Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La crise n'est pas encore là mais le Nigeria se prépare

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La crise n'est pas encore là mais le Nigeria se prépare

    LAGOS - La crise et la récession n'ont pas encore atteint les côtes du Nigeria, mais visiblement le pays, affaibli par une production pétrolière et des cours du brut en baisse, se prépare au choc.

    Cette semaine, l'équipe économique du gouvernement s'est réunie au grand complet au Sénat pour élaborer des scenarios du pire et délivrer un double message: l'économie est encore stable, mais le tsunami peut arriver à tout moment.

    "La première question est: avons-nous une crise ici? et la réponse est non. Maintenant, sommes-nous à l'abri de la crise financière mondiale? Et la réponse est non, nous ne le sommes pas", a averti le ministre des finances Shamsuddeen Usman.

    Après des années de "gaspillage de la manne pétrolière", selon l'expression du patron du FMI Dominique Strauss Kahn de passage en février, le Nigeria semble être revenu à une gestion raisonnable de père de famille.
    L'une des premières mesures d'urgence prises a d'ailleurs été la semaine dernière de revoir à la baisse le budget 2009 pour tenir compte de la chute des cours du pétrole.

    "Nous avons pris une série de mesures importantes pour réduire les dépenses tout en augmentant leur efficacité", a déclaré sans plus de détails Shamsuddeen Usman après un conseil des ministres extraordinaire.
    Mercredi, le secrétaire d'Etat au pétrole Odein Ajumogobia a annoncé que le budget serait basé sur un prix "très prudent et conservateur" de 45 dollars le baril contre 59 pour le budget 2008 (l'Algérie a opté vendredi pour 37 USD).

    "Il faut être réaliste si nous voulons ête capables d'atteindre nos objectifs budgétaires en 2009", estime M. Ajumogobia.

    Si pour l'économiste en chef du quotidien d'affaire Business Day, Ogho Okiti, "c'est le premier signe que la crise est bien là", le représentant-pays de la Banque mondiale, Onno Ruhl, estime que c'est au contraire une "très bonne réaction": malgré le rêve affiché de faire entrer le Nigeria dans les 20 premières économies mondiales en 2020, l'Etat deviendrait finalement modeste et réaliste.

    En quelques mois le Nigeria, qui se dispute la place de premier producteur africain de brut avec l'Angola, a en effet vu ses rentrées pétrolières fondre de moitié.

    Qui plus est, alors que les autorités tentent depuis des mois de réformer la compagnie nationale NNPC, inefficace et incapable d'honorer ses engagements financiers dans les partenariats avec les multinationales, la production est toujours sérieusement affectée par l'instabilité et la violence dans la zone de production au sud: entre 1,8 et 2 millions de barils/jour contre 2,6 mbj il y a deux ans.

    Le ministre des finances reconnait que la crise économique globale pourrait "conduire à une réduction de nos exportations, spécialement de notre pétrole".

    Car paradoxalement, le talon d'Achille du Nigeria est aujourd'hui... le pétrole, sur lequel - avec le gaz - il a misé l'essentiel de son développement durant les années fastes de croissance mondiale, notamment en Asie avec la demande chinoise et indienne.

    "Moins de demande pétrolière = un prix moins élevé = moins de rentrées pour l'Etat = une baisse ou une non progression des réserves", analyse aujourd'hui M. Okiti.

    Un constat partagé par le président de la commission de planification du sénat, Sanusi Daggash, selon qui on "commence à apercevoir" au Nigeria les facteurs qui ont causé le crash international.

    Le patron de la Banque centrale, Chukwuma Soludo, s'évertue pour sa part à rassurer sur la santé du secteur bancaire réformé en 2006, affirmant qu'"aucune banque ne va faillir", que la monnaie est forte et les réserves en devises sont "très sûres" (environ 63 milliards de dollars).

    Onno Ruhl confirmait récemment ce jugement, précisant que le système bancaire local n'est pratiquement pas "exposé" aux risques venus des Etats-Unis. Qui plus est, souligne-t-il, le Nigeria n'emprunte pratiquement pas sur le marché international.

    (©AFP / 24 octobre 2008 17h11)
Chargement...
X