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Pour la Chine, les bons de trésor américain sont le seule véritable refuge mondial

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  • Pour la Chine, les bons de trésor américain sont le seule véritable refuge mondial

    PARIS (Reuters) - Restée jusqu'ici relativement épargnée par la crise financière mondiale, la Chine a beaucoup à perdre si elle s'éternise ou dégénère en récession mondiale.

    Les autorités chinoises estimaient la semaine dernière encore que leur pays était toujours en bonne santé économique malgré un léger ralentissement de la croissance, mais elles travaillent malgré tout sur des scénarios destinés à parer à tout ralentissement des échanges internationaux, un moteur essentiel de l'essor économique chinois.

    "Une locomotive ne s'arrête pas d'un coup", précise Glenn Maguire, économiste à la Société générale, au vu du nouvel excédent commercial record enregistré par la Chine en septembre. Et si la croissance est tombée au troisième trimestre sous la barre des 10% pour la première fois depuis plusieurs années , elle reste toujours à un niveau enviable.

    Mais le pays est confronté à son tour à la question de confiance liée aux répercussions qu'une récession américaine et mondiale aurait sur son économie.

    "Je n'ai jamais trop cru à cette idée du découplage", commente Françoise Nicolas, économiste à l'Ifri, Institut français des relations internationales. "Regardez dans nos magasins, les économies sont maintenant trop imbriquées. Il y a des signes de ralentissement, beaucoup de choses s'accumulent dans les ports chinois, que l'on peine à écouler."
    Les géants miniers Rio Tinto et BHP Billiton viennent coup sur coup de mettre en garde contre un fléchissement de la demande chinoise en matières premières, et la dégradation des perspectives de demande américaine se fait sentir chez les fabricants chinois de jouets et de textile.

    UN MAILLON DEVENU INCONTOURNABLE

    La Chine est désormais un engrenage si essentiel de l'économie mondiale que la manière dont elle réagira peut être déterminante pour l'ampleur et la durée de la récession qui s'annonce. Devenu "l'usine du monde", le pays est aussi présenté comme l'eldorado qui devait permettre de compenser la faible croissance structurelle des marchés industrialisés matures.
    "La première chose que la Chine peut faire pour aider le système financier mondial et l'économie, c'est de continuer à croître rapidement", souligne Jean-Charles Sambor, économiste de TCW, filiale de SGAM (Société générale Asset Management). "Les Chinois sont conscients que l'enjeu n'est pas seulement domestique - avec à la clé la relative paix sociale qui règne sur place - mais aussi global, avec un impact important pour toutes les classes d'actifs."

    Pour prévenir ce risque, Pékin a déjà réduit ses taux d'intérêt à deux reprises ces dernières semaines. "Le pays peut également assouplir ses contraintes administratives et relancer l'investissement public. Cela n'empêchera pas la croissance de ralentir encore, mais devrait lui permettre de ne pas chuter en dessous du seuil des 7-8% qui serait une catastrophe pour tout le monde", poursuit-il.

    "La Chine est restée insensible à la crise financière grâce à son compte de capital relativement fermé. Ce qui me semble plus inquiétant, c'est qu'elle n'est pas du tout à l'abri des turbulences de l'économie réelle", ajoute Françoise Nicolas. C'est l'un des paradoxes chinois: le pays est l'un des plus ouverts du point de vue du commerce extérieur mais reste très hermétique à la globalisation de la Finance. Le système n'est pas sans faille, toutefois, comme le renflouement de la banque agricole Agbank vient de le rappeler .

    Autre paradoxe, la Chine, tentée de jouer un rôle plus actif sur la scène mondiale, est restée relativement discrète cet automne alors que le système bancaire américain a manqué de s'effondrer. Le fonds souverain chinois CIC avait injecté cinq milliards de dollars dans Morgan Stanley, mais ce coup de pouce remonte à décembre.

    "Pékin peut aussi jouer le chevalier blanc en investissant dans les secteurs en détresse des Etats-Unis ou d'Europe", ajoute Sambor. "Mais les fonds souverains des pays émergents se sont avérés étonnamment peu actifs, peut-être parce qu'ils ont perdu beaucoup d'argent sur leurs investissement pendant la première phase de la crise, fin 2007 et début 2008."

    Le bruit court également que Washington tenterait de convaincre la Chine, mais également le Japon et les grands exportateurs de pétrole, d'acheter davantage de Treasuries. "Encore un paradoxe, souligne Sambor. Si la note crédit des États-unis semble se détériorer, les obligations du Trésor américain restent le seul véritable refuge mondial. Personne n'a véritablement intérêt à voir une crise ébranler le dollar à cause de son impact sur la valorisation des réserves de change, notamment chinoises. La Chine devra donc continuer à financer partiellement le déficit américain."

    La banque d'affaires China International Capital Corp a plaidé la semaine dernière pour que la Chine achète des obligations du Trésor américain et contribue ainsi au renflouement du système financier des États-Unis. En échange, son chef économiste Ha Jiming estime que Pékin pourrait obtenir un assouplissement des restrictions sur les exportations américaines de produits de haute technologie vers la Chine.
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