Interview • Abderrafie Hanouf, directeur de Technopolis
Dans un entretien accordé au Matin, le directeur de Technopolis revient sur les soubassements de ce grand projet, ainsi que les objectifs qui lui sont assignés.
De même qu'il s'appesantit sur ses perspectives d'avenir
Le Matin : Pourriez-vous nous présenter le projet Technopolis en termes de concepts, de projections d'emplois et de coût ?
Abderrafie Hanouf : Technopolis est un projet de parc technologique multi pôles basé sur le concept de la « triple hélix » où l'on marie trois mondes : la formation, la recherche et l'industrie. Le projet est bâti autour de 4 pôles modulaires et complémentaires à savoir un campus universitaire axé sur des filières d'excellence, des centres de recherche et de développement technologique dans des métiers d'avenir, des espaces de valorisation de la R&D, des clusters dans des industries high-tech, des centres de production logicielle et de services à valeur ajoutée. Le projet se déploie sur 300 hectares en 2 grandes phases. La première de 107 Ha entièrement viabilisée aujourd'hui permettra de développer plus de 300 000 m2 de plancher avec un coût de 3,3 milliards de dirhams.
La seconde phase nécessitera autant d'investissement, sinon plus. Mais l'impact socio-économique de ce projet, qui est en parfaite ligne avec le plan de marche présenté par Mr Bakkoury il y a plus d'un an, est de nature à transformer radicalement la région de Rabat-Salé : plus de 30 000 emplois à créer d'ici 2013, un campus de 10 000 étudiants et un chiffre d'affaires en vitesse de croisière de plus de 15 milliards de DH.
L'ambition de Technopolis Rabat est de devenir une Cité de la Technologie qui va bien au-delà, dites-vous, des technopoles classiques d'offshoring. Pourriez-vous à travers les objectifs nous en expliquer les grandes lignes ?
Avec Technopolis, le Maroc met un pied dans le futur. Sa Majesté le Roi a donné dans ses orientations une forte impulsion pour faire comme il le souligne « de l'économie marocaine une économie émergente, intégrée à l'économie mondiale, fondée sur le Savoir, Profitant des opportunités qu'offre la mondialisation et capable d'attirer des activités à très forte valeur ajoutée».
Notre ambition est d'investir des filières en forte croissance avec un potentiel évident en terme de création de valeur. Bien sûr, les métiers de l'offshoring constituent une excellente opportunité à saisir et nous sommes en train de développer notre attractivité là-dessus. Mais, nous voulons également favoriser l'émergence d'activités à très forte valeur ajoutée autour des technologies de l'information, de la communication et du multimédia. Le positionnement sur de nouvelles niches technologiques comme la microélectronique, les nanotechnologies, les biotechnologies est la preuve que nous voulons prendre des parts de marché là où rarement des pays émergents osent aller.
Dans tous ces métiers, l'innovation et la recherche sont des composantes essentielles. C'est là-dessus que nous misons pour faire de Technopolis une grande cité technologique ou encore la vitrine technologique du Maroc de demain.
Quels sont les partenariats mis en place pour la réalisation du projet ?
Le projet est porté par
MEDZ et mené en partenariat entre le Groupe CDG, le ministère de l'Industrie, du
Commerce et des Nouvelles Technologies, la willaya de Rabat-Salé et la Préfecture
de Salé. D'autres acteurs nous accompagnent comme les Universités de la région, le CRI, l'ANAPEC et l'OFPPT. En fait, Technopolis est porteur d'une vraie démarche volontaire : réunir tous les acteurs économiques ainsi que ceux issus de la recherche et de la formation, afin de créer un cercle vertueux à même de générer de nouvelles offres basées sur l'innovation et des projets de R&D, avec une ambition mondiale. Des partenariats sont également noués à l'international avec des parcs technologiques similaires ainsi qu'avec des acteurs académiques et scientifiques de renom.
Quelle comparaison peut-on faire entre Technopolis de Rabat et Casanearshore ?
Technopolis et Casanearshore font partie d'une chaine d'une nouvelle génération de zones d'activités développées autour du concept de pôles de compétitivité et de clusters, par MedZ. Ces différents parcs sont complémentaires. Casanearshore par exemple est le porte drapeau de la politique offshoring du Maroc. Des parcs similaires mais de moindre envergure sont envisagés sur d'autres régions comme Fès et Marrakech en tenant compte à chaque fois de l'écosystème local.
Technopolis quant à elle est une technopole orientée vers les métiers et les niches technologiques à très forte valeur ajoutée, basés sur une interaction entre les mondes de la recherche, de la formation et de l'industrie.
Qu'est-ce que les nanotechnologies et que représentent-t-elles pour le Maroc en termes de marchés et d'avenir ?
Les nanotechnologies peuvent être définies comme l'ensemble des technologies de fabrication et de manipulation de structures et de systèmes à l'échelle du milliardième du m. Les applications sont aujourd'hui nombreuses et variées et couvrent des domaines qui vont de l'électronique au textile et aux cosmétiques en passant par l'informatique, le multimédia, la médecine et la santé. Le Maroc, en s'appuyant pour commencer sur les compétences à l'étranger et notamment aux Etats Unis et au Canada, peut investir avec succès ces nouvelles niches et faire partie d'un club select qui opère sur un marché à très fort potentiel.
Notre objectif est d'arriver à moyen terme à un chiffre d'affaires de 5 milliards de DH sur les trois filières : microélectronique, nanotechnologies et biotechnologies.
Quelles sont les grandes sociétés qui ont choisi la destination Maroc ?
Ce sont des leaders mondiaux qui ont choisi la destination Maroc. Sans être exhaustifs, nous pouvons citer : Cap Gemini, Accenture, Tata Consulting, Logica CMG, Atos Origin, Dell, EDS, Sofrecom, Sqli, Devoteam, … Une part non négligeable de ces firmes s'installe sur Rabat. Par ailleurs, des discussions avancées sont en cours avec de grands noms de l'outsourcing ainsi qu'avec des partenaires dans des industries high tech pour nous rejoindre sur Technopolis.
Le directeur de Cap Gemini en signant son contrat de bail à Casanearshore avait déclaré “Tout bien considéré, nous avons préféré le Maroc plutôt que l'Inde”. Le Maroc pourrait-il reproduire une success-story indienne ?
Nous pouvons effectivement devenir une grande plateforme régionale d'offshoring et nous avons tous les atouts pour, mais nous n'avons pas la prétention de concurrencer l'Inde avec son milliard d'habitants, son énorme vivier RH et sa part de marché qui frôle les 80%. Notre marché de prédilection devrait être l'Europe et plus spécialement les espaces francophone et hispanophone sur lesquels nous pouvons être leader dans la zone euro méditerranéenne. Nous devons ensuite et à moyen terme attaquer le multi-shoring en investissant dès aujourd'hui dans les langues.
Avons-nous les ressources humaines et les profils qu'il faut ? L'offre en formation de 10.000 ingénieurs suffira-t-elle ? Quel partenariat avec l'ANAPEC ?
Malgré l'effort public massif, la disponibilité de main d'œuvre qualifiée devrait rester tendue dans les prochaines années. Le marché de l'emploi en TIC pourrait donc manquer de fluidité et il sera nécessaire de sécuriser la croissance prévue du nombre de diplômés ainsi que la réorientation vers les TIC des diplômés d'autres disciplines scientifiques. La pression sur les ressources humaines qui engendrera une inflation des coûts salariaux risque d'entamer la compétitivité de la destination Maroc. C'est entre autres pour cela que nous avons voulu apporter notre contribution à l'effort national en lançant un pôle universitaire sur Technopolis. Le volet RH doit être notre cheval de bataille pour les années à venir. Les programmes mis en place par les pouvoirs publics doivent pouvoir compter sur la volonté et le dynamisme des acteurs impliqués : universités, secteur privé, OFPPT et ANAPEC. Le rôle de cette dernière est essentiel étant donné la souplesse de ses mécanismes, la pertinence de ses cursus, les moyens mis à sa disposition par l'Etat et la proximité qu'elle est à même de développer avec le monde de l'entreprise.
Dans un entretien accordé au Matin, le directeur de Technopolis revient sur les soubassements de ce grand projet, ainsi que les objectifs qui lui sont assignés.
De même qu'il s'appesantit sur ses perspectives d'avenir
Le Matin : Pourriez-vous nous présenter le projet Technopolis en termes de concepts, de projections d'emplois et de coût ?
Abderrafie Hanouf : Technopolis est un projet de parc technologique multi pôles basé sur le concept de la « triple hélix » où l'on marie trois mondes : la formation, la recherche et l'industrie. Le projet est bâti autour de 4 pôles modulaires et complémentaires à savoir un campus universitaire axé sur des filières d'excellence, des centres de recherche et de développement technologique dans des métiers d'avenir, des espaces de valorisation de la R&D, des clusters dans des industries high-tech, des centres de production logicielle et de services à valeur ajoutée. Le projet se déploie sur 300 hectares en 2 grandes phases. La première de 107 Ha entièrement viabilisée aujourd'hui permettra de développer plus de 300 000 m2 de plancher avec un coût de 3,3 milliards de dirhams.
La seconde phase nécessitera autant d'investissement, sinon plus. Mais l'impact socio-économique de ce projet, qui est en parfaite ligne avec le plan de marche présenté par Mr Bakkoury il y a plus d'un an, est de nature à transformer radicalement la région de Rabat-Salé : plus de 30 000 emplois à créer d'ici 2013, un campus de 10 000 étudiants et un chiffre d'affaires en vitesse de croisière de plus de 15 milliards de DH.
L'ambition de Technopolis Rabat est de devenir une Cité de la Technologie qui va bien au-delà, dites-vous, des technopoles classiques d'offshoring. Pourriez-vous à travers les objectifs nous en expliquer les grandes lignes ?
Avec Technopolis, le Maroc met un pied dans le futur. Sa Majesté le Roi a donné dans ses orientations une forte impulsion pour faire comme il le souligne « de l'économie marocaine une économie émergente, intégrée à l'économie mondiale, fondée sur le Savoir, Profitant des opportunités qu'offre la mondialisation et capable d'attirer des activités à très forte valeur ajoutée».
Notre ambition est d'investir des filières en forte croissance avec un potentiel évident en terme de création de valeur. Bien sûr, les métiers de l'offshoring constituent une excellente opportunité à saisir et nous sommes en train de développer notre attractivité là-dessus. Mais, nous voulons également favoriser l'émergence d'activités à très forte valeur ajoutée autour des technologies de l'information, de la communication et du multimédia. Le positionnement sur de nouvelles niches technologiques comme la microélectronique, les nanotechnologies, les biotechnologies est la preuve que nous voulons prendre des parts de marché là où rarement des pays émergents osent aller.
Dans tous ces métiers, l'innovation et la recherche sont des composantes essentielles. C'est là-dessus que nous misons pour faire de Technopolis une grande cité technologique ou encore la vitrine technologique du Maroc de demain.
Quels sont les partenariats mis en place pour la réalisation du projet ?
Le projet est porté par
MEDZ et mené en partenariat entre le Groupe CDG, le ministère de l'Industrie, du
Commerce et des Nouvelles Technologies, la willaya de Rabat-Salé et la Préfecture
de Salé. D'autres acteurs nous accompagnent comme les Universités de la région, le CRI, l'ANAPEC et l'OFPPT. En fait, Technopolis est porteur d'une vraie démarche volontaire : réunir tous les acteurs économiques ainsi que ceux issus de la recherche et de la formation, afin de créer un cercle vertueux à même de générer de nouvelles offres basées sur l'innovation et des projets de R&D, avec une ambition mondiale. Des partenariats sont également noués à l'international avec des parcs technologiques similaires ainsi qu'avec des acteurs académiques et scientifiques de renom.
Quelle comparaison peut-on faire entre Technopolis de Rabat et Casanearshore ?
Technopolis et Casanearshore font partie d'une chaine d'une nouvelle génération de zones d'activités développées autour du concept de pôles de compétitivité et de clusters, par MedZ. Ces différents parcs sont complémentaires. Casanearshore par exemple est le porte drapeau de la politique offshoring du Maroc. Des parcs similaires mais de moindre envergure sont envisagés sur d'autres régions comme Fès et Marrakech en tenant compte à chaque fois de l'écosystème local.
Technopolis quant à elle est une technopole orientée vers les métiers et les niches technologiques à très forte valeur ajoutée, basés sur une interaction entre les mondes de la recherche, de la formation et de l'industrie.
Qu'est-ce que les nanotechnologies et que représentent-t-elles pour le Maroc en termes de marchés et d'avenir ?
Les nanotechnologies peuvent être définies comme l'ensemble des technologies de fabrication et de manipulation de structures et de systèmes à l'échelle du milliardième du m. Les applications sont aujourd'hui nombreuses et variées et couvrent des domaines qui vont de l'électronique au textile et aux cosmétiques en passant par l'informatique, le multimédia, la médecine et la santé. Le Maroc, en s'appuyant pour commencer sur les compétences à l'étranger et notamment aux Etats Unis et au Canada, peut investir avec succès ces nouvelles niches et faire partie d'un club select qui opère sur un marché à très fort potentiel.
Notre objectif est d'arriver à moyen terme à un chiffre d'affaires de 5 milliards de DH sur les trois filières : microélectronique, nanotechnologies et biotechnologies.
Quelles sont les grandes sociétés qui ont choisi la destination Maroc ?
Ce sont des leaders mondiaux qui ont choisi la destination Maroc. Sans être exhaustifs, nous pouvons citer : Cap Gemini, Accenture, Tata Consulting, Logica CMG, Atos Origin, Dell, EDS, Sofrecom, Sqli, Devoteam, … Une part non négligeable de ces firmes s'installe sur Rabat. Par ailleurs, des discussions avancées sont en cours avec de grands noms de l'outsourcing ainsi qu'avec des partenaires dans des industries high tech pour nous rejoindre sur Technopolis.
Le directeur de Cap Gemini en signant son contrat de bail à Casanearshore avait déclaré “Tout bien considéré, nous avons préféré le Maroc plutôt que l'Inde”. Le Maroc pourrait-il reproduire une success-story indienne ?
Nous pouvons effectivement devenir une grande plateforme régionale d'offshoring et nous avons tous les atouts pour, mais nous n'avons pas la prétention de concurrencer l'Inde avec son milliard d'habitants, son énorme vivier RH et sa part de marché qui frôle les 80%. Notre marché de prédilection devrait être l'Europe et plus spécialement les espaces francophone et hispanophone sur lesquels nous pouvons être leader dans la zone euro méditerranéenne. Nous devons ensuite et à moyen terme attaquer le multi-shoring en investissant dès aujourd'hui dans les langues.
Avons-nous les ressources humaines et les profils qu'il faut ? L'offre en formation de 10.000 ingénieurs suffira-t-elle ? Quel partenariat avec l'ANAPEC ?
Malgré l'effort public massif, la disponibilité de main d'œuvre qualifiée devrait rester tendue dans les prochaines années. Le marché de l'emploi en TIC pourrait donc manquer de fluidité et il sera nécessaire de sécuriser la croissance prévue du nombre de diplômés ainsi que la réorientation vers les TIC des diplômés d'autres disciplines scientifiques. La pression sur les ressources humaines qui engendrera une inflation des coûts salariaux risque d'entamer la compétitivité de la destination Maroc. C'est entre autres pour cela que nous avons voulu apporter notre contribution à l'effort national en lançant un pôle universitaire sur Technopolis. Le volet RH doit être notre cheval de bataille pour les années à venir. Les programmes mis en place par les pouvoirs publics doivent pouvoir compter sur la volonté et le dynamisme des acteurs impliqués : universités, secteur privé, OFPPT et ANAPEC. Le rôle de cette dernière est essentiel étant donné la souplesse de ses mécanismes, la pertinence de ses cursus, les moyens mis à sa disposition par l'Etat et la proximité qu'elle est à même de développer avec le monde de l'entreprise.
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