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ÉTATS-UNIS : Un désert mais pas de dromadaires

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  • ÉTATS-UNIS : Un désert mais pas de dromadaires

    Au nord-est du pays, dans l'Etat du Maine, les caprices de la nature ont formé au XIXe siècle un véritable petit désert de sable. Une curiosité et une histoire à découvrir en famille, relate The New York Times.

    Quand on parle de l'Etat du Maine, on songe à la brise marine, à la vue des bateaux partant le soir pour la pêche au homard. Mais, à quelques kilomètres de la côte, dans la ville de Freeport, une singularité géographique fait le bonheur des enfants et intrigue les adultes curieux depuis près de quatre-vingt-dix ans. Le "désert du Maine" n'est pas réellement un désert, mais y ressemble fort. Et bien qu'il soit devenu une attraction touristique, ce n'est pas un pseudo-Sahara fait de sable importé et de dunes préfabriquées. Créé par la nature, mis au jour par une erreur humaine, il est maintenant envahi par les badauds.

    La plupart des visiteurs prennent le petit train pour traverser en trente minutes ce paysage lunaire de 19 hectares. Des sentiers de randonnée accessibles à tous permettent également aux touristes de se promener librement. Par endroits, les dunes surplombent les chemins, maintenues par les arbres, qui constituent une barrière naturelle et empêchent le désert de s'étendre.

    L'histoire de cet étrange endroit commence il y a dix mille ans, lorsque les glaciers de la dernière ère glaciaire transformèrent lentement la terre et la roche en galets, puis en une substance sableuse appelée limon glaciaire, pour former une couche de près de 25 mètres de profondeur, dans certains endroits du sud du Maine. Ensuite, au fil des siècles, la couche arable a recouvert ce "désert", permettant à la forêt de pousser et aux colons fraîchement débarqués de cultiver la terre. En 1797, William Tuttle achète 120 hectares de cette excellente terre agricole. Il construit une immense grange en bois et exploite une ferme en associant élevage et agriculture. Ses descendants y ajoutent des moutons, pour vendre de la laine aux entreprises de textile. C'est ainsi, par manque de rotation des cultures et à cause du surpâturage des moutons – qui arrachent les plantes avec leurs racines –, que le sol commença à s'éroder, laissant apparaître d'étranges tâches.

    Un jour, un carré de sable de la taille d'un plateau-repas apparut. Voyant qu'il s'élargissait, la famille se mit à s'inquiéter. Mais il était déjà trop tard : le "désert" était né, et plus le sol s'érodait, plus le sable qui était en dessous émergeait. Les Tuttle ne s'avouèrent pas vaincus tout de suite. Durant plusieurs années, ils essayèrent de combattre l'inévitable. Lentement mais sûrement, le sable prit cependant le dessus, engloutissant bâtiments et pâturages. Au début du XXe siècle, la famille dut plier bagage. Un certain Henry Goldrup acheta la ferme en 1919, pour 300 dollars, et la transforma en attraction touristique six ans plus tard. A présent, le site attire quelque 30 000 visiteurs par an, selon les guides Mary et Bob Kaschub.

    Le contraste est frappant entre la luminosité des dunes et la forêt qui les entoure. Les paillettes de mica scintillent sous le soleil. Elles réverbèrent également la chaleur, ce qui explique les températures élevées au centre de l'étendue sableuse. Il n'est pas rare de voir le thermomètre dépasser 38 °C, assure Mary Kaschub. Guide depuis plusieurs années, elle a appris à respecter la puissance du sable. Un jour, raconte-t-elle, elle a été surprise avec un groupe par une énorme rafale de vent qui les a brutalement aveuglés et presque asphyxiés.

    Le jour de notre visite, un ciel clément nous a permis d'admirer l'étrange beauté de cet endroit et de compatir avec les malheureux Tuttle. Ils avaient bien essayé de faire des briques avec le sable qui assaillait leur ferme, mais, à cause de leur grande teneur en mica, les briques s'effritaient et se désagrégeaient. Dans les années 1950, le désert du Maine a accueilli un dromadaire appelé Sarah, pour renforcer l'ambiance de désert, qui avait malheureusement développé la fâcheuse habitude de mordre les visiteurs et de leur cracher dessus, et a donc finalement été envoyée dans un zoo.

    Repères
    A côté du "mini" et peu connu désert du Maine, les Etats-Unis comptent deux déserts mythiques, situés l'un et l'autre dans l'ouest du pays.
    • La Vallée de la Mort, réputée pour être le point le plus chaud de l'Amérique du Nord. Située à cheval sur les Etats du Nevada et de la Californie, "Death Valley" affiche en été une température moyenne de 46 °C, avec des pointes à 50 °C. Deux cents personnes seulement vivent en permanence dans cet endroit, principalement des employés du Parc national de la Vallée de la Mort.
    • Le désert Mojave, au nord-est de Los Angeles. Dans cette réserve nationale qui s'étend sur plus de 6 200 km2, les températures sont extrêmes toute l'année, nuits glaciales et journées brûlantes. L'endroit recèle de nombreux sites archéologiques, dont la plupart restent à explorer.

    - Le CourierInternational
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