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La baisse des taux concertée est un tournant décisif

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  • La baisse des taux concertée est un tournant décisif

    Alors que l'hypothèse d'un sommet du G8 élargi prend corps, pensez-vous qu'une « refondation » du système financier est possible ?

    Éric Chaney - Économiste en chef du groupe AXA A mon avis, il est prématuré de vouloir réformer le système financier. Il me semble plus sage d'attendre que l'économie mondiale soit repartie et que l'on ait compris l'ensemble des paramètres de la crise actuelle pour amender le système. Aujourd'hui, c'est loin d'être le cas. Et puis, il y a toujours le risque, quand on cherche à tirer trop vite les leçons d'une crise, de créer les conditions de la crise suivante en surréglementant.

    Qui est responsable de la crise actuelle ?


    Il me semble qu'il y a un problème général de régulation. J'ai trouvé stupéfiant que le géant de l'assurance aux Etats-Unis, AIG, ait pu se lancer dans le business des « CDS » sans être contrôlé. Il y a probablement eu de la part des superviseurs et des régulateurs une insuffisance de pouvoir, un manque de coordination et peut-être de la négligence.

    Que pensez-vous de la gestion de la crise côté européen ?

    C'est un exemple catastrophique de manque de coopération. Certains Etats ont pris des décisions sans se préoccuper des conséquences dramatiques qu'elle pourraient avoir chez leurs voisins. Le fait que les Irlandais aient garanti les dépôts a, par contagion, conduit les Britanniques à prendre la décision, sans précédent, de recapitaliser l'ensemble de leur système bancaire. Que les gouvernements veuillent sauver eux-mêmes leurs établissements en difficulté, c'est compréhensible. Mais les gouvernements ont oublié qu'ils hébergent des banques paneuropéennes et que les marchés financiers sont étroitement liés.

    L'idée d'un fonds européen de sauvetage vous paraissait-elle utile ?

    Une entité supranationale qui serait venue sauver les banques européennes n'était pas viable parce que, à la différence des Etats-Unis, il n'y a pas d'autorité politique unique en Europe. Il aurait fallu au minimum une instance de concertation montrant aux épargnants et aux marchés financiers que les décisions sont prises en bonne coordination avec les autres pays membres.

    L'intervention concertée des banques centrales sur les taux constitue-t-elle un meilleur signal ?

    C'était la meilleure réponse possible. Je pense que cette baisse des taux concertée constitue un tournant décisif dans cette crise. J'espère que, dorénavant, les banques centrales vont considérer que le ralentissement mondial, qui va dégénérer en récession dans les trimestres à venir, supprime largement les risques d'inflation et leur redonne la possibilité d'utiliser l'arme des taux pour stabiliser l'économie mondiale et les marchés financiers.
    Cette baisse peut-elle faciliter la reprise des prêts interbancaires ?

    La crise de confiance dans le système bancaire tient à ce que l'on ne sait pas très bien ce qui figure dans les actifs des banques. Donc, elles hésitent à se prêter les unes aux autres. Si l'on rend les conditions du crédit plus souples, on augmente l'incitation à prêter.

    Vous êtes plutôt optimiste ?


    L'action concertée des banques centrales vient tard, mais elle est bienvenue. Néanmoins, je crains que l'on n'évitera pas la récession mondiale. L'une des raisons de la baisse des marchés des actions est que beaucoup d'investisseurs prennent conscience de cette réalité et révisent à la baisse leurs prévisions de profit. Cela n'a pas directement à voir avec la crise du marché interbancaire.

    Quel scénario de sortie de crise privilégiez-vous ?

    « La baisse des taux concertée est un tournant décisif »Il est trop tôt pour dire que le pire est derrière nous. Pour moi, il y a deux options : une récession mondiale, au gré de laquelle on va purger les excès du passé et qui permettra de repartir fin 2009 avec de bien meilleurs fondamentaux. Mais il y a aussi un scénario noir, où les banques centrales ne parviendraient pas à relancer la demande mondiale. Ce serait le cas si les marchés de crédit restent bloqués ou si la Fed ne peut plus baisser ses taux. En Europe, la BCE conserve des marges d'action. Mais je crains qu'elle n'ait trop attendu. Les risques de récession étaient clairs dès le printemps. Il y a eu un certain aveuglement de la BCE vis-à-vis de l'économie réelle.

    Par les Echos
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