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Quand Meidet ramadhan réunit les musulmans de Moscou

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  • Quand Meidet ramadhan réunit les musulmans de Moscou

    A mesure que l’heure de la rupture du jeûne approche des hommes et des femmes, dont certains accompagnés de leur famille, s’empressent d’entrer dans le discret restaurant situé à quelques encablures de la station de métro de Vindinkha où l’association Khadidja des femmes musulmanes de Moscou a organisé un f’tour la soirée de Leilat El Qadr.

    L’atmosphère feutrée et l’animation qui règnent à l’intérieur de l’établissement contrastent avec le paysage plutôt morne qu’offre la rue déserte balayée par une brise fraîche qui fait bruisser les feuilles des omniprésents peupliers en cette fin septembre. Dès l’annonce de l’iftar, le jeûne est rompu avec deux ou trois dattes pour certains, quelques cuillerées de soupe ou simplement une gorgée d’eau pour d’autres, avant l'accomplissement de la prière, officiée par un mufti, dans une salle aménagée à cet effet.

    Pour le f'tour proprement dit, outre la soupe de légumes, la salade de crudités et un assortiment d’herbes, de piment fort et de menthe, des plats à tendance orientale leur sont proposés, notamment du "hoummous" (sorte de purée de pois chiches avec de l’huile d’olive) et du riz accompagné de viande hachée. Thé et pâtisseries orientales viennent ponctuer la fin du repas.

    A peine le repas terminé un jeune homme portant une fine barbe et habillé à l’occidentale prononce un prêche qu’il commence en arabe avec des citations de sourates du Coran avant de le poursuivre en russe afin que l’assistance composée de quelques musulmans de Russie et de ressortissants de pays musulmans voisins puisse suivre.

    Dans les mosquées de Moscou, les prêches sont souvent déclamés par contre dans les deux langues les plus parlées, en l’occurrence le russe et la langue tatare (outre les citations en arabe du Coran et du Hadith).

    Les repas du f’tour organisés dans différents endroits, notamment dans les mosquées, tout comme en d'autres occasions (mariages, circoncisions, funérailles) sont mis à profit pour expliquer aux fidèles les valeurs authentiques de l’Islam, explique à l’APS, le mufti Nafiullah Achirov, chargé des affaires des musulmans de Sibérie et de Russie orientale.

    Au lieu de rester chez eux, beaucoup de fidèles préfèrent se rendre dans des mosquées en prenant avec eux leur f’tour pour pouvoir le partager avec des nécessiteux, des travailleurs ou des étudiants, poursuit Achiorov qui explique que certains s’y rendent en groupe pour permettre à tous les membres de la famille, notamment aux plus jeunes, de s’imprégner de l’atmosphère de piété qui règne en ces lieux, particulièrement pendant le mois sacré.

    La Fédération de Russie compte aujourd’hui quelque 20 millions de musulmans dont plus de 2 millions à Moscou, mais beaucoup d'entre eux ne connaissent pas grand-chose des préceptes de l’Islam et de son esprit, selon des associations de jeunes musulmans. C’est pourquoi les imams et les associations musulmanes déploient de grands efforts pour organiser ce genre de rencontres afin de rassembler les fidèles quelles que soient leurs origines ethniques et leur transmettre les enseignements de la religion dont ils se revendiquent mais dont ils ne connaissent malheureusement pas, dans bien des cas, les principes, souligne Achirov.

    Les musulmans de Russie repartent à la conquête de leur religion


    Selon les historiens, l’Islam était très répandu dans cette région du monde avant l’arrivée du christianisme orthodoxe puisque de nombreux Etats musulmans y avaient vu le jour et prospéré avant l’arrivée des tsars et l’expansion de la Russie tsariste. Par la suite sous le régime soviétique certaines régions, qui étaient surtout peuplées de musulmans, ont vu leur population de confession musulmane diminuer comme c’est le cas du Tatarstan.

    La population tatare qui appartient à la branche turque de la famille ethno-linguistique altaïque s’élevait, en 1926 dans l'ensemble de l'Union soviétique, à environ 3,3 millions d'âmes, alors que la population totale de la Tatarie ne s'élevait alors qu'à 2,8 millions de personnes.

    En 1970, la situation avait empiré puisque sur près de 6 millions de Tatars recensés pour l'ensemble de l'Union soviétique, 1,5 million seulement vivaient en Tatarie où ils étaient à peine plus nombreux que les Russes, encouragés par le régime à s’y installer au moment ou les autochtones étaient contraints, à cause de conditions de vie défavorables, d'aller s’établir sous d’autres cieux.

    Après la chute du régime soviétique durant lequel la majorité des mosquées furent détruites où transformées pour abriter d’autres activités, les musulmans de Russie s’appliquent à reconstruire les lieux de culte compte tenu du rôle qu’ils jouent en tant que centres de rayonnement pour la diffusion des principes et valeurs de l’Islam, notamment dans les régions éloignées comme la Sibérie.

    Certaines de ces régions ne disposent plus de mosquées depuis des dizaines d’années alors que celles qui en ont, n’ont pas d’imams. Les fidèles qui s’y rendent le vendredi doivent souvent se contenter de réciter des "tassabihs" et d’implorer Dieu, en l’absence d’imam en mesure de conduire la prière, explique encore le mufti Achirov.

    S’il est vrai qu’aujourd’hui la pratique du culte n’est pas entravée par les autorités, les musulmans en Russie n'ont pas encore tout à fait la foi facile car l’aide consentie par l’Etat s’avère, selon plusieurs associations, insuffisante pour rattraper les retards en matière non seulement de construction de mosquées et de centres culturels mais également de formation de cadres religieux.

    Les cérémonies de mariage, de circoncision, les prières du vendredi, les prières des "taraouihs" sont mises à profit par les hommes de culte russes, dont la plupart sont jeunes et ont bénéficié de formations dans des pays musulmans, pour "inciter les fidèles à redoubler d’efforts en vue de redonner à cette religion la place qui fut la sienne dans cette partie du globe". Pour la petite histoire, le mufti Achirov a suivi des études à l’Université des sciences islamiques Emir Abdelkader de Constantine, en Algérie.

    Par APS
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