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Psychiatrie: 1.900 lits pour 30 millions d’habitants · Un budget dix fois moins que celui fixé par l’OMS
· Une «folie» marginalisée depuis plus d’un demi-siècle
· 100.000 malades mentaux rien qu’à Casablanca
IL y a trois semaines, un infirmier s’est fait tuer à l’hôpital Razi par… un malade mental! Ce n’est pas un fait divers isolé. «Un autre aide-soignant du CHU d’Ibn Rochd a échappé de justesse à la mort après avoir été attaqué cette fois-ci par un proche du patient…», rapporte le professeur Driss Moussaoui, directeur du Centre psychiatrique.
L’état de la santé mentale au Maroc est alarmant! Ce constat n’est pas nouveau. Plusieurs enquêtes ont dressé un bilan pour le moins sinistre. La dernière en date remonte à 2007. Cette fois-ci l’occasion est tout autre puisque le monde fête le 10 octobre la journée mondiale de la santé mentale. D’ailleurs l’association Amali a tenu le 6 octobre à Casablanca une conférence de presse pour faire le point sur la situation critique à laquelle sont confrontés patient et professionnels.
Pour la présidente de l’association, Naima Trachen, «ce qui doit nous interpeller, c’est surtout la souffrance quotidienne du malade et de sa famille. Celle-ci doit gérer son désarroi et faire face à un manque de soutien et de moyens».
Une tare sanitaire qui se manifeste d’abord par une insuffisance des lits, l’absence de cellules d’écoute ou encore la cherté des médicaments. Ce qui place d’emblée le débat dans un terrain juridique: le droit d’accès aux soins.
Le plus grave dans ce drame «psychosocial», c’est que les patients se détournent vers d’autres lieux d’apaisement: les marabouts. Celui de Bouya Omar est le plus célèbre d’entre eux. Le mysticisme prend ainsi la relève… Car ce qui compte avant tout c’est la guérison.
A l’envers de cette réalité, le premier constat c’est qu’il y a un manque de lits. A elle seule, Casablanca compte 100.000 cas de malades mentaux! La capitale économique est un asile psychiatrique à ciel ouvert. Ces derniers n’ont droit qu’à 200 lits pour être soignés. La situation est encore plus grave. Car les Casablancais ne disposent en fait que de 105 lits opérationnels! Sur le plan national, il faut compter un peu plus de 1.900 lits! Ce chiffre est trois fois moins que celui de l’Algérie ou de la Tunisie. Inutile de rappeler aussi que le Maroc compte plus de 30 millions d’habitants.
Qu’en est-il du budget?
Le ministère de la Santé réserve à peine 1%, soit dix fois moins que le seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Rappelons tout de même que le département de Yasmina Baddou et celui de l’Enseignement sont des ministères qui ont des budgets relativement importants. Bien évidemment, la polémique sur les besoins qui dépassent les moyens ou encore la mauvaise gestion des fonds reste toujours d’actualité.
Toujours est-il que «après plus d’un demi-siècle la psychiatrie a été et reste encore totalement marginalisée par les ministres qui se sont succédé. Yasmina Baddou a été sensibilisée à cet état des lieux…», affirme le professeur Driss Moussaoui, directeur du Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd et président d’honneur de l’association Amali. Les professionnels espèrent en tout cas un minimum de changement.
En plus des lits, le Maroc souffre d’un manque criant de personnel qualifié. C’est ainsi par exemple que l’on compte à peine 750 psychiatres. Majoritairement concentrés à Casablanca. Même si la comparaison est «déplacée», Genève a 500 psychiatres pour 120.000 habitants.
Maroc mental
LES résultats de l’enquête nationale de 2007 sur la santé mentale ayant porté sur un échantillon composé de 6.000 personnes de 15 ans et plus. Il en ressort qu’un Marocain sur 4 a déjà souffert de dépression. Quant au chapitre troubles anxieux (2,7 millions de Marocains), l’enquête révèle aussi que 2% des Marocains présentent des symptômes de paranoïa. Il y a aussi la phobie sociale qui représente un million de cas. De même l’on recense aussi 1,8 million de Marocains ayant des troubles obsessionnels compulsifs, post-traumatiques, schizophrénie (300.000), alcoolisme...
L'economsite
J. R.
· Une «folie» marginalisée depuis plus d’un demi-siècle
· 100.000 malades mentaux rien qu’à Casablanca
IL y a trois semaines, un infirmier s’est fait tuer à l’hôpital Razi par… un malade mental! Ce n’est pas un fait divers isolé. «Un autre aide-soignant du CHU d’Ibn Rochd a échappé de justesse à la mort après avoir été attaqué cette fois-ci par un proche du patient…», rapporte le professeur Driss Moussaoui, directeur du Centre psychiatrique.
L’état de la santé mentale au Maroc est alarmant! Ce constat n’est pas nouveau. Plusieurs enquêtes ont dressé un bilan pour le moins sinistre. La dernière en date remonte à 2007. Cette fois-ci l’occasion est tout autre puisque le monde fête le 10 octobre la journée mondiale de la santé mentale. D’ailleurs l’association Amali a tenu le 6 octobre à Casablanca une conférence de presse pour faire le point sur la situation critique à laquelle sont confrontés patient et professionnels.
Pour la présidente de l’association, Naima Trachen, «ce qui doit nous interpeller, c’est surtout la souffrance quotidienne du malade et de sa famille. Celle-ci doit gérer son désarroi et faire face à un manque de soutien et de moyens».
Une tare sanitaire qui se manifeste d’abord par une insuffisance des lits, l’absence de cellules d’écoute ou encore la cherté des médicaments. Ce qui place d’emblée le débat dans un terrain juridique: le droit d’accès aux soins.
Le plus grave dans ce drame «psychosocial», c’est que les patients se détournent vers d’autres lieux d’apaisement: les marabouts. Celui de Bouya Omar est le plus célèbre d’entre eux. Le mysticisme prend ainsi la relève… Car ce qui compte avant tout c’est la guérison.
A l’envers de cette réalité, le premier constat c’est qu’il y a un manque de lits. A elle seule, Casablanca compte 100.000 cas de malades mentaux! La capitale économique est un asile psychiatrique à ciel ouvert. Ces derniers n’ont droit qu’à 200 lits pour être soignés. La situation est encore plus grave. Car les Casablancais ne disposent en fait que de 105 lits opérationnels! Sur le plan national, il faut compter un peu plus de 1.900 lits! Ce chiffre est trois fois moins que celui de l’Algérie ou de la Tunisie. Inutile de rappeler aussi que le Maroc compte plus de 30 millions d’habitants.
Qu’en est-il du budget?
Le ministère de la Santé réserve à peine 1%, soit dix fois moins que le seuil fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Rappelons tout de même que le département de Yasmina Baddou et celui de l’Enseignement sont des ministères qui ont des budgets relativement importants. Bien évidemment, la polémique sur les besoins qui dépassent les moyens ou encore la mauvaise gestion des fonds reste toujours d’actualité.
Toujours est-il que «après plus d’un demi-siècle la psychiatrie a été et reste encore totalement marginalisée par les ministres qui se sont succédé. Yasmina Baddou a été sensibilisée à cet état des lieux…», affirme le professeur Driss Moussaoui, directeur du Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd et président d’honneur de l’association Amali. Les professionnels espèrent en tout cas un minimum de changement.
En plus des lits, le Maroc souffre d’un manque criant de personnel qualifié. C’est ainsi par exemple que l’on compte à peine 750 psychiatres. Majoritairement concentrés à Casablanca. Même si la comparaison est «déplacée», Genève a 500 psychiatres pour 120.000 habitants.
Maroc mental
LES résultats de l’enquête nationale de 2007 sur la santé mentale ayant porté sur un échantillon composé de 6.000 personnes de 15 ans et plus. Il en ressort qu’un Marocain sur 4 a déjà souffert de dépression. Quant au chapitre troubles anxieux (2,7 millions de Marocains), l’enquête révèle aussi que 2% des Marocains présentent des symptômes de paranoïa. Il y a aussi la phobie sociale qui représente un million de cas. De même l’on recense aussi 1,8 million de Marocains ayant des troubles obsessionnels compulsifs, post-traumatiques, schizophrénie (300.000), alcoolisme...
L'economsite
J. R.
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