Cadeau d'aïd sonnant et trébuchant : Les députés triplent leurs salaires.
C'est officiel : dans le Journal officiel, les indemnités des députés triplent pratiquement avec effet rétroactif à janvier 2008.
Le cadeau de l'Aïd offert aux députés est daté du 1er jour du Ramadhan. Il se trouve dans l'ordonnance 08-03 du 1er septembre 2008 qui modifie la loi 01-01 du 31 janvier 2001 relative au membre du parlement.
Le cadeau est substantiel. L'article modifié (le 19) dispose désormais que le «montant de l'indemnité de base mensuelle du membre du parlement est fixé selon le point indiciaire 15.505 soumis, aux impositions légales».
Un véritable saut puisque le point indiciaire était de 5.438. Traduit en monnaie sonnante et trébuchante, cela signifie que le salaire de base du simple député va dépasser les 230.000 dinars. Le tout adossé à un rappel depuis janvier 2008. Mais attention on ne parle que de salaires de base. Si l'on ajoute les primes en tout genre que le député de base perçoit, les salaires dépasseront largement les 300.000 dinars. Le pactole est encore plus important pour les chefs de groupes parlementaires et les présidents de commissions dont le seul salaire de base pourrait dépasser les 270.000 dinars.
C'est clair, qu'au regard du peu de travail effectué par les députés, cela est très cher payé et que la députation restera une sinécure qui attirera toujours les candidatures. D'autant plus que le fonctionnement du système fonctionne sur une mise en vacance politique du parlement depuis que les députés ne peuvent plus -comme le veut la loi organique de 1999- débattre du programme du gouvernement, le critiquer et éventuellement le censurer.
En décrétant que la fonction de «chef de gouvernement» était indésirable, le chef de l'Etat a pratiquement mis au chômage politique la représentation nationale. Il ne lui reste plus que ce rôle fonctionnel, assumé sans état d'âme malgré quelque semblant d'animation ponctuelle, d'adoption des lois.
Conformes au cliché
L'image des députés qui lèvent la main a été transformée en cliché. Mais elle est bien ancrée au sein de l'opinion qui ne comprend pas les raisons de telles largesses.
Les plus cyniques l'abordent sous l'angle de la satisfaction de l'employeur (le pouvoir) qui rétribue généreusement des employés (les députés) accomplissant sans rechigner les tâches qui leur sont confiées.
Le problème est qu'en théorie les employeurs des députés, ce sont les électeurs. Combien connaissent-ils le nom de «leur» député; on peut parier qu'ils ne sont guère nombreux.
Dans un fonctionnement politique où les élus ont le sentiment qu'ils ont des comptes à rendre à leurs électeurs, les députés trimeraient réellement pour leur salaire. Ils doivent non seulement suivre le travail de contrôle de l'exécutif et du suivi des projets de loi, mais aussi être en contact direct avec les électeurs.
Cela aurait nécessité l'ouverture d'une permanence au niveau de la circonscription et éventuellement le recrutement d'un ou deux assistants parlementaires.
Dans une telle optique, 300.000 dinars seraient effectivement insuffisants. Le problème est que le député algérien d'aujourd'hui ne fait rien de tout cela. Combien sont-ils ceux qui ont ouvert une permanence? Et qu'on ne vienne pas dire que la kasma du coin ou la section de X parti sert de «permanence».
Un citoyen qui cherche à rencontrer un député ne doit pas être forcé d'aller vers un parti. Bref, le député ressemble totalement à la caricature du «regda ouat manji». Son salaire est trop par rapport à ce qu'il fait réellement.
Le Quotidien d'Oran
Le 18 Septembre 2008.
C'est officiel : dans le Journal officiel, les indemnités des députés triplent pratiquement avec effet rétroactif à janvier 2008.
Le cadeau de l'Aïd offert aux députés est daté du 1er jour du Ramadhan. Il se trouve dans l'ordonnance 08-03 du 1er septembre 2008 qui modifie la loi 01-01 du 31 janvier 2001 relative au membre du parlement.
Le cadeau est substantiel. L'article modifié (le 19) dispose désormais que le «montant de l'indemnité de base mensuelle du membre du parlement est fixé selon le point indiciaire 15.505 soumis, aux impositions légales».
Un véritable saut puisque le point indiciaire était de 5.438. Traduit en monnaie sonnante et trébuchante, cela signifie que le salaire de base du simple député va dépasser les 230.000 dinars. Le tout adossé à un rappel depuis janvier 2008. Mais attention on ne parle que de salaires de base. Si l'on ajoute les primes en tout genre que le député de base perçoit, les salaires dépasseront largement les 300.000 dinars. Le pactole est encore plus important pour les chefs de groupes parlementaires et les présidents de commissions dont le seul salaire de base pourrait dépasser les 270.000 dinars.
C'est clair, qu'au regard du peu de travail effectué par les députés, cela est très cher payé et que la députation restera une sinécure qui attirera toujours les candidatures. D'autant plus que le fonctionnement du système fonctionne sur une mise en vacance politique du parlement depuis que les députés ne peuvent plus -comme le veut la loi organique de 1999- débattre du programme du gouvernement, le critiquer et éventuellement le censurer.
En décrétant que la fonction de «chef de gouvernement» était indésirable, le chef de l'Etat a pratiquement mis au chômage politique la représentation nationale. Il ne lui reste plus que ce rôle fonctionnel, assumé sans état d'âme malgré quelque semblant d'animation ponctuelle, d'adoption des lois.
Conformes au cliché
L'image des députés qui lèvent la main a été transformée en cliché. Mais elle est bien ancrée au sein de l'opinion qui ne comprend pas les raisons de telles largesses.
Les plus cyniques l'abordent sous l'angle de la satisfaction de l'employeur (le pouvoir) qui rétribue généreusement des employés (les députés) accomplissant sans rechigner les tâches qui leur sont confiées.
Le problème est qu'en théorie les employeurs des députés, ce sont les électeurs. Combien connaissent-ils le nom de «leur» député; on peut parier qu'ils ne sont guère nombreux.
Dans un fonctionnement politique où les élus ont le sentiment qu'ils ont des comptes à rendre à leurs électeurs, les députés trimeraient réellement pour leur salaire. Ils doivent non seulement suivre le travail de contrôle de l'exécutif et du suivi des projets de loi, mais aussi être en contact direct avec les électeurs.
Cela aurait nécessité l'ouverture d'une permanence au niveau de la circonscription et éventuellement le recrutement d'un ou deux assistants parlementaires.
Dans une telle optique, 300.000 dinars seraient effectivement insuffisants. Le problème est que le député algérien d'aujourd'hui ne fait rien de tout cela. Combien sont-ils ceux qui ont ouvert une permanence? Et qu'on ne vienne pas dire que la kasma du coin ou la section de X parti sert de «permanence».
Un citoyen qui cherche à rencontrer un député ne doit pas être forcé d'aller vers un parti. Bref, le député ressemble totalement à la caricature du «regda ouat manji». Son salaire est trop par rapport à ce qu'il fait réellement.
Le Quotidien d'Oran
Le 18 Septembre 2008.
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