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Crise financière : crise de la démocratie ?

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  • Crise financière : crise de la démocratie ?

    On est très loin, bien sûr, d’avoir envisagé toutes les conséquences mondiales et pas seulement économiques de l’incroyable crise financière de cet octobre noir des bourses mondiales.

    On se réfère souvent au précédent de 1929. Et l’on explique que ce n’est certes pas la même chose, mais tout de même la crise la plus grave depuis ce crack historique débouchant sur une grande dépression. De ce fameux "jeudi noir" à la Seconde Guerre mondiale, la débâcle s’est propagée dans le monde entier. Au cours d’une récession de dix longues années, les pays les plus concernés connaîtront d’importants bouleversements sociaux et politiques. La conséquence la plus connue est la montée du fascisme et du nazisme, contestation nationaliste du capitalisme face à celle internationaliste du communisme soviétique. C’est la démocratie fondée sur le capitalisme qui a été mis en cause.

    Il pourrait y avoir donc, cette fois encore, une menace sur les démocraties. Il faut se souvenir qu’après la chute de l’URSS, certains annonçaient la fin de l’histoire. Un seul système économique s’imposait, le capitalisme ultralibéral et ce système s’identifiait à la démocratie de type occidental qui devait donc s’étendre au monde entier. Cette thèse est celle des USA et de la communauté internationale, exporter la démocratie et son système économique c’est répandre la liberté et la prospérité dans le monde.

    On peut donc envisager un rude «choc en retour» économique et politique. Il est bien évident tout d’abord que malgré les beaux discours, quand il y a le feu à la maison, on n’arrose pas le champ du voisin. La politique d’aide internationale aux pays en voie de développement sera certainement réduite. A l’heure de la plus grande restructuration financière jamais entreprise aux Etats-Unis depuis la Grande dépression, les organisations humanitaires et les organisations non-gouvernementales (ONG) ont de bonnes raisons d’être inquiètes. Parallèlement à cette crise, pourtant, les prix de plus en plus élevés des denrées alimentaires et des carburants pénalisent particulièrement les populations pauvres de la planète. Face à la diminution des crédits internationaux, il est également probable que les investisseurs hésiteront bien davantage avant de s’engager dans de nouveaux projets.
    Certains pays pourront-ils connaître le syndrome islandais ? On peut le redouter. L'Islande, qui fait face à la plus importante crise financière de son histoire, a annoncé mardi avoir requis l'aide de la Russie pour tenter de maintenir son secteur financier à flot. Le premier ministre du petit pays nordique, Geir Haarde, a même évoqué la possibilité d'une faillite nationale. On notera à ce propos que c’est la première fois que la Russie vient au secours d’un pays occidental. La Russie va octroyer un prêt de 4 milliards d'euros à la banque centrale d'Islande afin de venir en aide au secteur financier de l'Islande en grande difficulté. Ces annonces interviennent au lendemain de l'annonce par le gouvernement islandais de la mise en place d'un arsenal législatif donnant la possibilité à l'Etat de diriger tout le système bancaire du pays nordique. L'économie islandaise est largement basée sur son système financier, qui représente huit à neuf fois son PIB. S'il va mal, c'est toute l'économie qui est ainsi menacée.
    Et pendant ce temps, personne ne parle du système bancaire suisse qui semble aller bien.

    Le déclin du capitalisme occidental permet à la Russie de se présenter comme nouvelle puissance financière mondiale de recours. Mais ce qui est vrai pour la Russie l’est certainement encore plus pour la Chine et les pays arabes du golfe. La crise financière internationale risque de relâcher les liens de l'Afrique avec l'Occident et de la rapprocher de marchés émergents, en particulier de la Chine. Le spectacle de l'effondrement de grandes banques occidentales alors que la Chine, premier partenaire de l'Afrique sur les marchés émergents, traverse la tempête sans trop de dégâts, risque d'avoir un impact politique, culturel et financier durable. Et alors que l'on assiste à un retrait des capitaux occidentaux des marchés émergents, la plupart des experts ne prévoient pas de réduction importante des investissements chinois. Ces derniers rentrent pour la plupart dans le cadre d'une stratégie à long terme visant à s'assurer des matières premières en lançant de grands projets d'infrastructure.

    La finance islamique par ses strictes règles éthiques (parfois contournées cependant dans le secteur des jeux) parait épargnée par la tourmente actuelle. La finance islamique regroupe des activités bancaires conformes à la loi coranique, la charia. Autrement dit, ses transactions financières respectent les règles économiques, sociales et politiques de l’islam. Elle prohibe également la spéculation. Une dernière restriction majeure est d’ordre sectoriel : sont interdits les placements dans certaines industries comme l’alcool, le jeu, le porc, les armes, la pornographie… Enfin, elle met en avant la notion de partage des risques et des profits entre les contractants. La dernière étude de Moody’s, une agence de notation et d’analyse financière, évalue ce marché entre 500 et 700 milliards de dollars. Certains produits affichent une croissance impressionnante, c’est le cas par exemple du marché des obligations islamiques, les sukuks. C’est un marché qui augmente de plus de 30 % par an. Clairement, le boom sans précédent des pétrodollars, qui coïncide avec l'essor de la finance islamique, est en train de créer une industrie des «pétrodollars islamiques» qui prend une place croissante dans le système financier global. Selon la firme londonienne International Financial Services (IFSL), les actifs investis en conformité avec les préceptes du Coran ont atteint 531 milliards de dollars en 2006, doublant depuis 2004. Quelque 267 banques islamiques opèrent au Moyen-Orient et en Asie. Les banques islamiques du Golfe détiennent une part significative de ce marché, qui est passée de 13% en 2003 à 17% en 2006. L'Iran, dont la part de marché atteint 33%, a globalement la plus grande pénétration en matière de finance islamique. Dans le Golfe, le marché de la finance islamique connaît sa plus forte croissance au Koweït et en Arabie Saoudite, soutenue par les musulmans riches de ces pays. Cette situation a incité la plupart des banques privées occidentales - notamment Citigroup, HSBC, UBS, Deutsche Bank et Lloyds TSB - à se lancer dans les «produits financiers islamiques» comme une classe d'actifs à part entière.

    La finance islamiste au secours de la démocratie capitaliste occidentale…. Ben Laden lui-même n’y a sans doute jamais pensé.

    Patrice Zehr
    Le Reporter
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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