C’est en Afrique du Sud où le président en exercice Thabo Mbeki, se pliant à l’exigence de son parti, a décidé de quitter pacifiquement le pouvoir. Il s’est rendu à l’évidence de l’échec de son bilan à la fin de son mandat, notamment dans la résorption des inégalités entre Blancs et Noirs et entre riches et pauvres. Il a compris qu’il a accumulé les erreurs et surtout qu’il a fait son temps, à l’image de son prédécesseur, l’illustre Nelson Mandela. En épargnant son pays d’une guerre de succession, il consolide quelque part l’expérience démocratique sud-africaine, de loin la plus exemplaire sur le continent africain dont une des caractéristiques précisément est le foisonnement de chefs d’Etat accrochés à leur pouvoir, rarement légitimes, se succédant à eux-mêmes ou passant le témoin à leur progéniture. Pays d’une grande richesse qui promettait beaucoup au lendemain de son indépendance, le Zimbabwe, voisin de l’Afrique du Sud, a connu une évolution inverse : Robert Mugabe, son leader charismatique, n’a pas tiré la leçon du fiasco de sa politique. Au lieu de se retirer proprement, il s’est cramponné à son poste, poussant l’opposition à lui mener une guerre implacable avant de se résoudre à un douteux « partage » du pouvoir avec elle. Le Zimbabwe n’est pas près de sortir de sa régression, mais il a un atout précieux, une opposition active et combative.
Les expériences démocratiques ont presque toutes échoué en Afrique, la toute dernière en Mauritanie, où une junte militaire a destitué un chef d’Etat élu démocratiquement. Les expériences qui ont relativement réussi sur le continent se rencontrent là où il n’y a pas d’enjeux stratégiques (diamants, pétrole), au Bénin, au Mali, au Ghana... L’alternance réelle au pouvoir n’a jamais vu le jour dans beaucoup d’Etats africains, tels l’Egypte, la Tunisie, le Maroc, la Libye etc. où des systèmes politiques se sont durablement installés par la répression et la pensée unique. Le multipartisme y est banni, mais généralement il est préfabriqué de toutes pièces afin de servir de façade démocratique au régime en place qui règne par le biais d’un parti omnipotent lié généralement à des services répressifs. L’Algérie occupe une place singulière sur le continent. Un long règne sur trois décennies du parti Etat a été brutalement interrompu par une révolte populaire réprimée dans le sang. Le printemps démocratique qui l’a suivi a généré le multipartisme, une presse indépendante et des syndicats libres mais dont le système antérieur, en renaissant de ses cendres, a fini par réduire la force et la portée sans toutefois les annihiler ou les aliéner complètement. Mais ce qui a ressuscité en force de l’ex-système, c’est la tentation totalitaire qui consiste à gommer le principe démocratique le plus essentiel : l’alternance au pouvoir. Cette tentation fait fi des bilans et des désirs des populations, elle a pour seule vocation de combler l’homme le plus puissant du pays et d’en faire la source unique de la politique et de tout le reste. L’Algérie n’arrête pas d’être au milieu du gué : basculer vers le passé ou plonger dans la démocratie. Cette instabilité structurelle, elle en paye le prix fort, le sous-développement.
Par Ali Bahmane
Les expériences démocratiques ont presque toutes échoué en Afrique, la toute dernière en Mauritanie, où une junte militaire a destitué un chef d’Etat élu démocratiquement. Les expériences qui ont relativement réussi sur le continent se rencontrent là où il n’y a pas d’enjeux stratégiques (diamants, pétrole), au Bénin, au Mali, au Ghana... L’alternance réelle au pouvoir n’a jamais vu le jour dans beaucoup d’Etats africains, tels l’Egypte, la Tunisie, le Maroc, la Libye etc. où des systèmes politiques se sont durablement installés par la répression et la pensée unique. Le multipartisme y est banni, mais généralement il est préfabriqué de toutes pièces afin de servir de façade démocratique au régime en place qui règne par le biais d’un parti omnipotent lié généralement à des services répressifs. L’Algérie occupe une place singulière sur le continent. Un long règne sur trois décennies du parti Etat a été brutalement interrompu par une révolte populaire réprimée dans le sang. Le printemps démocratique qui l’a suivi a généré le multipartisme, une presse indépendante et des syndicats libres mais dont le système antérieur, en renaissant de ses cendres, a fini par réduire la force et la portée sans toutefois les annihiler ou les aliéner complètement. Mais ce qui a ressuscité en force de l’ex-système, c’est la tentation totalitaire qui consiste à gommer le principe démocratique le plus essentiel : l’alternance au pouvoir. Cette tentation fait fi des bilans et des désirs des populations, elle a pour seule vocation de combler l’homme le plus puissant du pays et d’en faire la source unique de la politique et de tout le reste. L’Algérie n’arrête pas d’être au milieu du gué : basculer vers le passé ou plonger dans la démocratie. Cette instabilité structurelle, elle en paye le prix fort, le sous-développement.
Par Ali Bahmane
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