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La Tunisie est-elle à l’abri de la tempête ?

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  • La Tunisie est-elle à l’abri de la tempête ?

    Un peu partout dans le monde, les marchés financiers sont, depuis quelques semaines, le théâtre de soubresauts dangereux. Suite à la surprenante débâcle de Lehman Brothers, Fannie Mae, Freddie et bien d’autres banques américaines, les places financières internationales perdent confiance, entraînant une grande instabilité des cours. L’onde de choc a déjà plombé les bourses d’Asie, d’Europe et même de certains pays du Golfe. Cette nouvelle tempête financière générée des prises de risque excessives et des comportements spéculatifs dans un contexte du néo-libéralisme à tous crins risque-t-elle d’atteindre nos rivages ? Sommes-nous, le cas échéant, bien outillées pour y faire face ? Eléments de réponse.

    Les tensions ont redoublé sur les marchés financiers internationaux depuis le retentissant dépôt de bilan de la banque américaine Lehman Brothers. Conséquence inévitable de la mondialisation rampante, la crise, qui a débuté aux États-Unis, s’est propagée aux pays dont les banques ont participé au financement de l’économie américaine. Les experts s’accordent aujourd’hui à dire que les Etats Unis, un laboratoire où l’on expérimente les thèses néolibérales les plus radicales, sont en train de payer la lourde facture de la "déréglementation" financière. D’autant plus que les comportements de spéculation et de prédation des principaux acteurs de la finance internationale (fonds de Private Equity, Hedge Funds appelés aussi fonds de spéculation et banques) sont largement responsables de la crise financière actuelle, aggravée par le laxisme des autorités monétaires. « Nous assistons aujourd’hui à ce qu’on appelle l’économie de la bulle financière qui se caractérise par une hausse des prix des matières premières( pétrole, céréales…) ou tout autre type de marchandises (biens immobiliers, actions…) qui dépasse la valeur réelle de ces produits sous l’effet de la spéculation», précise Fethi Ennouri, maître de conférence à l’Ecole supérieure des Scienes Economiques et Commerciales de Tunis et analyste des marchés.

    Et l’analyste de renchérir : « Une fois la bulle explose en raison de certains facteurs endogènes et parfois exogènes, liés à la loi de l’offre et de la demande, les prix des produits dégringolent et affectent ainsi tous les intervenants ayant partcipé au gonflement de la bulle. C’est exactement ce qui a abouti à la crise du marché du crédit immobilier américain (subprimes)». Explication de l’expert: les banques américaines avaient ouvert ces dernières années grandement le robinet des crédits immobiliers avec des taux d’intérêts très avantageux, ce qui a provoqué une forte demande de ce type de prêts. Dans une société de consommaion mal encadrée, les citoyens américains ont utilisé une partie de ces crédits pour financer leur consommation dans d’autres domaines. Ce comportement avait coincidé avec la hausse des taux d’intérêts en raison de l’augemenation du taux du marché monétaire. Du coup, les banques se sont trouvées dans une situation peu enviable après avoir rencontré de grandes difficultés en matière de recouvrement de ces crédits qui ont atteint des montants astronomiques. Cette situation a entraîné des faillites en cascade, dont celle du plus grand établissement de cédit américain, l’American Home Mortgage (AHM).
    S’il est aujourd’hui un fait établi que lorsque les Etats-Unis se grippent l’Europe et certains pays asiatiques émergents toussent y a-t-il lieu de craindre pour l’économie tunisienne, à priori très peu liée à l’économie du pays de l’oncle Sam ?

    Selon M. Ennouri, qui porte également la casquette de membre du Conseil économique et Social (CES), la Tunisie est pour le moment à l’abri de la tempête financière internationale : « L’impact de la crise qui secoue les places financières américaine et, à un degré moindre, européennes et asiatiques sur la Tunisie est tès minime en raison de plusieurs facteurs ». Parmi ces facteurs, l’expert cite notamment les liens très faibles entre les banques tuisiennes d’une part et les instituitions financières américaines et européennes d’autre part. « Même les banques françaises qui comptent des filiales en Tunisie, en l’occurrence la Société Générale et le groupe Caisse d’Epargne et BNP Paribas, n’ont pas été très touchées par la crise », souligne-t-il.
    M. Ennouri cite également le fait que l’économie tunisienne est très peu liée à celle des Etats-Unis. Les investissements américains en Tunisie et les échanges commerciaux entre les deux pays restent très faibles, voire insignifiants.

    Sur un autre plan, l’expert estime que laTunisie sera également épargnée par la crise en raison d’une "gestion rigoureuse" de son système financier. « Lorsqu’elles ont pris conscience du risque que représentait une toute petite bulle de créances douteuses, les autoriés monétaires tunisiennes ont très vite pris des mesures pour limiter ces prêts improductifs. Il s’agit là d’une politique monétaire aux antipodes de celle adoptée par les Etats-Unis qui n’interviennent que lorsqu’il y a péril en la demeure », dit-il.
    Interrogé sur les risques que court l’économie tunisienne au cas où l’Europe serait frappée de plein fouet par la crise, l’analyste des marchés a noté que les conséquences ne seraient lourdes sur la Tunisie que si l’actuelle crise financière se transforme en crise économique, suite à une forte baisse de la consommation aux Etats-Unis et en Europe, consécutive à la limitation des crédits. « Si la crise devient d’ordre économique et touche l’Europe, le rythme de croissance de l’économie tunisienne risque de ralentir », précise M. Ennouri.
    Selon lui, les entreprises étrangères qui avaient l’intention de s’installer en Tunisie vont pour certaines décaler leurs investissements, voire les annuler. D’autre part, dans un contexte de récession mondiale, des produits comme le textile ou les phosphates pourraient aussi se retrouver de nouveau en crise, suite à la diminution des commandes en provenance de l’étranger, alors que les touristes européens, confrontés à une baisse de leur pouvoir d’achat, partiront moins en vacances.

    En ce qu concrene les meilleurs moyens de prévenir les crises financières, l’expert insiste sur la "réhabilitation" du rôle de l’Etat en matière de contrôle étroit des marchés financiers et d’un encadrement stricte des banques et autres fonds de spéculation "vautours". Le monde entier ne vient-il pas de découvrir jusqu’ où peuvent mener les théories néolibérales fondées sur le "laisser faire le marché" ?

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