[IMG]http://www.lecourrier-d***********/photos/9.jpg[/IMG] Diplomates marocains en poste à la Haye rappelés à Rabat, licenciement d’un policier néerlandais confondu d’espionnage au profit du Makhzen et une enquête ouverte aux Pays-Bas. Entre les Pays-Bas et le Maroc les relations se tendent, le torchon brûle et l’obligation de réserve diplomatique néerlandaise risque de ne plus suffire pour masquer la gravité de la chose. Les faits d’abord. Le gouvernement des Pays-Bas commandite une enquête discrète, intra-muros, pour savoir, si oui ou non, l’ambassade du Maroc à La Haye espionnait dans des secteurs sensibles. La police et le renseignement néerlandais, dont l’efficacité et la rigueur sont partout admis, ne tardent pas à rendre leurs conclusions accablantes pour la diplomatie marocaine. Effectivement, les représentants du Makhzen n’hésitent pas à outrepasser les règles de bienséance et se sont permis, en l’occurrence, des incursions inadmissibles, en soudoyant, euros et dollars sous enveloppe à l’appui, des policiers néerlandais véreux. L’un d’eux passe rapidement aux aveux et crache le morceau. L’un des morceaux néanmoins, l’affaire suivant toujours son cours. Les choses s’accélèrent rapidement. Les députés bataves exigent des explications et somment le ministre des Affaires étrangères d’éclairer leurs lanternes. M.Verhagen, le chef de la diplomatie, ne joue pas avec le feu et informe les élus du pays que les accusations sont «très sérieuses». En langage codé, diplomatique, c’est un degré élevé dans l’échelle de la tolérance. D’où la décision prise par La Haye de rendre publics les éléments de l’accusation. Un policier néerlandais est particulièrement pisté par le contre-espionnage des Pays-Bas et ses révélations, qui, selon des grandes oreilles, ici, ne tardent pas, terrorisent dans le très haut lieu makhzénien. En prévision de la crise à venir, Rabat a rappelé deux de ses diplomates, impliqués «outrageusement» dans ce scandale. Juste après, La Haye envoie d’autres messages, durs, très durs. Le dernier déclamé par le ministre des Affaires étrangères lui-même parle de «très sale affaire». Ce qui veut dire que les Pays-Bas iront jusqu’en haut pour en savoir plus, si ce n’est tout, dans cette affaire rocambolesque. Premiers éléments distillés, sans doute volontairement par les Pays-Bas, les Marocains s’intéresseraient outrancièrement aux «programmes d’insertion» de la grande métropole portuaire, Rortterdam… Maintenant, pour plusieurs observateurs, ici à Bruxelles, La Haye a mis, depuis, le Maroc sur une liste rouge, certes discrète, néanmoins significative. Il se murmure que cela est dû au fait que les Pays-Bas ne pardonnent pas aux Marocains d’avoir entraîné, en utilisant des moyens pas propres du tout, Peter Van Walsum sur des positions déshonorantes pour l’image de marque, le prestige de la diplomatie néerlandaise. Il est, effectivement, vrai que les Pays-Bas, qui abritent plusieurs institutions du droit international (Cour de justice de La Haye, tribunal international pour «crimes contre l’Humanité…) apprécient, modérément, que l’un des leurs, en l’affaire, l’ex-envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU au Sahara Occidental, ait été débarqué d’une mission de paix qui aurait pu et dû être une occasion de prestige pour le pays. Un journaliste néerlandais, très apprécié et même craint dans son pays pour la qualité et la pertinence de ses écrits, m’a affirmé, il y a un mois : «On ne peut abriter la Cour de justice internationale à La Haye et accepter les conclusions ubuesques ridicules de Van Walsum». La sévérité et la fermeté avec lesquelles le gouvernement des Pays-Bas a agi, dans cette affaire d’espionnage, que La Haye détient un dossier solide à charge du Makhzen. Sans doute que le pitoyable comportement de Walsum y tient une certaine place.
DE NOTRE CORRESPONDANT À BRUXELLES
KADER VACOUR
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