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Selon l'Unesco, il manque 18 millions d'instituteurs dans le monde

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  • Selon l'Unesco, il manque 18 millions d'instituteurs dans le monde

    Le monde manque d'"instits" : 18 millions d'enseignants supplémentaires sont nécessaires pour parvenir à l'éducation primaire pour tous d'ici à 2015, un des huit Objectifs du millénaire fixés par les Nations unies.

    L'Unesco et l'Internationale de l'éducation - qui regroupe les organisations syndicales de la profession - sonnent le tocsin à l'occasion de la Journée mondiale des professeurs, célébrée dimanche 5 octobre.

    (Source : Rapport mondial 2006 de suivi sur l'éducation pour tous).

    Ce chiffre qui donne le vertige résulte d'un croisement entre quelques paramètres : le nombre d'enfants privés d'école d'abord, soit environ 10 % des 6 à 12 ans en âge d'être scolarisés ; les prévisions démographiques ensuite ; les départs en retraite des enseignants aussi ; un ratio de 40 élèves pour un enseignant, enfin, taux d'encadrement retenu par l'Unesco.

    Cette projection pessimiste ne doit cependant pas masquer le gigantesque pas en avant accompli ces dernières années. En moins de dix ans, on est passé de 103 à 75 millions d'enfants non scolarisés, "une dynamique qui n'a pas de précédent historique", assure Nicolas Burnett, sous-directeur général pour l'éducation de l'Unesco. Mais une dynamique qui semble aujourd'hui enrayée sinon menacée par d'autres facteurs, plus profonds et plus graves que la pénurie d'instituteurs.

    Le premier de ces facteurs tient à la politique de recrutement des enseignants. Si les taux de scolarisation se sont améliorés dans de nombreux pays, c'est grâce à l'embauche massive de contractuels, voire d'enseignants payés par des communautés villageoises.
    En Afrique francophone par exemple, les enseignants contractuels sont majoritaires.

    Nul doute qu'en Afrique subsaharienne, où un enfant sur deux ne termine pas l'école primaire, "la logique comptable", comme le souligne Jean-Marc Charles, conseiller Unesco à Dakar, a toutes les chances de l'emporter sur toute autre considération.

    Cet expert évalue, au terme d'une enquête à paraître réalisée dans 42 pays africains, qu'il faudrait recruter 2,3 millions d'enseignants pour atteindre en 2010, en 2015, voire en 2020 selon les pays, la scolarisation primaire universelle.

    Cet horizon paraît inatteignable sans le recours à des non-fonctionnaires.

    Or les critiques redoublées sur la mauvaise qualité de l'éducation - un phénomène qui n'est pas propre à l'Afrique - ou sur les risques de privatisation du système éducatif un peu partout dans le monde montrent que le consensus qui a entouré pendant plusieurs années cette politique de recrutement est en train de s'effriter. Au risque de s'attirer les foudres syndicales, M. Charles assure pourtant qu'aucune étude n'apporte de preuves sur la moindre qualité d'un enseignement dispensé par des enseignants peu aguerris et contractuels comparé à celui délivré par des professeurs sous statut.

    Il n'empêche : si les enseignants demeurent peu formés et mal payés, "l'école restera un système de tri", regrette Martin Péricard, de l'ONG Aide et action, qui relève des dérives au Vietnam, au Laos, au Cambodge ou en Chine, consistant à faire payer les parents pour l'école publique de leurs enfants. Sans compter que, dans plusieurs pays d'Asie du Sud, la privatisation gagne avec la création d'écoles privées de très piètre qualité, comme le fait observer Sheldon Schaeffer, directeur du bureau Asie-Pacifique de l'Unesco. Sans compter non plus qu'il sera difficile de susciter des vocations sans amélioration du statut et du salaire.

    Le spectre de la crise financière représente une autre menace, plus immédiate encore. L'Unesco, qui entend bien profiter de cette Journée mondiale pour frapper les portefeuilles au moins autant que les esprits et les coeurs, constate que la générosité des pays développés s'est déjà amoindrie. "Les engagements (pour l'éducation de base) sont passés de 5,2 milliards de dollars en 2004 à 3,7 en 2005. On observe une petite augmentation en 2006, mais sans retrouver le niveau de 2004", explique encore M. Burnett.

    - Le Monde
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