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A quel moment passe t'on de la tristesse à la dépression?

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  • A quel moment passe t'on de la tristesse à la dépression?

    «L'épidémiologie psychiatrique est encore nouvelle en France», souligne Christine Chan Chee, de l'InVS (Institut national de veille sanitaire), qui a coordonné le dernier numéro du BEH (*) consacré à la dépression. On peut s'en étonner quand on sait que quatre millions de Français ont été ou sont victimes d'une dépression et qu'en 2020, ce devrait être la deuxième maladie la plus fréquente dans notre pays. Les Français sont les plus gros consommateurs de médicaments antidépresseurs dans le monde. Ce qui ne signifie pas forcément qu'ils soient plus «malades» que les autres… Toute la difficulté dans les études épidémiologiques, c'est de faire la part entre une tristesse «normale» qui fait partie de l'âme humaine et une vraie dépression nécessitant une surveillance et un traitement.

    Selon les deux enquêtes décortiquées dans le BEH (Baromètre santé 2005 et Anadep), entre 5 % et 8 % des Français ont déjà souffert d'épisodes dépressifs caractérisés, les formes sévères touchant respectivement de 3,2 et 2,6 %. Dans les deux enquêtes, la dépression est deux fois plus fréquente chez les femmes, favorisée par le veuvage, le divorce, le chômage, l'invalidité ou le congé maladie.

    Dans le jargon psychiatrique, on parle d'épisodes dépressifs majeurs (EDM), une expression traduite directement de l'anglais qui prête à confusion. En effet, elle ne vise pas la gravité de la pathologie, mais s'attache aux symptômes. L'épisode dépressif majeur (EDM) correspond à la survenue au cours de l'année d'une période de 15 jours de tristesse ou de perte d'intérêt toute la journée et chaque jour. Il faut encore qu'il soit accompagné d'au moins trois symptômes secondaires (variation de poids, problèmes de sommeil, fatigue inexpliquée, difficultés de concentration, pensées morbides) et d'une perturbation des activités.

    Bien sûr, il est difficile de savoir à partir de quel moment on passe de la tristesse à la vraie dépression. Il existe deux sources de critères dans la littérature internationale : le DSM, manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux rédigé par l'association américaine de psychiatrie (plus de 1 000 pages) et la Classification internationale des maladies de l'OMS (CIM-10), elle-même très inspirée du DSM.

    Guider les politiques

    Si les classifications du DSM et de l'OMS sont indispensables aux professionnels, le profane doit avant tout apprendre à faire la part des choses entre une vague tristesse et un EDM. Selon le Pr Rouillon, qui est à la fois clinicien à l'hôpital Sainte-Anne (Paris) et épistémologue, la dépression se caractérise d'abord par des symptômes durables (pendant deux à trois semaines). Elle se traduit par une vraie souffrance et pas seulement un simple vague à l'âme. Enfin, elle a un fort retentissement sur la vie du sujet, pouvant aller jusqu'au handicap.

    Tout le monde peut se trouver un jour déprimé, note le Pr Rouillon. Toutes les catégories socioprofessionnelles sont touchées. Une étude européenne récente avait montré un net décalage entre le nombre de personnes qui déclarent souffrir de symptômes dépressifs et le nombre de personnes qui consultent. Plusieurs explications sont avancées. D'abord, les maladies mentales sont encore taboues. Ensuite, elles touchent au cerveau et chacun a peur de perdre la raison. Pour finir, la psychiatrie a, chez certains, une mauvaise image et l'offre des soins est hétérogène (inégalités régionales, multiplicité des approches).

    «Il est important d'avoir des mesures fiables de la santé mentale. La différence entre les chiffres des deux études nous avait étonnés», reconnaît Christine Chan Chee. Les statisticiens de l'InVS ont donc vérifié que les écarts ne remettent pas en cause la validité des deux enquêtes. Ce type d'outil épidémiologique est indispensable pour guider les politiques de santé publique. L'InVS devrait prochainement mener des études auprès de plusieurs populations d'enfants, de personnes âgées se trouvant en maison de santé et de SDF parisiens.

    (*) «Bulletin épidémiologique hebdomadaire», 23 septembre 2008.

    Par le figaro
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