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Le développement rapide de la crise oblige la France à réviser son budget 2009

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  • Le développement rapide de la crise oblige la France à réviser son budget 2009

    Crise financière et récession rendent le budget 2009 caduc

    C'est l'une des conséquences de la crise : le projet de loi de finances (PLF) pour 2009 est dépassé, avant même que ne débute le marathon budgétaire à l'Assemblée. Les hypothèses macroéconomiques sur lesquelles il est bâti - une croissance de 1 % en 2009 et un déficit public stabilisé à 2,7 % du produit intérieur brut (PIB) - paraissent exagérément optimistes. Quant à la division par deux du rythme de progression de la dépense publique, elle inquiète la communauté des économistes qui redoute ses effets récessifs.

    Les dernières prévisions du Fonds monétaire international (FMI), datées du 8 octobre, sont assez alarmistes : la France et la zone euro y sont logées à la même enseigne avec une croissance limitée à + 0,2 % en 2009. Ce scénario, plus noir que celui retenu par le consensus des économistes (+ 0,7 à + 0,8) avant la faillite de la banque Lehman Brothers, est jugé désormais plausible. S'il se réalise, le déficit public pourrait friser les 4 % du PIB en France.


    "DÉGRADATION RAPIDE"


    Les conjoncturistes réajustent leurs hypothèses pour tenir compte de la détérioration de la situation. Michel Didier (COE-Rexecode) fait état d'une "dégradation extrêmement rapide" depuis le mois de septembre. Fin août, il tablait encore sur une progression du PIB de 0,7 % en 2009. Dans sa nouvelle fourchette de prévisions (entre - 0,5 % et + 0,5 %), il n'exclut pas une récession en 2009. "Depuis le 15 septembre, explique Eric Heyer (OFCE), on a l'impression que tout est mauvais, à l'exception de la baisse du prix du pétrole et de la dépréciation de l'euro par rapport au dollar. Et si les principaux risques devaient se conjuguer - un ralentissement mondial plus prononcé, une baisse accrue de l'immobilier et l'adoption éventuelle d'un plan d'austérité -, la croissance française pourrait être négative". Hervé Monet (Société générale) fait état d'un "violent retournement du secteur manufacturier et d'une chute de l'immobilier". Il s'attend à "une baisse assez forte de l'investissement des entreprises". "On peut avoir assez facilement soit une panne de l'économie, soit une récession en 2009", dit-il. "Début 2008, l'acquis de croissance était de 0,8 %. C'est à peu près ce que l'on aura fait. L'année 2009, elle, débutera avec un acquis nul", note Jean-Christophe Caffet (Natixis).



    Plus personne ne croit que le déficit public puisse être stabilisé à 2,7 % du PIB cette année. Même pas Gilles Carrez, rapporteur général du budget, qui n'exclut pas que les moins-values fiscales atteignent 7 milliards d'euros. En 2009, le déficit public serait de l'ordre de 4 % du PIB, inférieur de deux points au niveau atteint lors de la récession de 1993. Compte tenu des menaces élevées de récession, nombre de conjoncturistes s'interrogent sur l'opportunité de limiter à + 1,1 % en 2009 l'évolution de la dépense publique au lieu des 2,2 % constatés entre 1997 et 2007. "En 2009, on va rogner partout. Faut-il vraiment le faire alors que le chômage repart à la hausse et que la situation sociale va se tendre ? Je n'en suis pas sûr", analyse M. Heyer. "Pour éviter que le point bas ne le soit trop, il faudra bien augmenter les revenus réels. On n'y coupera pas", ajoute l'une de ses collègues.

    Bercy, pour l'heure, ne varie pas : "Nous menons une politique structurelle de recherche d'efficacité de la dépense publique qu'il faut poursuivre quelle que soit la conjoncture", assure l'entourage d'Eric Woerth. "Si la conjoncture est telle que les recettes fiscales sont moins importantes que prévu, nous ne ferons pas d'économies supplémentaires. Nous n'ajouterons pas la crise à la crise", précise M. Carrez. Les discussions concrètes démarreront le 20 octobre.

    Claire Guélaud (Le Monde)
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