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L’homo-islamicus est arrivé

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    L’homo-islamicus est arrivé




    Par Salim Kheyyam



    L’homo-islamicus ne fait pas de politique, il n’est donc pas un client potentiel de la police. Il n’est pas acteur, n’agit pas, n’essaie pas de changer le monde, mais se contente d’en avoir une idée toute faite : même quand on a 15 ans, les idées sont toujours arrêtées, définitives, car non susceptibles d’être discutées.




    Vu d’en surface, dans les propos de nos chefs et les écrits de nos journaux, nos gouvernants assument le fardeau d’être autoritaires pour nous éviter de tomber dans l’islamisme. Vu du ciel, ce n’est qu’une vue de l’esprit. L’islamisme, c’est de la politique, son interdiction est aisée. Il suffit de bannir des organisations politiques islamistes - frères musulmans en Egypte, Fis en Algérie - ou de les gaver si ouvertement qu’elles ne valent plus rien. Bannir les uns tout en gavant les autres, cela suppose un bannissement plus large des libertés. C’est ce qui arrive. Quand les islamistes sont renvoyés dans les limbes, les laïcs enfermés dans les salons – on les prierait même de remercier l’aubaine qui fait qu’ils ne sont pas tenus de se compter en urne libre – et la politique réduite à l’exercice physique de l’applaudissement ou de l’acclamation, la paix règne. C’est une simple affaire de police et de contrôle du champ politique. Mais cette paix qui nous épargne l’islamisme politique, les désagréments d’un discours laïc et les tartines sur les droits de l’homme et les libertés, ce meilleur des mondes a un prix : l’homo-islamicus. Ne posez-vous pas la question s’il existe, cherchez plutôt pourquoi il existe. La réponse vous l’avez déjà lue, juste là, c’est la faute à la paix, celle qui fait le vide, qui refuse la mémoire au point de punir les contrevenants (relisez l’article 46 de l’ordonnance sur la paix et la réconciliation), qui refuse l’expérience pratique et la confrontation ouverte des idées. L’homo-islamicus ne fait pas de politique, il n’est donc pas un client potentiel de la police. Il n’est pas acteur, n’agit pas, n’essaie pas de changer le monde, mais se contente d’en avoir une idée toute faite : même quand on a 15 ans, les idées sont toujours arrêtées, définitives, car non susceptibles d’être discutées. L’homo-islamicus peut même être cultivé et en connaître, grâce à Internet, un rayon sur la tectonique des plaques et les causes « scientifiques » des tremblements de terre. Sauvé ? N’allez pas trop vite en besogne.


    Un méchoui danois


    L’homo-islamicus sait séparer les choses et faire en sorte qu’un savoir scientifique ne doit pas troubler la foi du charbonnier. Il pourra vous débiter les explications des scientifiques qui vous paraissent si probantes et considérer que ces mêmes scientifiques sont débiles. Pourquoi ? Parce qu’ils n’ont pas compris que même cette mécanique obéit à quelque chose de supérieur, celle qui fait que les séismes sont des sanctions des sociétés en perdition qui laissent les femmes faire ce que bon leur semble. Et ne vous avisez surtout pas de leur répondre que ces méchants Danois, qui nous la refont encore ces temps-ci, ne connaissent pas de ces séismes qui ont tendance à se répéter surtout dans les pays où habitent de braves homo-islamicus. Ne vous avisez surtout pas, car ils ont la réponse : si le bon Dieu n’envoie pas un séisme radical aux Danois, c’est qu’Il les a condamnés définitivement, sans possibilité de rédemption. Il faut qu’ils vivent longtemps pour accumuler les méfaits qui serviront de combustibles en enfer… où il y aura un grand méchoui danois. Mais attention, l’homo-islamicus ne se battra pas avec vous en cas d’insistance de votre part ; il ne va pas attirer l’attention de la police, il vous saluera et continuera son bonhomme de chemin. Au fond de lui-même, il aura pitié de vous qui n’avez pas compris et vous aurez pitié de vous-même de découvrir que tout est fait pour que l’homo-islamicus gagne du terrain. On dit que l’imam Malek, lors d’un voyage à la Mecque, avait été questionné par un pèlerin sur une chose de la religion et que le sage bonhomme lui a répondu par une question : de quel pays tu viens ? Lorsqu’il eut la réponse, il lui dit d’aller trouver un savant de son pays, c’est lui qui a la bonne réponse. Que comprendre de cela ? Que les gens du coin savent mieux ce qu’il faut pour les gens du coin. Mais quand le coin est un lieu d’interdit où les gens ne discutent pas, il n’est plus un coin mais une abstraction.


    L’abstraction du coin

    C’est ce qui arrive : l’Egypte, le Maroc, la Tunisie, l’Algérie… ne sont plus que des abstractions où personne ne demande rien à personne. C’est ainsi que l’homo-islamicus n’est pas un individu qui pense, mais un individu qui consomme ce dont il a besoin sur le satellite et sur Internet. Là, personne n’a les scrupules si rationnels de l’imam Malek : si tu veux une fatwa tu la trouves, si elle ne te plaît pas, cherche encore, tu finiras pas trouver celle qui te convient. Si tu veux une rokia et si le rebouteux du coin est trop occupé, branche-toi sur la chaîne qu’il faut : un homme fait des rokias en live. L’homo-islamicus est en train de naître de la disparition des scènes nationales, celles de la pensée ou de la politique ou des arts - au profit de la scène virtuelle. Nous devenons, à notre corps défendant, des homo-islamicus, « chargés » par le ciel et l’Internet. Ne croyez pas vous en sortir en éteignant la télévision et en cassant votre ordinateur… Vous allez vite découvrir le vide qui a été créé pour que la paix soit imposée et vous finirez par vous dire qu’être homo-islamicus est peut-être mieux que rien, mieux que le néant. La solution est peut-être là où l’on n’y pense pas : décharger nos pauvres dirigeants de la corvée d’être autoritaires pour nous éviter de tomber dans l’islamisme tout en nous menant à l’homo-islamicus. Et pour vous démoraliser davantage, sachez que les « think tank » blanchâtres planchent déjà sur les conséquences politiques de l’homo-islamicus qui déferle d’Agadir et Djakarta et se préparent à l’arrivée des nouvelles élites du mundus islamicus.



    Source : esprit-bavard



    Si tu as beaucoup de richesses, donne ton bien.
    Si tu possèdes peu, donne ton coeur!
    Charif Barzouk

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