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Graines de champions: le mirage

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  • Graines de champions: le mirage

    Tu seras un surhomme, mon fils! Les avisés préceptes de Kipling à sa progéniture n’ont plus cours. L’écrivain tablait sur l’éducation pour donner à l’être humain sa colonne vertébrale, sur l’expérience, l’entraînement, la vie dans ses alternances de coups durs et de bonnes fortunes, en d’autres termes sur ce que l’on nomme l’acquis.
    Une vision des choses quelque peu délaissée aux Etats-Unis au profit de l’inné, par ces couples prêts à cracher le cash pour concevoir un enfant avec le sperme de sportifs d’élite.
    En Californie notamment, nombre de banques de sperme se disputent ce marché juteux, et notoirement amplifié par le récent show des JO de Pékin. Déjà, on spécule sur ce que rapporterait à Michael Phelps son aquatique semence s’il lui prenait l’envie de la commercialiser. «Mais je me demande ce que pourrait bien contenir ce sperme en termes de substances bizarres…», sourit Daniel Wirthner, spécialiste de la médecine de la reproduction et responsable du Centre de procréation médicalement assistée (CPMA) à Lausanne.
    Danger d’eugénisme
    «Plus sérieusement, poursuit-il, il n’y a pas de gène du sportif; les capacités physiques, mentales, intellectuelles ou artistiques ne se transmettent pas de cette manière. Peut-être un enfant hériterait-il de poumons un peu plus volumineux, ou de grands pieds, mais cela ne fait pas tout. Ce qui marche pour les chevaux de courses, les taureaux ou les vaches laitières, n’est pas applicable à l’humain. »
    A moins, et encore, rien ne la garantit avec certitude, d’opérer des croisements sur plusieurs générations, en ne sélectionnant que les individus porteurs des caractéristiques souhaitées… En un mot, l’eugénisme. Une tentation sulfureuse déjà théorisée par Platon, admise par Sénèque, mise en œuvre par les nazis, et désormais illégale pour d’évidentes raisons éthiques et philosophiques.
    Mais le fantasme demeure. Dominique de Ziegler, directeur de l’Unité de médecine de la reproduction au CHUV: «Aux Etats-Unis, il prend une tournure plus concrète qu’ici, car le don de sperme n’est pas réglementé, raison pour laquelle les banques de sperme mettent en ligne de véritables catalogues où sont proposées toutes les options imaginables ou presque. »
    Telle banque se profile sur les gamètes de donneurs au Q. I. élevé, telle autre, basée au Danemark, sur des donneurs garantissant des enfants blonds aux yeux bleus, telle enfin fait son beurre avec la semence de champions universitaires de la NBA ou de la NHA. Un photographe américain, versé dans le porno, va jusqu’à mettre en vente les ovules de ses modèles…
    Prix libres aux Etats-Unis
    Si les donneurs, comme en Europe, ne touchent que des sommes modestes (quelques dizaines de dollars en général), le prix de leurs spermatozoïdes en revanche peut grimper très vite et très haut. «C’est rendu possible grâce au désir répandu de s’approprier les qualités de ces sportifs, de profiter d’une manière ou d’une autre de leur renommée, commente Dominique de Ziegler; ce sont des dérives de la médecine, comme en chirurgie plastique, conçue pour reconstruire des visages détruits, mais souvent happée par le business lucratif de la chirurgie esthétique. »
    Loi suisse plus restrictive
    En Suisse, la loi sur la procréation médicalement assistée (LPMA), entrée en vigueur en 2001, est assez restrictive et empêche de semblables phénomènes. Pas de champions ou de cerveaux hors du commun parmi les donneurs, et du reste pas de demandes en ce sens de la part des couples infertiles. Daniel Wirthner: «Les couples qui viennent nous voir vivent une certaine détresse, et ce qu’ils veulent avant tout, c’est un enfant en bonne santé. » Ils ont tout de même une certaine latitude dans le choix du donneur, en ce qui concerne certains phénotypes, ou caractéristiques humaines, comme la couleur des yeux, des cheveux, de la peau, la corpulence ou la taille. Le groupe sanguin est aussi déterminé en fonction de celui des futurs parents. Afin, aussi, que l’enfant ne s’interroge pas plus que de raison le moment venu, si le secret a été gardé sur son véritable géniteur. «Mais depuis que l’anonymat du donneur peut être levé lorsque l’enfant a atteint 18 ans, une mesure introduite avec la LPMA en 2001, ce motif est moins pertinent, estime Daniel Wirthner; en général, 50% des couples déclarent vouloir informer l’enfant, mais relativement peu le font. Lorsque les enfants nous demandaient de connaître le donneur – ce que ce dernier peut refuser – nous ne pouvions pas les satisfaire auparavant. » Cela sera le cas dès 2019. La loi précise toutefois que les donneurs n’ont aucun droit de revendication en paternité. Ceux-ci, au reste, se font rares, et la levée de la garantie d’anonymat y est pour quelque chose.
    Tout donneur, qui touche un dédommagement de 100 à 150 francs par don, peut effectuer une trentaine de dons, sur 18 à 24 mois, pas plus, car il ne peut être à l’origine de plus de huit naissances, afin d’éviter les risques de consanguinité. Il est régulièrement contrôlé, avec prise de sang tous les trois mois. «On s’assure qu’il n’est pas porteur du VIH, qu’il n’a pas d’hépatite, de syphilis ou de maladie génétique comme la mucoviscidose». Quant aux femmes, la loi suisse interdit le don d’ovules (lire ci-dessous).
    150 enfants par an en Suisse
    Environ 150 enfants naissent chaque année en Suisse grâce au don de sperme, pour 200 couples qui font la démarche auprès des quatre centres nationaux (CHUV, CPMA, ainsi qu’une banque en Suisse alémanique et une au Tessin). Toutes les tentatives n’aboutissent pas, et toutes ne sont pas remboursées par les caisses maladie. Si les trois premières inséminations sont remboursées, la fécondation in vitro en revanche ne l’est pas. «Comme elle coûte 8500 fr. par tentative, sans compter 200 fr. , pour les embryons congelés, déplore Dominique de Ziegler, les couples ont tendance à opter pour l’insémination, même si la femme a plus de 38 ans, ou si ses ovaires sont fatigués. Il serait préférable que les caisses remboursent le 50% des deux opérations, afin que l’argent n’oriente pas leur choix…»Y


    Ivan Radjaivan pour le Matin du 31 août 2008.

    -Les choses sont rarement ce qu'elles semblent être. Mani

  • #2
    ooooooooooh c trop long, j'abondonne
    without love...no place for heaven..

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    • #3
      En résumé ca parle des couples stériles qui optent pour l'insémination in vitro. Pour se faire, ils paient des fortunes énormes pour concevoir un enfant à partir de sperme de sportifs d'élite, histoire de transmettre l'acquis.
      -Les choses sont rarement ce qu'elles semblent être. Mani

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