Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Un coton transgénique protège les cultures conventionnelles

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Un coton transgénique protège les cultures conventionnelles

    Souvent diabolisées en France, les plantes transgéniques n'en ont pas moins des effets bénéfiques, parfois inattendus. C'est de Chine que vient une bonne nouvelle pour les partisans de ces biotechnologies : l'utilisation intensive du coton Bt, qui produit une toxine ciblant la chenille du papillon Helicoverpa armigera, s'y traduit aussi par la suppression progressive de cet insecte nuisible dans les cultures conventionnelles avoisinantes.

    Ce phénomène est décrit par des chercheurs chinois dans la revue Science du vendredi 19 septembre. Jian Zhou Zhao (Institut de protection des plantes, Pékin) et ses collègues ont étudié la dynamique des populations de H. armigera en Chine, entre 1992 et 2007. Ils ont constaté que la diminution des pullulations du papillon et de ses larves dans les cultures classiques correspondait à l'introduction du coton transgénique, à partir de 1997.

    Leurs données portent sur six provinces du nord du pays, où sont cultivés 3 des 3,8 millions d'hectares de coton Bt chinois. Cette culture transgénique y est conduite en parallèle avec celle de 22 millions d'hectares de maïs, de cacahuètes, de soja et de légumes, dont H. armigera se délecte.

    En Chine, le climat permet en principe au papillon de se reproduire quatre fois par an, passant d'une culture à l'autre au fil des saisons. Le coton est généralement la première plante sur laquelle il pond ses oeufs. Or les larves qui éclosent dans les champs Bt sont presque toutes tuées par la toxine. La parcelle de coton génétiquement modifié constitue donc une sorte de "nasse" pour l'insecte, écrivent les chercheurs chinois.

    Le coton Bt serait-il donc la panacée ? M. Zhao, s'il travaille désormais chez Pioneer Hi-Bred, un producteur de semences transgéniques, ne va pas jusqu'à l'affirmer. "La diminution des épandages d'insecticides à large spectre sur le coton Bt a favorisé la progression de punaises", constatent même les chercheurs.

    Ces insectes ont pris le relais de H. armigera et "sont récemment devenus les nuisibles clés pour le coton en Chine". Ces opportunistes sont insensibles aux toxines produites par les plantes transgéniques actuelles. Les épandages d'insecticides pourraient donc reprendre de plus belle.

    Chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), Michel Fok souligne que dans les parcelles de coton Bt, ces épandages n'ont jamais totalement cessé, y compris pour lutter contre H. armigera. En effet, certaines variétés hybrides locales Bt ne permettent pas l'éradication systématique de l'insecte.

    Et les paysans chinois, mal formés, ont tendance à se prémunir en traitant leur champ par précaution, alors qu'ils ont déjà payé un surcoût en achetant des semences transgéniques, "ce qui remet en question la rentabilité de ce mode de production", note Michel Fok. "Une autre question fondamentale est de savoir si la forte réduction de la pression de H. armigera justifie encore l'utilisation du coton Bt", conclut malicieusement le chercheur français.

    Par le Monde
Chargement...
X