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"Nous ne sommes qu'à quelques jours de l'effondrement de notre système financier"

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  • "Nous ne sommes qu'à quelques jours de l'effondrement de notre système financier"

    J-46 : McCain et Obama au bord de la Grande Dépression

    C'est désormais officiel : les Etats-Unis n'ont plus que quelques jours pour éviter de basculer dans une nouvelle Grande Dépression. Et l'administration Bush se prépare à lancer l'intervention la plus vaste de l'État fédéral dans le domaine économique depuis le "New Deal" de Franklin D.Roosevelt. Du coup, à J-46 de la présidentielle du 4 novembre, c'est à peine si on parle encore des deux candidats à la Maison-Blanche, Obama et McCain. Ceux-ci continuent à s'invectiver, impuissants, car ils sont sur le banc de touche, pendant que les véritables acteurs de la partie se démènent sur le terrain. Mais pour les deux postulants, il importe plus que jamais d'avoir au moins l'air présidentiel face à la crise. Et pour l'heure, Barack Obama semble plus à l'aise dans ce rôle que John McCain. Il est vrai que le candidat républicain ne pouvait craindre pire poisse à quelques semaines du scrutin. La crise l'oblige à batailler sur un terrain qui n'est vraiment pas le sien, et en plus à la tête d'un mouvement conservateur profondément désorienté et divisé.

    "Nous ne sommes qu'à quelques jours de l'effondrement complet de notre système financier"

    a avoué vendredi matin le sénateur démocrate du Connecticut Chris Dodd, qui préside la commission des Banques au Sénat, rendant compte sombrement sur ABC de ce que le secrétaire au Trésor Henry Paulson et le président de la Réserve Fédérale Ben Bernanke avaient expliqué jeudi soir aux dirigeants du Congrès lors d'une réunion de crise au Capitole. Ce diagnostic alarmant a été confirmé quelques heures plus tard par le président Bush, qui est apparu dans le jardin de la Maison-Blanche flanqué de Paulson et Bernanke pour informer ses compatriotes que "l'économie américaine est confrontée à une crise sans précédent, à laquelle nous devons réagir par des mesures sans précédent. Nous sommes à un moment crucial". Le président, jadis fervent partisan de la dérégulation et de la diminution du rôle de l'État, a justifié la préparation d'un plan global d'intervention en expliquant qu' "étant donné l'état précaire des marchés financiers et leur importance vitale pour le quotidien des Américains, l'intervention du gouvernement est non seulement justifiée, mais impérative".

    Un sauvetage de 1000 milliards de dollars

    Bush s'est efforcé de conjurer le risque d'une panique générale et d'une ruée sur les banques en affirmant que "tout Américain doit être convaincu que le gouvernement fédéral garantit tous les comptes de dépôt et d'épargne à concurrence de 100 000 dollars". Il a évidemment esquivé sa responsabilité dans la catastrophe qui menace en indiquant que "nous aurons le temps de débattre des origines de ce problème, pour le moment il faut le résoudre". Selon le sénateur républicain de l'Alabama, Richard Shelby, le coût de l'opération de sauvetage des banques et institutions financières devrait s'élever au chiffre astronomique de 1000 milliards de dollars, l'équivalent de deux années de guerre en Irak et Afghanistan. Les détails du plan que l'administration doit présenter d'ici le week-end au Congrès pour que ce dernier se prononce et l'adopte avant la fin de sa session le 26 septembre ne sont pas connus. Mais il incluera toute une panoplie de mesures destinées à soulager les banques et institutions financières de leurs avoirs insolvables en les transférant au budget de l'État, ainsi probablement que des subventions de plusieurs dizaines de milliards à l'industrie automobile, les Big Three de Detroit (GM, Chevrolet, Chrysler) ainsi que des aides à l'emploi et aux propriétaires incapables de rembourser leurs prêts immobiliers et menacés d'expulsion de leur logement.

    Il s'agit en fait de transformer, au moins provisoirement, l'État fédéral en État-Providence déployant un filet de sécurité pour sauver la mise des financiers, investisseurs, entrepreneurs et actionnaires menacés de faillite ou de ruine en réglant les dettes qu'ils ne sont plus en mesure de payer. Ce brusque virage vers une forme de socialisme (qui évidemment ne dit pas son nom) suscite un début de fronde chez les Républicains fidèles à l'idéologie ultra-libérale qui était le credo conservateur jusqu'ici. Certains représentants et sénateurs craignent une réaction d'une partie de l'électorat populaire contre ce qui peut en effet apparaitre comme une bouée de sauvetage lancée aux nantis. La droite américaine est profondément divisée par la politique pragmatique mise en oeuvre par Paulson et Bernanke, entérinée par Bush, et soutenue pour le moment par les dirigeants démocrates du Congrès, le sénateur Harry Reid et la Speaker de la Chambre, Nancy Pelosi.

    Obama plus à l'aise que McCain face à ce "11 septembre de l'économie"

    Obama en profite évidemment pour presser son avantage. La crise est devenue une sorte d'examen de passage pour les deux candidats. Bien qu'ils n'aient aucune prise sur les évènements qu'ils sont condamnés à suivre depuis leur banc de touche, ils doivent projeter l'image d'un dirigeant à même de gérer ce "11 septembre de l'économie" (formule de l'ex chef de cabinet de Clinton, Leon Panetta). Obama a donc fait savoir qu'il avait organisé vendredi une réunion avec ses conseillers économiques, un aéropage de gros calibres de l'économie parmi lesquels l'homme le plus riche des Etats-Unis, le financier Warren Buffett, l'ex-président de la Réserve Fédérale Paul Volcker, les ex-secrétaires au Trésor Robert Rubin, Lawrence Summers et Paul O'Neill, Laura Tyson (ex-présidente du Conseil Économique sous Clinton) et même le maire (indépendant) de New York Michael Bloomberg.

    Pour le candidat démocrate, la crise est le résultat prévisible d' "années d'une philosophie dominante à Washington et Wall Street qui rejettait tout contrôle et toute régulation de bon sens des marchés comme inutiles et nuisibles"ce qui a permis "aux PDG et cadres de faire n'importe quoi, aux lobbyistes d'obtenir tout ce qu'ils voulaient, et aux politiciens des deux bords de regarder ailleurs jusqu'à ce qu'il soit trop tard...". Il convient donc de "virer toute cette bande qui à Washington prétendent que la prospérité coule naturellement des riches vers les autres, que chacun doit se débrouiller tout seul, et qu'il ne faut pas mettre son nez dans les affaires (des spéculateurs). Les Démocrates pilonnent McCain en reprenant sa formule malheureuse sur les "fondamentaux de l'économie qui sont solides", dont ils veulent faire la réplique du "Mission accomplie" par lequel Bush avait prématurément clamé victoire en Irak en 2003.

    John McCain n'a guère d'autre riposte que d'attaquer Obama en l'accusant de "se réjouir de la crise dont il cherche à profiter politiquement", de s'en prendre à Bush et à ses collaborateurs pour tenter de s'en distinguer aux yeux des électeurs alors que ses adversaires l'appellent "Bush numéro trois", et de mettre en avant son expérience comme la qualité indispensable pour gérer le pays en temps de crise nationale, qualité qui fait défaut à son rival démocrate. Il accuse celui-ci de ne rien proposer sinon, comme le dit la publicité télévisée qu'il a commencé à diffuser, "des mots et des impôts" ("talk and taxes"). Mais le Républicain est désormais nettement sur la défensive et il semble en train de perdre pied dans les sondages.

    Celui que vient de publier vendredi le quotidien national USA Today indique que l'économie éclipse à présent tous les autres thèmes de la campagne pour les deux tiers des électeurs, que 60% d'entre eux sont favorables à davantage de régulation économique (y compris près de la moitié des électeurs républicains) et que 29% affirment que la crise les incite à voter Obama, contre 23% qui se tournent plutôt vers McCain.

    Et à la "bourse" des prédictions politiques du site Intrade , considéré comme un assez bon prédicteur des résultats par le passé, 51.4% des transactions vendredi se faisaient sur l'action "Obama gagnant", contre 47.8% pour le "McCain gagnant"....Mais il faut bien sûr se méfier de la bourse. Vendredi, Wall Street a été pris d'une nouvelle poussée d'exubérance irrationnelle après la confirmation que la cavalerie, sous la forme de l'État, venait à sa rescousse, et a gagné de nouveau 3%. Les boursicoteurs veulent oublier que le plan de sauvetage doit être encore entériné par le Congrès, et que, comme Bush lui-même l'a reconnu "il comporte des risques".

    Le Point
    Dernière modification par mendz, 20 septembre 2008, 18h16.
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