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Un trader français à Londres : "J'ai dû perdre environ deux millions de dollars"

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  • Un trader français à Londres : "J'ai dû perdre environ deux millions de dollars"

    Au sein de son desk, personne ne se fait tellement d'illusions. Malgré le plan de sauvetage des marchés financiers décidé vendredi 19 septembre par l'Etat américain, "beaucoup d'entre nous seront virés dans les six mois", admet-il. Trader français depuis dix ans, basé à Londres, Alex (il souhaite garder l'anonymat "pour ne pas achever, dit-il, de se griller sur le marché"), sait déjà son métier menacé. Sous contrat avec l'une des plus grandes banques d'investissement américaine, il a vécu "un remake d'Armageddon", soupire-t-il, et passé la semaine "dans une atmosphère survoltée, à fermer en catastrophe (ses) positions pour tenter de limiter les pertes sur un marché d'une volatilité absolue."

    Autant dire que l'annonce du plan de sauvetage par les autorités américaines a été accueillie avec un immense soulagement. Mais Alex sait déjà, comme tous ceux qui l'entourent, que la crise financière est d'une si grande ampleur que la plupart de ceux qu'il côtoie chaque jour, disparaîtront dans la tourmente. "J'ai débuté il y a dix ans à Hongkong, raconte-t-il, et j'ai vécu, déjà, le grand krach boursier asiatique de 1998. Nous étions 120 traders à mon arrivée. Dix-huit mois après la crise, seuls 12 d'entre nous avaient conservé leur job." Il imagine donc aisément la suite. "Pour l'instant, les banques ont besoin de leurs traders pour limiter au plus vite leurs pertes, explique-t-il. Mais le plan de sauvetage américain s'accompagnera forcément de nouvelles règles de régulation et d'un recentrage des banques sur des activités moins risquées. Et dans trois mois, nous verrons arriver sur nous la grande phase de dépression. Les stars du trading découvriront soudain que leur fortune a fondu et que les banques ne veulent plus d'eux."


    "LE SYSTÈME ÉTAIT DEVENU FOU"


    Polytechnicien, Alex fait partie d'un petit groupe de dix traders, parmi les 300 que compte sa banque sur le marché financier londonien. Sept nationalités, deux Français, un Brésilien, un Indien, un Suisse, un Russe, un Polonais, trois Anglais. Tous trentenaires. Tous fous de la capitale anglaise où beaucoup ont acheté des appartements somptueux, des voitures de luxe, et côtoient une myriade d'artistes conscients du pouvoir d'achat de ces seigneurs de la Bourse.

    Leur star, jusqu'ici ? Le trader français Benoît Savoret, numéro deux de Lehman Brothers, aujourd'hui déchu. Leur règle jusque-là ? Gagner d'énormes bonus en pariant sur des positions risquées sur les marchés. "Aucun de mes anciens copains de l'X, aujourd'hui patrons dans l'industrie automobile ne pouvait, comme moi, gagner en quelques années de quoi s'acheter un appartement dans une grande capitale et une maison au bord de la mer", reconnaît Alex.

    Et puis le système s'est emballé. "Il y a deux ans, on prenait des risques insensés sur tout, assure-t-il. Lorsque je faisais remarquer à mon patron "les Etats-Unis, ça pue : trop d'endettement", je me faisais engueuler : "Mais il y a la Chine ! Vas-y, double ta taille ! Et si tu hésites, on en prendra un autre que toi !"", raconte-t-il.

    En une semaine, tout s'est effondré. Quarante pour cent de sa rémunération étant payé en actions, Alex a vite calculé la chute de son propre capital : "J'ai dû perdre environ deux millions de dollars, soit la moitié de ce que j'avais potentiellement gagné en trois ans." Mercredi, lorsque les marchés ont craint les faillites en cascade après la déroute de Lehman Brothers, il a téléphoné à sa mère à Paris pour lui conseiller de répartir son argent dans plusieurs banques. Aujourd'hui, pourtant, il ne peut s'empêcher de souffler : "Quelque part, cette crise me réconcilie moralement avec le métier... Le système était devenu fou. On ne savait plus nous-même mesurer la réalité de ce que l'on avait gagné..."

    Raphaëlle Bacqué (Le Monde)

  • #2
    Et puis le système s'est emballé. "Il y a deux ans, on prenait des risques insensés sur tout, assure-t-il. Lorsque je faisais remarquer à mon patron "les Etats-Unis, ça pue : trop d'endettement", je me faisais engueuler : "Mais il y a la Chine ! Vas-y, double ta taille ! Et si tu hésites, on en prendra un autre que toi !"", raconte-t-il.
    Voilà l'état d'ésprit et les pratiques de ceux qui agissent et gèrent la finance mondiale !

    No comment !

    Et la politique américaine actuelle ne fait que conforter ces truands financiers dans leur dérives.

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