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FMI : Vivement l'après-Strauss-Kahn

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  • FMI : Vivement l'après-Strauss-Kahn

    Pour le quotidien russe Vremia Novostieï, c'est avant tout l'incompétence professionnelle du directeur du Fonds monétaire international que permet de dévoiler le scandale actuel. Et au-delà, l'aberration que constitue le système d'élection des candidats à ce poste.

    L'information sensationnelle révélée le 18 octobre par le Wall Street Journal est venue, si cela était nécessaire, démontrer sans appel que la nomination du socialiste français Dominique Strauss-Kahn au poste de directeur général du Fonds monétaire international (FMI) avait été une erreur. Un an à peine lui a suffi pour se retrouver au cœur d'un scandale qui, selon toute vraisemblance, le conduira à la démission.

    Le Wall Street Journal a donc appris qu'au mois d'août le FMI avait demandé au cabinet juridique Morgan, Lewis & Bockius LLP d'enquêter sur un possible abus de pouvoir de la part de M. Strauss-Kahn envers l'une de ses subordonnées. Cette enquête a été déclenchée à l'initiative du doyen du conseil des représentants du FMI, l'Egyptien Shakur Shaalan, en accord avec les représentants des Etats-Unis et de la Russie.

    Naturellement, cette histoire rappelle en apparence celle du départ forcé de Paul Wolfowitz de son fauteuil de président de la Banque mondiale : on se souvient qu'il avait dû renoncer à son poste sous le poids d'accusations de favoritisme à l'égard de Shaha Riza, son amie intime de longue date. Toutefois, les similitudes entre cet épisode et l'affaire Strauss-Kahn ne relèvent pas du tout de la vie privée de ces deux hommes, mais concernent leur manque de compétences, leur méconnaissance des principes de fonctionnement des organisations financières internationales.

    Dans le cas de Strauss-Kahn, le problème vient aussi du mécanisme d'élection faussé qui l'a porté au sommet du FMI. Après le départ anticipé de son prédécesseur, l'Espagnol Rodrigo de Rato, la question de la succession s'était posée avec acuité : fallait-il rester fidèle à la tradition de proposer un candidat européen unitaire, ou allait-il être possible de procéder à une élection fondée sur les qualités des prétendants, quelles que soient leur nationalité et leur provenance géographique ?

    Nicolas Sarkozy, tout juste élu président de la République française, a imposé en force un Strauss-Kahn "candidat de l'Union européenne", en mobilisant toute sa puissance diplomatique et d'autres ressources (ce qui lui permettait par la même occasion d'écarter de la scène politique française le responsable socialiste le plus populaire, qui aurait sans doute été son adversaire à la présidentielle suivante). La Russie, voyant qu'il n'y aurait pas de véritable élection, et que le FMI allait encore perdre en légitimité, avait jugé indispensable de proposer la candidature d'un autre Européen, le Tchèque Josef Tosovsky, ancien Premier ministre et responsable de la banque centrale tchèque.

    Un bilan décevant

    Il n'est pas inutile de rappeler le jugement du Financial Times, en août 2007, en plein cœur de la campagne assidue de Strauss-Kahn : "Un candidat inadéquat, choisi de la mauvaise façon." Ce "candidat inadéquat" est pourtant devenu directeur général du FMI et n'a pas tardé à démontrer que son point fort était avant tout l'autopromotion. Parmi ses "succès" enregistrés en une année de travail, on peut distinguer trois initiatives : la réforme des quotas d'actionnaires dans le capital du FMI, destinée à augmenter la représentativité des pays en développement ; la campagne de réduction des dépenses du Fonds ; ses prétentions à jouer un rôle de "locomotive" dans la future réforme de l'architecture financière internationale dont la crise mondiale a montré la nécessité.

    La réforme des quotas fut un sacrilège. Ce qui est censé avoir été une réforme réussie de la structure du FMI et une diminution des coûts a engendré le départ des fonctionnaires qualifiés et une dégradation de la réputation du Fonds en tant qu'institution attirant les cerveaux les plus brillants. Enfin, dans les discussions sur la réforme de la finance internationale, Paris et son protégé du FMI ont pour l'instant énoncé beaucoup de belles phrases et peu de vraies idées.

    Quoi qu'il en soit, même si Dominique Strauss-Kahn s'efforce de conserver son poste, il va être contraint, avec sa faible autorité sur le plan international, un environnement professionnel qui le rejette, des employés du FMI qui ne lui font pas confiance, de partir avant le terme de son mandat (et tous ces jours-ci, les fonctionnaires du Fonds ne parlent que des nouvelles histoires qui pourraient sortir au sujet de la vie extraconjugale de leur chef). Dans un contexte de très grave crise mondiale, il ne fait aucun doute que la planète a besoin d'un FMI qui soit au maximum de ses capacités et de son efficacité.

    Malgré les promesses officieuses des grands pays européens, leurs dirigeants tenteront certainement de placer une fois de plus un "homme à eux" au poste de responsable du FMI. Beaucoup de choses dépendront de la prochaine administration américaine, surtout si c'est Barack Obama qui entre à la Maison-Blanche. En tout cas, personne ne doit plus douter que l'heure a sonné d'élire un véritable professionnel à la tête du FMI.

    Le Courrier International
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