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L'industrie automobile européenne se prépare à une sévère crise

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  • L'industrie automobile européenne se prépare à une sévère crise

    La production automobile européenne va tourner au ralenti jusqu'à la fin de l'année. Confrontés sur la première partie de l'année à la flambée du prix du baril de pétrole, puis au ralentissement économique et enfin à la crise financière, les constructeurs voient leurs ventes dégringoler. Sur douze mois, en septembre, les immatriculations européennes de voitures neuves ont chuté de 8,2 % après 15,6 % en août. Sur l'ensemble de l'année, le marché pourrait reculer de 8 %. Il y a encore quelques mois, les constructeurs anticipaient une baisse de 4 %.

    Confrontés à une baisse de leur pouvoir d'achat, les automobilistes qui voulaient changer leur voiture ont décidé de reporter leur achat. De plus, en Europe, 80 % des véhicules sont achetés à crédit, or les banques sont plus réticentes à prêter de l'argent en ce moment.

    La plupart des constructeurs sont contraints à réduire leur production. Présentant le chiffre d'affaires du troisième trimestre, vendredi 24 octobre, Christian Streiff, le président du directoire de PSA Peugeot-Citroën, a annoncé des "réductions massives de production" dans toutes ses usines en Europe. A Mulhouse, dixjours seront chômés d'ici la fin de l'année et la troisième équipe a été annulée. Le site de Rennes fermera pendant les vacances de la Toussaint et à Sochaux, treize jours d'arrêts sont programmés d'ici fin novembre. Les usines de Vigo et de Madrid en Espagne ainsi que celle de Trnava en Slovaquie ne sont pas épargnées.
    Jeudi, Patrick Pélata, pour sa première apparition en tant que directeur général délégué de Renault, annonçait lui une baisse de la production de 20 % d'ici la fin de l'année. "La crise est là et bien là et elle touche Renault", a-t-il déclaré en préambule. Conséquence : toutes les usines d'assemblage et de mécanique du constructeur fermeront en Europe de l'ouest pendant les congés de la Toussaint.

    "La question des stocks est l'un des points les plus délicats dans cette crise", a admis M. Pélata. Manifestement, personne n'avait anticipé une chute aussi forte de certains marchés en Europe, notamment en Espagne ou encore en Grande-Bretagne. Fin juin, la valeur du stock était de 6,5 milliards d'euros chez Renault. "Nous travaillons dur pour [le] ramener en dessous de 5,9 milliards à fin décembre. Nous faisons le même effort avec le réseau. Les concessionnaires ne sont pas dans un état financier qui leur permet de prendre des stocks", a expliqué M. Pélata. Chez PSA, il atteignait fin septembre 677 000 véhicules – dont 286 000 dans le réseau– contre 566 000 un an plus tôt.

    LA BOURSE N'A PAS APPRÉCIÉ

    La mévente et le gonflement des stocks vont fortement peser sur le niveau de la rentabilité au quatrième trimestre. L'objectif de marge opérationnelle (le rapport entre le résultat d'exploitation et le chiffre d'affaires) a été revu à la baisse. Renault ne prévoit plus qu'une marge opérationnelle comprise entre 2,5 % et 3 % alors qu'il visait en début d'année les 4,5 %. L'objectif de 6 % fixé dans le cadre du plan Renault Contrat 2009 par Carlos Ghosn, président de Renault, paraît dans ces conditions bien compromis. La Bourse n'a pas apprécié : le titre Renault chutait de 11,5 % à 22,4 euros, vendredi matin. PSA n'était pas mieux loti avec une baisse de 11,8 % à 15,7 euros, après l'annonce d'une marge de 1,3 % en 2008 contre 3,5 % prévus initialement.

    L'ensemble des constructeurs fait preuve d'un grand pessimisme. "Nous vivons des temps extraordinaires que nous n'avions jamais vécus auparavant. La crise financière se transforme en crise économique", a reconnu Dieter Zetsche, le président de Daimler (Mercedes). Le constructeur prépare un "programme plus complet pour ajuster la production aux marchés".

    Ferdinand Piëch, président du conseil de surveillance de Volkswagen (VW) et copropriétaire de Porsche a prédit "une traversée du désert" pour l'automobile, dans une interview au quotidien Bild Zeitung, jeudi 23 octobre. La filiale espagnole de VW, Seat, a décidé de réduire la production d'environ 21 000 voitures en novembre. BMW a diminué ses objectifs de production de 25 000 véhicules. Enfin Fiat prévoit un bénéfice 2009 en chute de 45 % au pire. L'usine de Mirafiori à Turin va fermer deux semaines au lieu d'une.


    Nathalie Brafman(Le Monde)
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