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Noirs et Latinos préparent l'avenir aux Etats-Unis

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  • Noirs et Latinos préparent l'avenir aux Etats-Unis

    Tufara Waller Muhammad est ravie. Militante associative du sud profond de l'Arkansas, elle se retrouve ici, dans cet hôtel de luxe de Los Angeles, pour parler de son travail d'éducatrice sociale, de ses heures passées sur le terrain avec des jeunes d'origines et de cultures différentes. Longue robe jaune, coiffe étincelante, elle dit croire en un puissant mouvement civique issu des minorités : "Le moment est venu."

    A l'heure où Barack Obama creuse l'écart avec son rival républicain John McCain, près de 500 responsables associatifs hispaniques et africains-américains, comme Tufara, se sont réunis deux jours, cette semaine, à Los Angeles. Dans quel but ? Celui de resserrer les liens entre les deux communautés et de peser de tout leur poids sur les choix du prochain président américain. Un sommet "black-latino" inédit jusque-là à l'échelle nationale et qui devrait être le prélude à une manifestation de grande ampleur prévue à Washington au printemps prochain.

    Tufara n'a aucun doute, elle votera pour le candidat démocrate, "évidemment". La jeune femme sait que tous ceux qui sont réunis dans cette salle encombrée feront comme elle, même si ce "sommet" se veut non partisan. Impossible d'oublier les derniers sondages qui accordent une large préférence à Barack Obama. Près de 65 % des Latinos voteront pour lui et plus de 80 % d'Africains-Américains. A titre de comparaison, rappellera un intervenant, George Bush avait obtenu, à l'élection de 2004, un soutien record de la communauté hispanique avec 40 % de leurs voix.

    "Il y a eu des tensions entre nous au moment du choix des candidats lors de primaires, notamment dans certains Etats du Sud", reconnaît Angela Glover Blackwell, co-organisatrice de l'événement et présidente de PolicyLink, vaste réseau social d'entraide communautaire. Allusion à l'impuissance de Barack Obama à remporter, côté démocrate, le vote latino en Californie, dans le Nevada et au Texas ? "Toutes ces tensions sont désormais dépassées, ajoute-t-elle. Nous sommes dans une logique d'alliances entre les différentes organisations. L'espace est là. A nous de l'occuper et de faire entendre nos revendications auprès de la prochaine administration."

    Et ces revendications, il ne faut pas aller très loin pour y être confronté : devant les salles de réunion, entre quelques affiches de Barack Obama en vente sur des tables et des recueils de citations en anglais et en espagnol des leaders noirs des droits civiques, de grands panneaux rappellent les statistiques concernant les deux communautés.

    Des chiffres alarmants repris en boucle par les orateurs qui se succèdent. Un enfant latino sur trois et un enfant issu d'une famille africaine-américaine sur quatre naissent dans la pauvreté. Un jeune Noir né en 2001 a un risque sur trois d'aller en prison au cours de son existence. Un jeune Hispanique a une chance sur six. Ou encore, la moitié seulement des étudiants appartenant aux deux communautés terminent le lycée dans les temps...

    DOUZE MILLIONS DE SANS-PAPIERS

    Pour le sénateur californien Mark Ridley-Thomas, Noirs et Latinos représentent "les populations les plus fragiles et les premières touchées par l'actuelle crise des crédits subprimes". Une idée reprise par Antonio Villaraigosa, le maire de Los Angeles et ancien fervent soutien de la candidate Hillary Clinton. Evoquant les violences interethniques entre gangs hispaniques et noirs, le maire, originaire de Boyle Heights, un quartier d'immigration de l'est de la ville, a pris exemple sur ces zones urbaines où les communautés vivent côte à côte.

    Des communautés, a-t-il expliqué, qui doivent "surmonter ensemble" les problèmes liés à la pauvreté et au manque d'opportunités professionnelles, "sources de tensions raciales". Il lâche avant de quitter la scène sous les applaudissements : "Nous voulons tous la même chose !"

    "C'est le début d'un processus national qui, par notre nombre, nous permettra à terme d'occuper la scène politique", renchérit Antonio Gonzales, président de l'Institut William C. Velasquez, un centre de recherche hispanique. Fervent militant d'une légalisation des douze millions de sans-papiers installés sur le territoire des Etats-Unis, il explique : "Aujourd'hui, 9 % des électeurs sont hispaniques et 12 % africains-américains. En 2040, Latinos et Blacks représenteront, avec les Asiatiques, la majorité de la population des Etats-Unis. Cela crée une dynamique et rend possible une hégémonie nouvelle. A nous de réfléchir dès maintenant aux modèles que nous voulons mettre en place."

    Dan Lavoie est convaincu. Ancien journaliste à Chicago et membre lui aussi de PolicyLink, il résume les deux journées du sommet ainsi : "Barack Obama, s'il gagne, ne pourra pas tout faire en quelques jours. Nous serons là alors pour maintenir la pression." Et si John McCain l'emporte ? "Cela voudra dire que nous devons de toute façon nous rassembler."

    Par Le Monde
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