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Algérie : Pourquoi les expatriés ne paniquent pas

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    Pourquoi les expatriés ne paniquent pas ALGÉRIE - 31 août 2008 - par FARID ALILAT

    Jeune afrique

    Malgré les menaces d’Al-Qaïda, qui appelle ses affidés à « chasser » les Européens du Maghreb, et la récente vague d’attentats terroristes, les ressortissants étrangers refusent pour la plupart de se « bunkériser » ou, a fortiori, de partir.

    « Il ne faut pas croire que nous vivons dans un climat de psychose. Vu de Paris, Alger ressemble à Bagdad. L’Algérie serait à feu et à sang. Mais vu d’ici, la situation est sensiblement différente. Malgré les menaces et les attentats, nous, les étrangers, vivons presque comme tous les Algériens. » Professeur de français au lycée international Alexandre-Dumas, à Alger, Delphine, 29 ans, fait partie de ces 23 000 expatriés de 105 nationalités différentes qui vivent et travaillent en Algérie. Originaire du nord de la France, cette mère de deux enfants a décidé, il y a deux ans, de rejoindre son mari, cadre dans une société de télécommunications installée à Zéralda, à une trentaine de kilomètres à l’ouest d’Alger. Coup de folie ? Envie de sensations fortes ? Impératif familial ? Peu importe la raison qui a poussé Delphine à venir en Algérie. Aujourd’hui, elle s’y sent bien. « Je redoutais le pays en raison du climat de terreur qui y a régné ces quinze dernières années, reconnaît-elle. Mais une fois sur place, j’ai fini par m’y plaire. On peut y vivre dans une relative tranquillité, à condition, bien sûr, de respecter les consignes de sécurité. »

    Attaques suicides, assassinats ciblés, attentats à la bombe ou à la voiture piégée… D’innombrables menaces pèsent sur les ambassades et les consulats étrangers, et sur les intérêts occidentaux. Alors que le pays est engagé dans un gigantesque programme de modernisation de ses infrastructures et que les hommes d’affaires y affluent, la sécurité des expatriés, des entreprises et des chancelleries est l’une des préoccupations majeures des autorités locales comme des gouvernements étrangers. Si l’Algérie a retrouvé une certaine stabilité, le terrorisme continue, hélas, d’y faire des victimes. Certes, le nombre d’étrangers pris pour cible au cours des trois dernières années est inférieur à celui enregistré durant les années noires - entre septembre 1993 et la fin de 1994, 71 étrangers, dont 22 Français, avaient été tués -, mais la menace n’en reste pas moins réelle. Et d’autant plus sérieuse que, le 20 septembre 2007, le numéro deux d’Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, a appelé ses affidés à « nettoyer le Maghreb islamique des fils de France et d’Espagne ».

    Dès le lendemain, le 21 septembre, deux Français et un Italien étaient blessés lors de l’attaque du convoi de la firme de BTP Razel, qui opère sur les chantiers de la Société nationale de transport ferroviaire (SNTF) dans la région de Lakhdaria. Le 11 décembre, un double attentat suicide soufflait les sièges du Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) et du Conseil constitutionnel, à Alger, causant la mort de 41 personnes, dont 17 fonctionnaires onusiens. Le 22 février, c’était au tour d’un couple de touristes autrichiens d’être kidnappés par Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), à la frontière algéro-tunisienne. Ils sont encore entre les mains de leurs ravisseurs, quelque part dans le désert. Le 8 juin dernier, un attentat a coûté la vie à Pierre Nowacki, un ingénieur de 57 ans, employé par l’entreprise Razel. Enfin, le 20 août, douze employés algériens du groupe canadien SNC-Lavallin ont été tués au cours d’une attaque kamikaze à Bouira… Autant d’événements qui ont fait monter la tension dans les chancelleries, les états-majors des firmes étrangères et chez les expatriés.
    Faut-il pour autant céder au chantage des groupes islamistes et quitter le pays - au risque de laisser les terroristes crier victoire ? Sujet sensible, relevant du secret défense dans certains de ses aspects, la sécurité des entreprises et des ressortissants étrangers vivant en Algérie n’est pas une mince affaire. D’autant que le risque varie selon les communautés et les régions.

    Indéniablement les plus nombreux en Algérie - ils seraient 19 000 -, les Chinois sont surtout présents dans le secteur du BTP, sur les chantiers lancés aux quatre coins du pays. Confinés pour la plupart dans des baraquements installés sur leurs lieux de travail, ils ne s’aventurent guère dans le pays. Même s’il n’est pas rare de les croiser dans les centres-ville ou dans certains quartiers d’Alger et de sa périphérie, où quelques-uns ont ouvert de petits commerces. « Jusqu’à présent, les Chinois sont épargnés par les terroristes, estime un journaliste algérien. Discrets, effacés, ils ont appris à se fondre dans la population. Mais il n’en est pas de même pour les autres communautés. »

    Les autres, Américains, Français, Italiens et Espagnols, constituent les cibles privilégiées d’AQMI. Installés principalement dans les zones pétrolifères du Sud (Ouargla, Hassi Messaoud, Aïn Amenas), les Américains, qui représentent 3 % de la population étrangère, travaillent et résident dans des bases de vie ultraprotégées. Pour filtrer l’accès à ce poumon de l’Algérie, les autorités ont même instauré des sauf-conduits pour les non-travailleurs. À l’intérieur de ces compounds, des bunkers cernés par des miradors et gardés jour et nuit par des vigiles lourdement armés, on vit à l’heure américaine. Piscines, bars, restaurants, centres de remise en forme, on se croirait au Texas. « Les compagnies ont mis à la disposition de leurs employés des vols spéciaux ralliant directement le Sud algérien à partir de Londres ou Paris », confie un visiteur des lieux. De telles facilités mettent à l’abri des attaques terroristes, ce qui n’est guère le cas pour ceux qui travaillent dans les régions du Nord, particulièrement dans l’axe Alger-Jijel, en passant par Boumerdès et les montagnes de Kabylie. C’est précisément dans ces contrées où sévissent encore les groupes armés que se concentrent la plupart des grands chantiers lancés à coups de milliards de dollars par les autorités. Métro et tramway de la capitale, chemin de fer, réseau électrique, barrage hydraulique, routes et tronçons de la grande autoroute est-ouest… Autant de projets sur lesquels travaillent des milliers d’expatriés, qui exigent une protection particulière et une vigilance de tout instant. « Ces chantiers posent un double handicap, explique Pierre Montoro, directeur de Geos, société spécialisée dans la gestion des risques. Non seulement ces sites sont mobiles, mais ils se trouvent dans des zones infestées de terroristes. Leur sécurisation nécessite donc le déploiement de plusieurs centaines de militaires, de gendarmes, de policiers et de gardes communaux. »

    Depuis les attaques kamikazes qui ont visé le 11 avril 2007 le Palais du gouvernement et deux commissariats, à Alger, une première du genre, le gouvernement s’est empressé de mettre en place un dispositif draconien pour sécuriser la capitale et protéger les sites des compagnies étrangères. Barrages omniprésents, chicanes, contrôles et fouilles au corps, caméras de surveillance, barrières métalliques et blocs de béton, la capitale est littéralement quadrillée et les édifices publics placés sous étroite surveillance. Les chancelleries ne sont pas en reste. L’ambassade américaine, par exemple, n’a rien à envier à celle de Bagdad tant elle s’apparente à un bunker. Avant d’y accéder, il faut subir de multiples fouilles et franchir divers portiques de sécurité. Les téléphones portables munis d’appareil photo sont strictement interdits dans l’enceinte de l’ambassade.

    Si les entreprises et les ambassades ont mis en place des dispositifs de sécurité, qu’en est-il des ingénieurs, enseignants, cadres et autres chefs d’entreprise ? Tous sont priés de se conformer à une série de mesures préconisées par leurs chancelleries. L’ambassade ainsi que les trois consulats de France en Algérie mettent régulièrement à jour leurs recommandations aux quelque 30 000 Français, dont 600 sont de souche et le reste a la double nationalité, qui travaillent à Alger, Oran, Constantine ou Annaba. Ainsi, les déplacements dans le quart nord-est du pays (Kabylie, Massif des Aurès, extrême Nord-Est), fiefs d’AQMI, sont fortement déconseillés. En ville, les ressortissants étrangers sont priés de demeurer dans les quartiers centraux et résidentiels et d’éviter les quartiers périphériques, dits « chauds ». En revanche, les déplacements répétés à horaire et itinéraire constants doivent être soigneusement évités. Enfin, il est recommandé « d’adopter une attitude discrète et conforme aux usages, règles et coutumes habituellement en vigueur dans les pays musulmans ». Confidentialité oblige, au consulat français d’Alger, on refuse d’en dire davantage. « Les recommandations en matière de sécurité sont celles que l’on donne à tous nos ressortissants qui se trouvent dans les zones sensibles de la planète, affirme un responsable sous le couvert de l’anonymat. Ceux qui s’y conforment y vivent normalement. »


    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

  • #2
    Suite
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    Oui, mais peut-on vraiment travailler et vivre normalement en Algérie quand on est détenteur d’un passeport étranger ? Si le personnel diplomatique est désormais tenu de rester à l’intérieur des ambassades et des consulats - à une époque très récente, les diplomates sortaient fréquemment en ville et sans escorte -, l’expatrié lambda n’est pas concerné par ces mesures de confinement. En raison des liens historiques entre la France et l’Algérie, en raison encore des menaces qui leur sont adressées en particulier, on pourrait croire que les Français d’Algérie vivent retranchés dans des villas étroitement surveillées, qu’ils sont coupés de la population locale et qu’ils ne circulent qu’à bord de voitures blindées et sous escorte. La réalité est tout autre. « On ne ressent pas la pression des attentats, affirme Frédéric, patron d’une PME spécialisée dans l’agroalimentaire. À vrai dire, on ne palpe pas la menace au quotidien. Le jour où survient un attentant, on flippe, on angoisse, on a même envie de rentrer en France, mais une fois le choc passé, la vie reprend ses droits. Il ne faut pas croire que nous vivons dans des compounds, comme en Irak ou en Arabie saoudite. »

    Dîners dans les restaurants branchés, sorties dans les bars, les boîtes et les cabarets huppés, virées sur les plages du littoral, balades en ville, shopping dans les grands centres urbains, courses dans les marchés populaires, les étrangers refusent de se « bunkériser ». Directeur d’une agence de communication, Point Pixel Communication, Franck Freyssinet, 39 ans, célibataire originaire de Lyon, ne regrette pas sa venue en Algérie. C’était en 2004. « J’étais parti pour trois jours, mais je m’y suis tellement plu que j’y suis encore », confie-t-il. Prestataire de services pour des entreprises et des institutions algériennes et européennes (Alstom, Altadis, Les Pages Maghreb et autres ambassades occidentales), la petite entreprise de Franck, dont le siège est situé dans un quartier populaire d’Alger, prospère. L’année dernière, son chiffre d’affaires avoisinait 500 000 euros. De quoi ne pas céder à la panique. « La situation sécuritaire ne me rebute pas, explique Franck. Il y a des endroits au monde nettement plus dangereux qu’ici. Je serais embêté si je devais quitter ce pays. » Ni gardes du corps, ni véhicules blindés, ni armes, ni gilets pare-balles, Franck et ses amis se rendent au travail à bord de leurs voitures particulières, dînent en ville, invitent et se font inviter chez des connaissances algériennes et effectuent même des séjours dans les montagnes de Kabylie ou dans le désert. « Les endroits dangereux sont connus et facilement identifiables, tient-il à préciser. Il suffit de ne pas les fréquenter. De toute façon, on ne peut pas mettre un gendarme, un policier ou un militaire derrière chaque étranger. Avec un minimum de précautions, on peut vivre comme le reste des Algériens. »


    « Great minds discuss ideas; average minds, events; small minds, people. » Eleanor ROOSEVELT

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    • #3
      Je connais beaucoup d amis cadres marocains dans des multinationales basés au Maroc,et il preferent de loin l Algerie sur les autres pays maghrebins pour s expatrier.

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      • #4
        les expatries ont compris le jeu trouble des medias a salire un beau pays.
        If you want to go fast go alone, if you want to go far go together....
        You have to have a dream so you can get up in the morning....

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        • #5
          Algérie : Pourquoi les expatriés ne paniquent pas
          Parce que sur les Dollars qu'ils touchent chaque mois, il y a écrit "in God we trust"
          Kindness is the only language that the deaf can hear and the blind can see - Mark Twain

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          • #6
            Parce que sur les Dollars qu'ils touchent chaque mois, il y a écrit "in God we trust"
            Aussi simple que ça.
            La mauvaise langue n'est jamais à court d'inventions !

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