient à l’estime : viande, légumes, fruits. On se servait des mesures de capacité pour connaître la quantité des céréales à vendre et dont on avait fixé le prix à l’unité.

    Ce qui nous intéresse le plus, c’est la manière qu’avaient les bouchers d’écouler leurs marchandises. La bête qu’ils abattaient était coupée en morceaux de viande et d’abats. Ils en faisaient des chapelets de grosseurs différentes à l’aide d’un fil solide cueillir sur un végétal du lit de la rivière. Tous les marchés en plein air de l’époque se tenaient à proximité des oueds.

    Les chapelets bien attachés étaient étalés sur un tapis de verdure pour permettre à chaque acheteur de faire son choix. Chacun proposait un prix pour la partie qui l’intéressait et après un bref débat, la vente était conclue. La tête et les pieds de veau ou de mouton étaient cédés tels quels à des prix intéressants. Il y avait la baraka. Selon une croyance admise par tous pour avoir été vérifiée par des exemples, le boucher et le maçon malhonnêtes devaient s’attendre à de mauvais jours au soir de leur vie.

    Et que d’histoires rapporte la mémoire populaire sur le comportement et les relations marchands consommateurs au fil des générations. On refusait de donner sa fille en mariage à un boucher pour les mêmes raisons. Ce dernier était souvent considéré comme un inhumain, car il lui arrivait de vendre de la viande de vieille bête : vache, bœuf de labour, chèvre. Mais il y a aussi des clients indélicats ou méchants.

    On raconte qu’au cours d’un Ramadhan, un marchand ambulant vendait à la criée, des dattes.

    Il allait de place publique en place pub, à dos d’âne. A chaque fois qu’il avait choisi un point de vente, il posait par terre ses caisses et sa balance pour servir toute personne intéressée.

    Les dattes semblaient satisfaire, les acheteurs et au fil des jours, le marchand faisait de son mieux pour créer la confiance entre les deux parties. Mais, un jour, à peine installé sur une place très fréquentée, un homme peu commun lui demanda de lui vendre un kilo de dattes en exigeant de lui donner l’équivalent du poids d’une grosse pierre qu’il avait ramassée pour la placer sur le plateau de sa balance. «Chez nous, c’est ça notre kilo», dit-il un marchand sidéré par une telle effronterie.

    A son corps défendant, le marchand s’exécuta et aussitôt qu’il lui avait tendu le paquet de dattes, il plia bagage.

    C’était pour lui une triste expérience de la duperie qui lui avait fait retenir à ses dépens que chaque bled à son rythme métrique «koul bled âandou mizane» lui ajouta celui qui s’était fait remettre des dattes à bon prix. Quel bel exemple d’expression polysémique.

    Ce que dit le Coran à propos de la balance

    Les pratiquants, particulièrement ceux qui ont compris le Coran en le lisant attentivement savent qu’il n’y a point de pardon pour les marchands malhonnêtes qui règlent leurs balances de manière à tromper. Ils sont légion dans toutes les branches commerciales.

    Dans la sourate «Rahmane» (Le Miséricorideux), il n’y a pas de doute sur la punition à attendre proportionnellement à la gravité de la faute commise.

    «Il a établi la balance, ne fraudez pas sur le poids ; évaluez la pesée avec exactitude ; ne faussez pas la balance» (versets 8 et 9).

    La sourate El Anbiya (Les Prophètes) aborde la balance mais au sens métaphorique. Il faut appliquer la balance au comportement de l’individu qui se conforme strictement aux principes de moralité édictés par l’Islam ou par l’ordre social, ou de l’individu qui ne respecte nullement les normes ou les impératifs de conduite dans la collectivité.

    Ce qui est dit dans les versets 46 et 47 de la sourate 21 est à lire avec beaucoup de concentration tant c’est d’un grand poids sémantique : «Si un souffle du châtiment de ton Seigneur les atteignait/ils diraient certainement : «Malheur à nous ! Nous avons été injustes !». Nous poserons les balances exactes, le jour de la Résurrection/Nul homme ne sera lésé pour la plus petite chose ; serait-elle équivalent au poids d’un grain de moutarde, nous l’apporterions/Nous suffisons à faire les comptes.»

    Au fur et à mesure de nos lectures des sourates du Coran, la nature des récompenses et des punitions divines se précise. C’est comme dans la société croyante où on parle beaucoup de la malédiction de quiconque a commis des délits graves que tout le monde réprouve.

    Pour aborder les faits évoqués sous l’angle du bien et du mal, Dieu en parallèle ceux qui ont accompli des œuvres bonnes et ceux qui n’ont commis que des actions condamnables. Voici ce qui est dit dans la sourate 23 El Mouminoun (Les Croyants) : «Ceux dont les œuvres seront lourdes : voilà ceux qui seront heureux / Ceux dont les œuvres seront légère : voilà ceux qui se seront eux-mêmes perdus. Ils demeureront immortels dans la Géhenne, le feu brûlera leurs visages et leurs lèvres seront tordues.» A moins d’une erreur de compréhension, l’image de la balance évolue pour prendre le sens de justice divine appliquée à chaque individu dans le monde ici bas et l’au-delà. La balance va dans le sens du livre sur lequel sont consignées au quotidien toutes les bonnes actions et les fautes de chacun.

    Ce qui est dit la sourate «Le Délibération» est là dessus très significatif : «Dieu est celui qui fait descendre, en toute vérité le livre et la balance/Qui donc te renseignera ? L’heure est peut-être proche ! (Sourate XL II – verset).

    Et la sourate «Celle qui fracasse» ou 101, revient mais de manière allusive à la balance pour parler de justice divine irréversible : «Celui dont les œuvres seront lourdes connaîtra une vie heureuse/Celui dont les œuvres seront légères aura un abîme pour demeure.»(verset 6-9).


    - La Nouvelle Republique
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