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Histoire ordinaire de l'occupation à Jéricho

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  • Histoire ordinaire de l'occupation à Jéricho

    Jéricho - 15-10-2008

    Par Arno

    A Jéricho, nous avons pris une chambre dans l’un des 3 hôtels mentionnés sur le net, l’Isham Palace Hotel. Ce dernier n’a de palace que le nom, ce qui explique le cout modeste des chambres. On devine néanmoins que dans le passé, cet hôtel était fastueux. Nous décidons d’interviewer Naima, la femme qui nous a accueillis et qui parle un anglais correct. Nous voulons en savoir plus sur l’histoire de cet hôtel, sur les origines des blessures visibles qu’elle porte, un pansement sur un œil, un bandage à un bras....

    Elle nous explique que l’hôtel appartient à sa famille depuis 85 ans et qu’il était alors le lieu de résidence de la famille du roi jordanien Hussein quand celle ci se rendait à Jéricho. L’hôtel accueillait aussi nombres d hommes politiques importants. La ville était, selon elle, considérée comme riche, notamment car elle fournissait les alentours en eau et électricité.

    La mort du patriarche de la famille a entrainé le partage des biens immobiliers entre les nombreux membres de la famille et l’hôtel qui comptait 75 chambres, désormais tenu uniquement par l’un des fils, a commencé à péricliter.

    En 2005, les soldats israéliens ont occupé l’hôtel et l’ont dévasté avant de partir. Tout a été détruit, ce n est qu’avec les donations d’européens suisses et hollandais qui ont été témoins de l’attaque, qu’aujourd’hui, 10 chambres ont été rénovées et sont aujourd’hui utilisables. Elles ont aussi permis au propriétaire du lieu, le mari de la femme que nous interviewons de se faire soigner, suite aux graves blessures que les soldats lui ont infligées à a coup de crosse.

    Il en garde encore aujourd’hui des séquelles visibles. Naima nous explique qu’elle ne reçoit aucune aide extérieure hormis celle de ce groupe d hommes témoins de la violence des soldats et qui depuis s’investissent pour redonner vie au lieu et soutenir la famille.

    La situation des Palestiniens à Jéricho est identique à celle des habitants des autres villes au niveau de la pauvreté qui y règne. La plupart des gens subsistent avec presque rien, beaucoup sont au chômage. Cela explique selon elle le fait que personne ne donne de son temps pour aider à la rénovation du lieu.

    Interrogée sur ces blessures, elle nous raconte que le 23 septembre, les Forces d’Occupation Israélienne ont bouclé les deux rues qui bordent l’hôtel. Comme toujours, en réponse à leur présence, des pierres ont été jetées et les soldats ont chargé. Des Palestiniens poursuivis sont entrés dans la cour à l arrière de l’hôtel par un portail non fermé pour échapper aux soldats.

    Ceux ci les ont suivi et ont tiré avec du gros calibre, selon elle, avec des balles de type DoumDoum dans leur direction. Naima, après avoir fermé le portail de l’entrée principale dès l’arrivée des soldats dans la ville, se tenait dans la cour. Elle a été touchée par les éclats projetés par les tirs des soldats israéliens à la paupière, au front, au bras et à la cuisse.

    Son mari l’a immédiatement emmené à l’hôpital de Jéricho et là, devant la gravité de son état, elle a été conduite à l’hôpital de Naplouse. Depuis, elle a subi plusieurs opérations, principalement pour essayer de sauver son œil. Nous avons pu sentir au toucher que certains éclats n’avaient pas encore été extraits, notamment au front et au bras.

    Nous lui demandons si les FOI rentrent souvent à Jéricho. Nous savons que la ville n’a pas la réputation de résister à l’occupation comme le font Naplouse ou Jénine par exemple. D’ailleurs ici, nous ne voyons pas de photos de martyrs sur les murs. Elle confirme qu’en effet, l’armée israélienne vient environ une fois par mois dans la ville, la nuit et que peu de maison ont été détruites.

    Apparemment, beaucoup de Palestiniens sans emploi trouvent du travail dans les colonies illégales israéliennes environnantes en tant qu’employés de ménage ou d’entretien. On a peut être ici comme une normalisation de fait de l’occupation israélienne et nous ne pouvons pas alors ne pas tenir compte du fait que le Fatah prédomine ici. La collaboration de celui-ci avec l’occupant et sa forte représentation dans cette ville expliquent certainement que la terrible violence de l’occupation se fait ici moins sentir qu’ailleurs en Palestine.

    Naima finit par nous expliquer qu'en 2010, Jéricho fêtera ces 10000 ans d’existence et son statut de plus vielle ville du monde. Elle émet le vœu que d'ici là, la lente rénovation entreprise depuis 2005 sera achevée et que beaucoup de monde viendra à Jéricho. Elle souhaite faire de son hôtel le symbole de la ville lors de cet anniversaire. Un lieu d'exposition qui témoignera de l'histoire de cette ville. Ce rêve la tient debout.

    A notre dernière question sur sa vision de l'avenir des rapports israélo-palestiniens, elle nous dit que juifs et arabes peuvent vivre ensemble en paix comme ça toujours été le cas et qu'eux étaient prêts à partager. Nous avons souvent entendu cela et cela nous rappelle bien la bêtise du projet sioniste qui consiste à prendre par la force la terre alors que les Arabes disent souvent qu’il y avait de la place pour tout le monde et que la coexistence était possible.

    Pour finir, nous lui avons expliqué le sens de notre présence en Palestine et que cet interview serait lu par de nombreux francophones, que nous leur recommanderions, ce que je fais ici, que s'ils sont de passage à Jéricho et cherchent un hébergement peu onéreux, de ne pas hésiter à se rendre dans le centre ville au Isham Palace hotel.

    ISM

  • #2
    et cela nous rappelle bien la bêtise du projet sioniste qui consiste à prendre par la force la terre alors que les Arabes disent souvent qu’il y avait de la place pour tout le monde et que la coexistence était possible.
    Une fois qu'on a perdu la guerre, on peut se prétendre tolérant et hospitalier.
    Il suffit juste de lire l'évolution des chartes de l'OLP, au début, elles appelaient à l'expulsion des immigrants juifs et de leurs descendants, ce n'est qu'après moult défaites que l'OLP a accepté la présence des descendants d'immigrants juifs puis l'existence de l'état d'Israël. Et si on remonte encore plus loin en 1948, le slogan d'Amine Husseini était "falastine bladna wa alyahoud klabna" et le "modéré" ministre des affaires étrangères du Liban déclarait qu'il n'y avait pas assez de places pour tout le monde en Palestine et qu'il fallait virer au minimum 200 000 juifs.

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    • #3
      "...Une fois qu'on a perdu la guerre, on peut se prétendre tolérant et hospitalier....."
      vous avez entierement raison ; avec les sionistes il faut toujours reprendre la guerre perdue , mille et une fois s'il le faut car il n'on de respect que pour les forts . et d'ailleurs beaucoup de palestiniens se sont detournés de l'olp justement a cause des concessions qui sont faite chaque année sans resultat sur le terrain.
      "sauvons la liberté , la liberté sauve le reste"

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