Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Guerre financière en Europe

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Guerre financière en Europe

    Guerre financière en Europe
    par Notre Correspondant à Bruxelles : M'hammedi Bouzina Med

    La crise financière qui frappe les USA et l'Europe s'aggrave chaque jour plus. Elle révèle au grand jour la «guerre» entre le dollar américain et l'euro pour la conquête du marché mondial. Pendant ce temps, la Chine et la Russie attendent le bon moment.

    En quelques jours, l'Europe est passée d'un discours rassurant sur les effets de la crise financière américaine sur son économie, notamment sur l'avenir des petits épargnants, salariés et autres petites entreprises, à un état d'affolement où politiques, économistes et gestionnaires de la haute finance s'affrontent dans une cacophonie générale qui ajoute à l'angoisse des 455 millions d'habitants de l'Union européenne. Comptant sur l'interventionnisme du gouvernement fédéral américain, en particulier avec le plan Paulson qui prévoyait l'injection de 700 milliards de dollars sur le marché des liquidités pour contenir la crise, l'UE a vite fait d'imiter le frère américain en nationalisant, partiellement, les premières banques touchées par l'effet américain, en l'occurrence la banque belgo-néerlandaise FORTIS ; la franco-belge DEXIA ; l'anglaise Bradford & Bingley ; l'allemande Hypo Real Estate... Mais un autre événement vient aggraver la crise : le rejet par la chambre (députés) américaine du plan Paulson. Réagissant à son tour, l'Europe se tourne vers sa «caisse commune», la Banque centrale européenne (BCE). Et c'est là que les choses se compliquent. Après avoir injecté, le 22 septembre, quelque 26,7 milliards d'euros (40 milliards de dollars) sur les marchés monétaires européens, la BCE rejette un plan à l'américaine qui interviendrait plus fortement et à grande échelle. C'est que l'UE n'est pas, sur ce plan-là, les USA. L'Europe n'est pas fédérale et ses Etats membres ont une plus grande liberté d'action en matière financière. Alors que le président français Nicolas Sarkozy, suivi des trois pays du Benelux proposaient l'intervention de la BCE, à hauteur de 300 milliards, pour recapitaliser les banques en difficulté, l'Allemagne par la voix de sa chancelière Angela Merkel opposait, mercredi soir, un niet catégorique. L'Allemagne, première économie européenne et premier contributeur au budget de l'Union, refuse de porter encore plus le poids de la crise. Pour compliquer la donne, voilà que le gouvernement irlandais annonce, lui aussi, mercredi soir, sa décision d'injecter 400 milliards d'euros sur deux ans pour garantir tout son système bancaire et financier. En termes clairs, pendant que certains Etats de l'Union (France, Benelux) souhaitent une action solidaire en passant par la BCE, d'autres Etats (Irlande, Angleterre, Allemagne) penchent pour des interventions nationales ou par groupe d'Etats concernés.

    Du coup, le froid s'est installé entre la France et l'Allemagne pendant que la crise avance inexorablement avec ses effets destructeurs. Dans tous les cas de figure et quelle que soit la voie choisie pour contrer la crise, le sort de l'UE dépendra, inévitablement, de l'évolution de celle qui frappe les USA. Aujourd'hui, le seul échange commercial entre les deux partenaires dépasse le milliard d'euros quotidiennement.

    La participation des banques européennes et autres actions dans celles américaines est énorme. Aussi lorsque le système financier américain attrape froid «l'Europe tousse», selon l'adage. Ce samedi, le président Sarkozy, en sa qualité de président de l'UE, réunit les Etats européens membres du G8 (Allemagne, Angleterre, Italie et France), en présence du président de la Commission, Manuel Barroso, et celui de la BCE, Jean-Claude Trichet. Objectif, convaincre les partenaires européens de la nécessité de l'intervention de la BCE pour financer le manque de liquidités. La rencontre ne s'annonce pas sous de bons augures, tant les oppositions sont tranchées entre les uns et les autres. Cette interdépendance de la crise financière USA/UE annonce, au fond, la bataille entre le dollar et l'euro comme monnaie de référence sur les marchés internationaux.

    Rappelons-nous que c'était suite à la crise générée par le premier choc pétrolier de 1973 que l'or avait cessé d'être la référence de valeur sur le marché international pour être remplacé par le dollar américain. Ce bouleversement international sur le marché des changes rapportait d'énormes dividendes à la finance (agios, intérêts...) et l'économie américaines. L'arrivée de l'euro sur le marché international a réduit considérablement la valeur du dollar.

    Et c'est par ricochet que la crise actuelle touchera, fatalement, des pays comme le nôtre, exportateur d'hydrocarbures en dollars, et importateur de biens de consommation en euros. Le cas de l'Algérie dont le revenu provient, exclusivement, des hydrocarbures n'évitera pas sur le moyen terme les retombées de la crise financière internationale d'aujourd'hui.

    Dans une moindre mesure, ce seront les marchés asiatiques (Chine, Inde) qui profiteront de la crise. La Chine, détentrice d'une dette américaine de plus de 1.000 milliards de dollars (en bons de Trésor) pourrait réguler le marché en soutenant la consommation sur le marché commercial mondial. Par ailleurs, la Russie, qui se fait discrète sur ce plan pour l'instant, observe avec intérêt l'évolution de la crise et se prépare à intervenir, au bon moment, certainement à l'appel des marchés financiers américains et européens.

    La Russie dispose des deux atouts majeurs : les hydrocarbure et des réserves de change considérables. La débâcle du système financier ultra-libéral occidental d'aujourd'hui est un élément de plus qui va changer le jeu d'équilibre géostratégique dans le monde.
    Quotidien d'Oran
    Mieux vaut un cauchemar qui finit qu’un rêve inaccessible qui ne finit pas…
Chargement...
X