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Les éruptions du Vésuve reconstituées en laboratoire

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  • Les éruptions du Vésuve reconstituées en laboratoire

    Le Vésuve est entré en dormance depuis 1944, date de sa dernière éruption. Les autorités italiennes et la sécurité civile sont cependant toujours sur le qui-vive. En effet, près de 700 000 personnes vivent à proximité et l'agglomération napolitaine, l'une des régions les plus densément peuplées de la planète, ne compte pas moins de 4 millions d'habitants.

    La vigilance est d'autant plus grande que le volcan a causé de nombreuses catastrophes. En 79 apr. J.-C., une énorme explosion a enseveli sous la cendre les cités romaines de Pompéi et d'Herculanum, faisant près de 30 000 morts. Ce fut l'événement explosif le plus tragique, mais il y en eut beaucoup d'autres : Mercato ( 7 800 ans), Avellino ( 3 600 ans), Pollena (472 apr. J.-C.). Après cette date, le volcan a changé de régime : les éruptions sont devenues plus fréquentes (une tous les dix ans en moyenne) et elles ont pris un mode effusif et non plus explosif, avec des écoulements de fluides, principalement du basalte.

    Évidemment, les spécialistes s'interrogent sur cette évolution. Il est indispensable, en effet, de bien la comprendre pour évaluer les risques à venir. Des chercheurs de l'Institut des sciences de la terre d'Orléans (CNRS) apportent aujourd'hui de nouvelles données sur la nature de ces changements (Nature, 11 septembre 2008).

    Bruno Scaillet et Michel Pichavant ont reconstitué en laboratoire les conditions de température et de pression de la poche magmatique qui ont occasionné les principales éruptions intervenues au cours de la période explosive. Ils ont ainsi démontré que le réservoir magmatique n'a cessé de remonter vers la surface depuis Pompéi. En 79 apr. J.-C., il se trouvait entre 7 et 8 km de profondeur, mais 400 ans plus tard (Pollena), il se trouvait entre 3 et 4 km de profondeur.

    Mobilité considérable de la chambre magmatique

    «C'est un système très dynamique», s'étonne Bruno Scaillet. Cette mobilité considérable et rapide de la chambre magmatique va à l'encontre de tout ce que l'on enseigne aujourd'hui. Dans les manuels universitaires, on apprend au contraire que les réservoirs ont une position fixe. Des chercheurs américains avaient déjà montré que ce n'est pas le cas pour le mont Saint Helens. Maintenant, les deux chercheurs français le découvrent aussi pour le Vésuve. «Peut-être va-t-on s'apercevoir un jour qu'il y a deux sortes de volcans, signale le chercheur, ceux qui bougent et ceux qui ne bougent pas.»

    La migration de la chambre magmatique vers la surface entre 6 000 ans et 460 apr. J.-C. va dans le sens de l'évolution actuelle du Vésuve. La poche magmatique n'est plus énorme, confinée à de grandes profondeurs et riche en matières volatiles, comme lors de l'éruption qui détruisit Pompéi. On estime qu'à cette époque, 5 km3 de cendres et de boues avaient été expulsées dans l'atmosphère. Aujourd'hui, le magma est «confiné dans un entonnoir de filons épaissis», explique Michel Pichavant.

    Potentiellement, les risques d'explosion majeure semblent donc s'éloigner. Mais des interrogations subsistent. D'une part, le fait qu'il n'y ait plus eu d'éruptions depuis 1944 peut venir du fait que la cheminée du volcan est bouchée, ce qui ne serait pas bon. Enfin, des sondages sismiques récents ont détecté des signaux de réponses à 8 km de profondeur. S'agit-il d'un réservoir magmatique ou seulement de poches d'eau ? Les scientifiques demandent que de nouvelles recherches soient menées pour connaître sa vraie nature.

    Le travail des deux chercheurs est en tout point remarquable. Ils ont reproduit dans un autoclave, une grosse cocotte-minute, les conditions de pression et de température nécessaires à la production de roches chimiquement semblables aux différents échantillons recueillis sur place. Et ce avec seulement quelques milligrammes de poudre rocheuse enfermés dans des petites capsules en or.

    Par Le Figaro

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