Amar Azouaoui vient d’éditer chez «El Amel» un livre remarquable sur le colonel Mohand Oulhad,j Mohand Oulhadj face aux crises internes. Dans cet entretien, il revient sur la personnalité du colonel, l’opération «Jumelles», sur les crises internes de l’ALN...
L’Expression: Comment est née l’idée d’écrire ce livre sur le colonel Mohand Oulhadj?Amar Azouaoui: D’abord le peu d’attention accordée à l’écriture de l’histoire sur la vie au maquis par les organismes concernés et le manque d’efficacité dans la démarche. Pratiquement, rien n’est sérieusement organisé pour être conservé et exploité. Le peu qui a été fait durant les premières années n’apparaît plus. Quelques musées annexes, régionaux tentent aujourd’hui de sauver la situation, mais malheureusement presque tous les moudjahidine (officiers et djounoud) de l’intérieur, qui ont vécu la guerre de très près, les armes à la main, ne sont plus de ce monde et la plupart n’ont pas trouvé de cadre approprié au moment voulu pour écrire leurs mémoires. Les quelques écrits disponibles émanent pratiquement d’artisans français qui étaient seuls sur le terrain à l’aise pour déformer la réalité, influencés par les données négatives et inappropriées de l’armée française.
Ce qui m’a motivé à écrire ce livre, c’est aussi la situation anarchique et spéculative qui exige le témoignage de tout Moudjahid encore en mesure de le faire. Par ailleurs, les propos que m’a tenus le défunt colonel Si Mohand Oulhadj lors de notre première rencontre à mon arrivée au PC de wilaya, n’ont pas quitté ma mémoire, je cite: «Je suis fier d’avoir un jeune comme toi à mes côtés - tu rapporteras fidèlement aux jeunes de ton âge les hauts faits de notre révolution et les sacrifices de leurs aînés.» Ces propos me rappellent ce devoir de mémoire sacré envers les nouvelles générations et sans hésiter, malgré mon handicap, je me suis mis à écrire le peu de souvenirs que je garde encore dans ma mémoire. Le colonel Si Mohand Oulhadj est une grande figure de l’histoire, il a été le chef de la Wilaya III durant les 4 années de braise, il a su déjouer toutes les manoeuvres de l’ennemi et a su faire survivre la Wilaya 3 devant le rouleau compresseur que fut l’opération «Jumelles», il ne mérite pas l’oubli profond. Il devra constituer un repère historique pour les générations futures.
Dans votre ouvrage, vous revenez sur un épisode important de la guerre d’Algérie, à savoir l’opération «Jumelles». Est-ce que vous pouvez nous en parler?A la mort d’Amirouche, une grande offensive était en préparation par l’armée française. Vers juillet 1959, plus de 60.000 soldats ont été déployés vers la seule Wilaya III afin de ratisser systématiquement l’ensemble des monts et montagnes (appuyés par les services de renseignements du 2e bureau) pour éradiquer totalement l’ALN par des combats continus et des poursuites à vue quotidiennes jusqu’à extermination. Tous les moyens terrestres, navals et aériens sont mobilisés, des hélicoptères pour déplacer les troupes pour d’éventuels encerclements sont constamment sur le qui-vive. Les heurts se succèdent et font des milliers de victimes de part et d’autre.
Parallèlement, des dispositions sont prises pour isoler l’ALN des populations (quadrillage de tous les villages avec ouverture de postes militaires avancés et contrôle des entrées et sorties par les éléments de l’autodéfense.
Ce procédé devra permettre de mettre également fin à l’organisation civile.
Le commandement de la Wilaya III réagit immédiatement et répartit les grandes unités en petits groupes commandos affectés dans les secteurs et limite les regroupements à quatre ou cinq pour éviter les combats et les poursuites à vue quotidiennes. Il enrôle tous les moussebline pour les soustraire à l’armée française dans les villages et les remplace par des femmes qui passent inaperçues pour jouer ce rôle.
Par ailleurs, le commandement de wilaya donne ordre d’infiltrer les autodéfenses par des militants de l’organisation FLN, pour faciliter le contact. Toutes ces dispositions prises se sont soldées très vite par l’enlèvement de plus de vingt (20) postes avancés par les commandos de l’ALN, d’où la récupération de lots d’armes et de munitions très importants qui soulagent quelque peu les djounouds au niveau de la wilaya.
Votre livre évoque également des diverses crises internes au sein de l’ALN. Pourquoi voulez-vous aborder ce côté délicat?
J’ai abordé cet aspect, certes délicat mais très important. Il y a le devoir de mémoire en tant que jeune acteur de l’époque que je dois accomplir, pour parer aux spéculations vis-à-vis des générations futures sur ces problèmes internes. C’est ma contribution et mon humble témoignage destiné à ces hommes avides d’écrire l’histoire sans plus tarder et sous tous ces aspects, étant convaincu bien sûr de la justesse de mes propos.
L’Expression: Comment est née l’idée d’écrire ce livre sur le colonel Mohand Oulhadj?Amar Azouaoui: D’abord le peu d’attention accordée à l’écriture de l’histoire sur la vie au maquis par les organismes concernés et le manque d’efficacité dans la démarche. Pratiquement, rien n’est sérieusement organisé pour être conservé et exploité. Le peu qui a été fait durant les premières années n’apparaît plus. Quelques musées annexes, régionaux tentent aujourd’hui de sauver la situation, mais malheureusement presque tous les moudjahidine (officiers et djounoud) de l’intérieur, qui ont vécu la guerre de très près, les armes à la main, ne sont plus de ce monde et la plupart n’ont pas trouvé de cadre approprié au moment voulu pour écrire leurs mémoires. Les quelques écrits disponibles émanent pratiquement d’artisans français qui étaient seuls sur le terrain à l’aise pour déformer la réalité, influencés par les données négatives et inappropriées de l’armée française.
Ce qui m’a motivé à écrire ce livre, c’est aussi la situation anarchique et spéculative qui exige le témoignage de tout Moudjahid encore en mesure de le faire. Par ailleurs, les propos que m’a tenus le défunt colonel Si Mohand Oulhadj lors de notre première rencontre à mon arrivée au PC de wilaya, n’ont pas quitté ma mémoire, je cite: «Je suis fier d’avoir un jeune comme toi à mes côtés - tu rapporteras fidèlement aux jeunes de ton âge les hauts faits de notre révolution et les sacrifices de leurs aînés.» Ces propos me rappellent ce devoir de mémoire sacré envers les nouvelles générations et sans hésiter, malgré mon handicap, je me suis mis à écrire le peu de souvenirs que je garde encore dans ma mémoire. Le colonel Si Mohand Oulhadj est une grande figure de l’histoire, il a été le chef de la Wilaya III durant les 4 années de braise, il a su déjouer toutes les manoeuvres de l’ennemi et a su faire survivre la Wilaya 3 devant le rouleau compresseur que fut l’opération «Jumelles», il ne mérite pas l’oubli profond. Il devra constituer un repère historique pour les générations futures.
Dans votre ouvrage, vous revenez sur un épisode important de la guerre d’Algérie, à savoir l’opération «Jumelles». Est-ce que vous pouvez nous en parler?A la mort d’Amirouche, une grande offensive était en préparation par l’armée française. Vers juillet 1959, plus de 60.000 soldats ont été déployés vers la seule Wilaya III afin de ratisser systématiquement l’ensemble des monts et montagnes (appuyés par les services de renseignements du 2e bureau) pour éradiquer totalement l’ALN par des combats continus et des poursuites à vue quotidiennes jusqu’à extermination. Tous les moyens terrestres, navals et aériens sont mobilisés, des hélicoptères pour déplacer les troupes pour d’éventuels encerclements sont constamment sur le qui-vive. Les heurts se succèdent et font des milliers de victimes de part et d’autre.
Parallèlement, des dispositions sont prises pour isoler l’ALN des populations (quadrillage de tous les villages avec ouverture de postes militaires avancés et contrôle des entrées et sorties par les éléments de l’autodéfense.
Ce procédé devra permettre de mettre également fin à l’organisation civile.
Le commandement de la Wilaya III réagit immédiatement et répartit les grandes unités en petits groupes commandos affectés dans les secteurs et limite les regroupements à quatre ou cinq pour éviter les combats et les poursuites à vue quotidiennes. Il enrôle tous les moussebline pour les soustraire à l’armée française dans les villages et les remplace par des femmes qui passent inaperçues pour jouer ce rôle.
Par ailleurs, le commandement de wilaya donne ordre d’infiltrer les autodéfenses par des militants de l’organisation FLN, pour faciliter le contact. Toutes ces dispositions prises se sont soldées très vite par l’enlèvement de plus de vingt (20) postes avancés par les commandos de l’ALN, d’où la récupération de lots d’armes et de munitions très importants qui soulagent quelque peu les djounouds au niveau de la wilaya.
Votre livre évoque également des diverses crises internes au sein de l’ALN. Pourquoi voulez-vous aborder ce côté délicat?
J’ai abordé cet aspect, certes délicat mais très important. Il y a le devoir de mémoire en tant que jeune acteur de l’époque que je dois accomplir, pour parer aux spéculations vis-à-vis des générations futures sur ces problèmes internes. C’est ma contribution et mon humble témoignage destiné à ces hommes avides d’écrire l’histoire sans plus tarder et sous tous ces aspects, étant convaincu bien sûr de la justesse de mes propos.
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