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Nucléaire civil : la France veut rapidement un accord avec Inde

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  • Nucléaire civil : la France veut rapidement un accord avec Inde

    Cet accord pourrait être signé lors de la visite en France du Premier ministre Manmohan Singh, les deux derniers jours de septembre.

    (Challenges)

    La secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac, a expliqué, mardi 16 septembre, que la France espérait signer "dès que possible" son accord sur le nucléaire civil avec l'Inde.
    "Nous discutons avec le gouvernement indien d'une date précise" pour la signature de cet accord, a-t-elle déclaré, deux semaines avant la visite en France, les 29 et 30 septembre, du Premier ministre indien, Manmohan Singh, pour un sommet Inde-Union européenne à Marseille et des entretiens à Paris.
    Le 6 septembre à Vienne, le Groupe des 45 pays fournisseurs nucléaires (NSG), qui contrôle l'exportation de ces technologies dans le monde, a validé un pacte identique entre New Delhi et Washington, datant de 2005, permettant aux Etats-Unis de vendre à l'Inde des réacteurs nucléaires ou du combustible à usage civil. Le Congrès américain doit ratifier cet accord ce mois-ci.
    Ce que vous faites de bien et de mal, vous le faites à vous
    Mahomet

  • #2
    INDE • Un accord nucléaire irréfléchi et dangereux

    Grâce à un accord conclu avec Washington, l'Inde a accédé au statut de puissance nucléaire officielle. C'est un précédent dangereux pour la prolifération, l'environnement et le développement de l'Inde, mais une bonne nouvelle pour les milieux d'affaires, regrette l'essayiste Mira Kamdar.

    Alors que le monde entier ne parlait que de la Géorgie, des Jeux olympiques et de Sarah Palin, un événement d'une importance capitale est passé pratiquement inaperçu. L'Inde et les Etats-Unis, aidés de grands groupes disposant de moyens considérables, ont, lentement mais sûrement, fait adopter un nouvel accord nucléaire extrêmement dangereux et lucratif, l'accord nucléaire civil indo-américain [signé en 2006 et qui devrait être prochainement ratifié par les Etats-Unis].

    Les deux gouvernements ont travaillé d'arrache-pied pour obtenir [le 6 septembre dernier] le feu vert des quarante-cinq pays du Groupe des fournisseurs nucléaires, qui régit le commerce mondial d'équipements nucléaires, et le faire ratifier par le Congrès [américain] avant la fin de sa session.

    Selon le Premier ministre Indien, Manmohan Singh, cet accord permettra à son pays, qui a refusé de signer le traité de non-prolifération nucléaire (TNP) tout comme le traité d'interdiction complète des essais nucléaires, de prendre "la place qui lui revient dans le concert des nations". Je comprends tout à fait le désir de reconnaissance et de respect de l'Inde moderne, démocratique et mondialisée, et je sais bien que ses besoins énergétiques sont énormes. Mais cet accord irréfléchi et dangereux n'est pas le meilleur moyen de les obtenir. La démocratie indienne a déjà payé un lourd tribut, et c'est désormais la planète qui va payer les conséquences.

    Cet accord historique va permettre aux équipementiers du nucléaire américain de pouvoir à nouveau faire des affaires avec l'Inde, ce qui leur était interdit depuis 1974, date à laquelle New Delhi a fait ses premiers essais nucléaires (l'Inde a recommencé des essais en 1998, conduisant le Pakistan à lui emboîter le pas quelques jours plus tard). Cet accord va également mettre fin aux restrictions sur les ventes de technologies et de matières premières nucléaires à l'Inde par les autres pays, et ce sans la moindre contrepartie indienne.

    Cet accord aura des conséquences dramatiques sur cette communauté internationale que l'Inde est si pressée de rejoindre. Tout d'abord, il risque de déclencher une nouvelle course à l'armement en Asie : un Pakistan vexé et instable cherchera à tout prix la parité nucléaire avec l'Inde, et la Chine enrage déjà de cette machination américaine, manifestement destinée à contrebalancer sa montée en puissance en renforçant son voisin indien. Cet accord va saper les efforts planétaires pour endiguer la diffusion des équipements nucléaires et va encourager les autres pays à faire fi du TNP, l'Inde étant aujourd'hui d'une certaine manière récompensée d'avoir refusé de le signer.

    Ensuite, des milliards de dollars indispensables au développement de l'Inde et qui devraient être affectés à l'agriculture durable, à l'éducation, à la santé, au logement, à l'assainissement et à la voirie vont être engloutis par le nucléaire. Cet accord empêchera également l'Inde de développer des sources d'énergie propres, éolienne et solaire par exemple, et de réduire les émissions de gaz carbonique produites par ses nombreuses centrales au charbon. Au lieu de cela, le pays va se concentrer sur une seule source d'énergie qui, selon les estimations les plus optimistes, couvrira seulement 8 % des besoins du pays – et encore, pas avant 2030.

    Alors, quel est vraiment l'intérêt de cet engagement ? Il va surtout permettre aux membres de la chambre de commerce américano-indienne et de la confédération de l'industrie indienne d'engranger des milliards de dollars dans des contrats juteux. Washington espère qu'il permettra de ressusciter une industrie nucléaire américaine moribonde et d'étendre l'utilisation de cette source d'énergie "non polluante", l'un des piliers de la politique énergétique de Bush. Cet accord permettra également aux véritables acteurs de l'industrie nucléaire mondiale – la France et la Russie, toutes deux très enthousiastes et déjà prêtes à signer des contrats – de faire des profits faramineux en Inde. Quant aux plus grosses entreprises indiennes, avides de s'octroyer leur part du butin, leurs espoirs de profit sont spectaculaires. A combien s'élèvera ce butin ? Le Washington Post estime à plus de 100 milliards de dollars les transactions commerciales de ces vingt prochaines années, et à des dizaines de milliers le nombre des emplois qui seront créés en Inde et aux Etats-Unis.

    Voilà tout l'intérêt de cet accord entre les Etats-Unis et l'Inde : troquer la sécurité de la planète, garantie par la non-prolifération nucléaire, contre des espèces sonnantes et trébuchantes. Et tant pis si l'apocalypse vient en prime.

    Mira Kamdar
    The Washington Post
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    Mahomet

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