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Larme glacée de Mourad Amroun

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  • Larme glacée de Mourad Amroun

    Mourad Amroun, natif de Béni Douala en Kabylie, vient de publier son premier roman intitulé Larme glacée, après avoir collaboré longuement dans plusieurs journaux. Son métier d’administrateur (il est directeur de l’Algérienne des eaux à Sétif) ne l’empêche pas de trouver des moments de solitude pour raconter des souvenirs romancés.

    L’Expression: Vous venez de publier votre premier roman sur lequel vous travaillez depuis plus de vingt ans. Pourquoi cette longue durée pour achever un seul ouvrage littéraire?


    Mourad Amroun: C’est un grand honneur et une immense joie pour moi que d’avoir et de parcourir les pages de ce modeste roman afin de les partager avec le lecteur, et de lui faire part de mes inspirations, gîte et carrefour de mes errances. Ceci étant, Larme glacée, je l’ai écrit, il y a de cela plus de 18 ans, et s’il a mis autant de temps pour être publié, c’est une question de moyens. Entre-temps, cela ne m’a pas empêché d’écrire. L’indulgence que le lecteur aurait eue pour ce livre, me fait garder espoir, tant il est vrai que l’être humain est une créature subtile, bien plus fragile qu’on ne l’imagine; quand il se dévoile, il laisse apparaître des contradictions. J’espère qu’il trouvera un écho favorable chez le lecteur et qu’il comblera ses moments de détente.

    Vous êtes directeur de l’Algérienne des eaux de Sétif. Comment trouvez-vous le temps nécessaire pour l’écriture qui est une activité exigeante et nécessite une grande solitude?

    En effet, écrire exige énormément de temps et de solitude, j’arrive difficilement à allier mon travail et l’écriture, mais comme écrire pour moi est une passion, je ne peux rester sans écrire. Du coup, je trouve toujours un moment pour rejoindre ces instants de pur bonheur.

    Votre roman a tout l’air d’être tiré de faits réels. Peut-on penser qu’il s’agit carrément d’une autobiographie romancée?


    Larme glacée est un regard sur le passé, c’est une fiction, fil conducteur faisant surgir un temps, espace protégé, un rêve, une méditation, c’est une manière comme une autre d’accueillir le flux vital de la longévité, apprendre les lois de l’harmonie de l’être, dont seuls ses jardins secrets savent garder le détail, elles seules peuvent restituer les pierres, axes du monde fantastique, que chaque personne, normalement constituée, possède, mais pour des raisons diverses, elle n’arrive pas à les vivre amplement et pleinement.

    Des passages de votre roman, se déroulant dans la ville de Tizi Ouzou, semblent invraisemblables, pourtant, vous soutenez que de tels faits existent bel et bien dans votre région...

    Quand un explorateur lâche la plume pour découvrir, la qualité rejoint la rareté. C’est un livre rempli de silence et de rêves, animé des seules couleurs profondes, un écrin précieux pour les plus belles sépultures créées de ma mémoire, Larme glacée n’a rien de mystérieux, quels que soient les angles des prises de vue, il raconte l’histoire d’un couple d’étudiants qui se sont connus et ce fut autant d’instantanéité ou presque, d’émotions et de poésie pure sous des cieux changeants de la vie au gré des humeurs.

    Vous avez écrit dans des journaux pendant plusieurs années, comment passe-t-on de l’écriture journalistique au roman?

    Je crois qu’il n’y a pas eu, pour moi, de passage proprement dit de l’écriture journalistique vers la romanesque, l’écriture est une passion qui vous colle, que se soit dans un journal ou un livre ou autre, celui qui est épris et hanté par l’écriture finit toujours par se retrouver. L’écriture reste un bonheurEntre le journalisme et le roman, existent énormément de liens. L’écriture littéraire, c’est la consécration d’un travail de longue haleine, un aboutissement du journalisme, un condensé de plusieurs années de travail et d’écriture.
    C’est comme cela qu’on vire graduellement vers tel ou tel genre d’écriture. Pour ma part, je crois m’orienter vers le roman tout naturellement, il y aurait même de l’éloquence dans ma façon d’écrire, cela n’a rien d’étonnant, somme toute, c’est mon style d’écriture c’est tout.

    Très souvent, l’écriture sert d’exutoire à l’âme. Ecrivez-vous pour fuir une certaine pression?

    Pour l’essentiel, si l’on se satisfait des verdicts de l’apparence, l’écriture effectivement pourrait être interprétée uniquement ainsi, mais en tant que telle, elle occupe depuis toujours une place inexpugnable dans le paysage des idées et du savoir.

    On écrit et on vit pour son idéal, celui de transmettre le savoir et de communiquer avec autrui. Pour moi, ce n’est pas fuir une quelconque pression, du moment que l’écriture m’est passion, aussi, je me retrouve tout naturellement devant mes feuilles avec mes écrits, et à travers ça, je tente de mener le lecteur vers la rencontre de mon rêve avec une infinité d’interrogations qui sont aussi les produits de mes contacts paradoxaux prisonniers d’un monde, je m’investis avec amour dans mon royaume que j’emploie pour transmettre tantôt mes amours, tantôt mes angoisses tel un expressionniste.

    Comptez-vous écrire après la publication de Larme glacée?

    Bien évidemment, je compte le publier, j’ai actuellement un autre roman en chantier, mais en voie de finition; c’est une histoire qui traite d’un sujet d’actualité. A travers cette histoire, on revoie les souffrances, la dureté et les vicissitudes de la vie. Je m’imprègne du spectacle de la vie quotidienne et du monde pour écrire, ce qui constitue ma source d’inspiration privilégiée, laquelle, au terme d’on ne sait quelle mystérieuse alchimie, dont le cerveau et l’âme gardent le secret; je l’exprime dans tel ou tel texte avec tel ou tel style.

    Vous êtes de la même région que deux sommités de la culture algérienne, Mouloud Feraoun et Lounès Matoub. Vous ont-ils servi de repère dans votre écriture?

    Pour répondre à cette question, je dirais uniquement ceci: les intellectuels devraient s’unir aujourd’hui pour l’érection du monument en hommage à Mouloud Feraoun, lequel a passé toute sa vie, à rechercher la sagacité pour la semer à tout-va, telle une abeille ouvrière qui, à longueur de temps, butinait pour produire du miel dont elle est la seule à détenir le secret. Comment puis-je faire fi de ce grand Monsieur? Comment puis-je ne pas m’en servir comme repère? Cet homme que j’entrevois à travers ses écrits, ses livres et ses textes, ce grand homme que j’imagine vêtu d’un burnous blanc, symbole même de notre algériannité et notre kabylité, confortablement assis et se promenant dans nos consciences.

    Mouloud Feraoun vit toujours en nous car il est et reste ce qu’il n’a jamais cessé d’être, un grand Monsieur. Lire un de ses livres, c’est reconnaître les difficultés qu’il a endurées et les souffrances d’un peuple damné à son époque. Pour moi, il représente bien plus qu’un repère.

    Par l'Expression
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