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Les crèches sous haute surveillance

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  • Les crèches sous haute surveillance

    L’ouverture de garderies et de crèches est, sans aucun doute, un commerce fort juteux en Algérie. Les chiffres sur le nombre important de ces centres d’accueil de la petite enfance ne reflètent guère l’anarchie et l’illégalité qui y règnent. Ce nouveau commerce est en augmentation constante et profite de la situation chaotique de l’administration et de la naïveté des familles.

    En effet, les établissements de garderie d’enfants poussent, de nos jours, comme des champignons. Néanmoins, de l’avis de nombreux observateurs avertis, les conditions d’accueil des bambins, dans nombre de garderies, ne sont soumises à aucune norme. La gestion anarchique, l’incompétence du personnel exerçant dans les crèches, la surcharge d’enfants, l’absence de règles de sécurité et de prévention sanitaire, sont autant de déficits relevés dans le domaine. Des déficits aux quels l’état tente de pallier aujourd’hui, en vue d’assurer aux enfants un bon développement physique, affectif et mental.

    Aujourd’hui, de plus en plus de couples travaillent et leur plus grand souci est de trouver une école préscolaire pour placer leurs petits rejetons, mais en fin de compte ils se font arnaquer. Selon la direction de l’action sociale d’Alger (DAS), qui mène un parcours de combattant pour mettre fin à l’activité illicite de certains gérants de garderie, diverses sortes d’infractions sont constatées sur le terrain. En effet, les agents des commissions de contrôle périodique font état de la non-conformité de certains sièges qui font office de crèches. «Des garages sont même transformée en centre d’accueil et les enfants y évoluent dans une atmosphère peu sereine qui ne garantie aucunement leur bon développement », nous confiera une assistante sociale au niveau de la DAS.

    Malgré la prise de conscience de certains parents sur cette amère réalité, quelques-uns se disent contraints de subir cette négligence, car n’ayant aucun autre recours, ils se retrouvent à la merci des propriétaires de ces garderies. «En allant récupérer mon gosse de la crèche où il est accueilli, sis à Gué de Constantine, j’ai été terrifiée en constatant qu’il avait le visage mutilé. Folle de rage, j’ai commencé à crier, demandant des explication. Figurez-vous que la directrice m’a clairement signifiée que mon gosse s’était bagarré avec un autre enfant et que l’éducatrice s’est retrouvée incapable d’intervenir», confie indignée Mme Laeroussi, qui a retiré son gosse de cette crèche jugée dangereuse.

    La bonne femme a alors opté pour une autre alternative, celle de la nourrice à domicile. Mais, là aussi, elle fut ahurie en découvrant que son enfant, hyperactif et têtu, était brutalisé par sa nounou.

    L’incompétence qui régit certains centres d’accueil de la petite enfance est une réalité inéluctable. Ces garderies sont gérées par des personnes qui ne disposent d’aucune qualification, contrairement aux lois qui régissent le secteur éducatif. Le personnel n’est souvent pas formé pour prendre en charge des enfants non encore scolarisés.

    Une psychologue clinicienne, ayant déjà exercé dans une crèche, n’a pas manqué de signaler les défaillances rencontrées sur le terrain.

    «Personnellement, j’ai exercé pendant une année dans une crèche sis à Aïn Nâadja et croyez-moi, en plus de surplus d’enfants constaté, le personnel n’était point qualifié. L’éducatrice n’avait même pas le BEF et se montrait souvent violente avec les rejetons, notamment ceux turbulents.

    Un désordre totale régnait dans ce centre d’accueil où la compétence faisait défaut », signale-t-elle avant d’ajouter qu’elle a quitté après avoir remarqué que le programme pédagogique n’était pas consciencieusement appliqué et que la méthode d’apprentissage était fondée sur le châtiment corporel et la punition.

    De son côté, Mme Badiea, éducatrice spécialisée dans un jardin d’enfant public, n’hésite pas à nous dresser un tableau de la situation des crèches privées qui sont devenues, selon ses propres dires « un vrai fond de commerce fort lucratif pour des gens incompétents et non qualifiés».

    «L’évolution de l’enfant requit la présence de bon nombres de conditions qui sont totalement absente dans quelques garderies qui ne respectent aucune norme internationale. Tout ce qui leur importe est le gain que ce créneau peut leur garantir », atteste-t-elle.

    Pour la spécialiste un centre d’accueil et de garde doit obligatoirement être placé sous la responsabilité effective et permanente d’un médecin, d’un psychologue, d’un psychopédagogue, d’un infirmier, d’un enseignant, d’un éducateur qualifié ou assistante sociale comme le stipule la réglementation, or aucune de ces crèches n’applique ces règles.

    Concernant, le nombre des crèches en exercice au niveau de la capitale, notre interlocutrice, nous indique qu’elles seraient près de 36 centres d’accueil de la petite enfance. « D’autres garderies, dont je n’ai pas le nombre précis, viennent d’ouvrir récemment», ajoute-t-elle.

    «Pis encore, indique Mme F. Fayza, psychologue dans une école préscolaire à Kouba, des accidents graves se déroulent sans être signalés, des enfants atteints de retard mental non diagnostiqué, des enfants de bas âges sont entassés dans des chambres exigus. La situation est vraiment dans le rouge. De sérieuses mesure répressives doivent être adoptées pour faire face à l’anarchie qui régissent ce créneau».

    Face aux conditions anarchiques dans lesquelles se trouvent les centres d’accueil et de garde de la petite enfance, le gouvernement algérien vient d’adopter une nouvelle loi qui entrera en vigueur dès Janvier 2009. En effet, le décret exécutif signé en septembre 2008 par le chef du gouvernement, M. Ahmed Ouyahia, tentera de réglementer l’activité de ces établissements d’accueil de la petite enfance, à travers un carnet de conditions spécifiques à la création des crèches. Le décret soumettra de ce fait, ce commerce, à une réglementation stricte afin d’assurer la protection des enfants. La délivrance d’une autorisation d’exercer après étude du dossier par une commission désignée par la direction de l’action sociale est une obligation sans laquelle aucune personne ne pourra monter une maternelle. Enfin, en attendant que la loi en question entre en vigueur, les parents sont appelés à faire plus attention en plaçant leur enfant dans des garderies. Aussi, il ne faut surtout pas faire appel à n’importe quelle nourrice au risque de mettre en péril l’équilibre physique, affectif et psychologique de son bambin.


    - MidiLibre
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