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El maghili et les Touaregs

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    Tigheidet et les touaregs Kel Essuk
    La récolte, puis l’analyse des documents oraux recueillis sur le terrain de l’Adagh viennent corroborer les sources écrites qui indiquent que cette région fut une plaque tournante, de par sa situation centrale dans le monde targui, et une étape importante dans les mouvements successifs des populations berbères à travers le Sahara, du nord vers le sud, mais aussi d’est en ouest.
    C’est ainsi que nous essayerons, à travers l’analyse des traditions orales du groupe des Kel Essuk, d’avoir une idée, plus ou moins précise, sur le peuplement de l’un des centres commerciaux les plus importants du Sahara, durant le moyen âge : la cité de Tadamekket.
    Les traditions orales font de la tribu des Kel Essuk le résidu de la population ancienne de cette ville, d’où leur appellation.
    La mémoire collective des Kel Essuk actuels a gardé le nom d’un personnage féminin appelé Tigheidet (ce qui signifie la cabrette ), associé à la destruction de leur ville et auquel est conféré le double statut de chef local et d’ancêtre fondatrice du groupe.
    La version suivante donne de Tigheidet l’image d’une reine très riche, grâce, notamment, aux échanges caravaniers :
    “Tigheidet avait beaucoup de chameaux qu’elle envoyait en caravane à Gawgaw […]. Elle envoyait ses caravanes vers le fleuve (egariw), et recevait beaucoup d’invités (imagaren). On dit qu’il lui fallait trente charges de chameau en sel pour un seul repas.”
    Ces indications montrent à quel point la ville d’Essuk était prospère et nous donnent une idée de son importance de par sa situation géographique de choix sur l’axe caravanier qui allait de la Tripolitaine vers le Soudan, en traversant le Sahara central. Ce trafic était certainement intense, si l’on croit cette tradition, puisque Tigheidet recevait beaucoup d’invités. Elle donne également des indications sur l’existence des rapports économiques entre l’ancienne Tadmekka et les populations du fleuve, notamment la ville de Gao, la capitale des Askia.
    Selon la tradition orale des Kel Adagh, l’importance du personnage de Tigheidet dépasse le cadre d’un simple chef politique, pour apparaître comme l’ancêtre éponyme du groupe des Kel Essuk, c’est-à-de dire ceux qui tirent leur nom de l’appartenance à cette ville :
    “ L’ancêtre des Kel Essuk s’appelait Tigheidet ”.
    Cette indication, qui fait de Tigheidet l’ancêtre des Kel Essuk, montre que ces derniers étaient antérieurs à l’avènement des Iwallemmeden qui imposèrent le système patrilinéaire à l’ensemble des groupes de l’Adagh, vers le début du XVIIe siècle. Le système qui a été d’ailleurs à l’origine de leur émergence en tant que groupe dominant dans la région.
    La tradition suivante nous apprend qu’en plus des Kel Essuk, Tigheidet a engendré la tribu des Kel Teghlit, ainsi que celle des Imesghuras, une de leurs fractions*:
    “ C’est Tigheidet qui a engendré les tribus des Kel Teghlit, des Kel Essuk et des Imesghuras. Quand Essuk fut vaincue et détruite (terza), ses habitants ont fui. Avant, ils étaient tous ensembles dans leur ville ”. Il est à remarquer qu’entre la tribu des Kel Teghlit et celle des Kel Essuk de l’Adagh existent, actuellement, des rapports politiques très étroits qui impliquent une certaine prééminence des premiers sur les seconds. S’agit-il de la survivance de l’organisation sociale de la ville d’Essuk quand elle était prospère*?
    La tradition suivante est plus explicite sur la descendance de Tigheidet :
    “ Tigheidet a épousé un arabe et fonda la tribu des Kel Teghlit. Ceci, au moment même où Akkar Arabani, l’un des ancêtres des Kel Essuk, écrivait les tifinagh sur les rochers, ils écrivaient de Jaddata jusqu’à en Mauritanie. Dans tous les pays où il s’installait, il écrivait son nom et celui de ses enfants. Ces écritures existent jusqu’à présent ”.
    Dans cette tradition, il est dit d’une manière explicite que Tigheidet a engendré la tribu des Kel Teghlit, après avoir épousé un arabe. Ceci pourrait être compris comme une tentative de rapprocher la tradition orale qui présente les Kel Teghlit comme descendants d’Al Maghili, un chérif originaire de la tribu de Maghila (Tlemcen) du XVIe siècle, de celle qui les fait descendre de Tigheidet, un personnage féminin local qui les lie aux Kel Essuk et les renvoie à une origine autochtone très ancienne.

    Selon les écrits de Dida Badi
    Attaché de recherche au Centre National de Recherche Préhistorique, Anthropologique et Historique
    3 Rue F.Roosvelt, Alger,Algérie.
    Dernière modification par moha34, 20 octobre 2008, 08h38.
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