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Le Maroc peut devenir un hub du monde francophone

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  • Le Maroc peut devenir un hub du monde francophone

    INTERVIEW. avec Mehdi Sahel, directeur général de la filiale Tata Consulting Maroc. TCS est souvent présentée comme un état dans l'état. A elle seule, cette société, créée en 1968, emploie près de 30.000 ingénieurs dans pas moins de 50 pays.


    Parmi ses clients, on trouve les plus grandes multinationales pour le compte desquelles TCS fait du traitement à distance de l'information financière, comptable, de la gestion de fichiers... Bref, de l'offshoring, un secteur où les sociétés indiennes se sont taillé une renommée mondiale. Récemment, Ramadorai, président de TCS, et son bras droit, Tanmoy Chakrabarty, étaient au Royaume. Ils ont visité des écoles d'ingénieurs et des sites, comme le Technopark de Casablanca et ont été attirés par le potentiel de développement représenté par le Maroc. Aujourd'hui, la filiale marocaine de TCS est représentée par Mehdi Sahel, ingénieur télécoms passionné par son travail et par son pays.
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    LE MATIN-ÉCO : TCS est l'un des plus grands groupes indiens. On le présente comme un état dans l'état. Pouvez-vous le présenter à votre tour ?
    MEHDI SAHEL :
    Tata consulting services est une filiale du groupe Tata (qui en détient encore 79%) et la doyenne du secteur informatique indien puisqu'elle a été créée en 1968. Son chiffre d'affaires est de 5,7 milliards de dollars, ce qui en fait la plus grande entreprise du secteur en Inde. Sa croissance est importante entre 20 et 30% par année et nous sommes plus de 110.000 personnes dans le monde, un chiffre appelé à croître, compte tenu des nombreuses opportunités de délocalisation dans l'informatique. Notre présence principale se focalise sur le marché anglo-saxon, Etats Unis, Grande-Bretagne et pays asiatique.

    Aujourd'hui, la vocation de TCS est d'avoir un global delivering network model, c'est-à-dire un modèle de livraison et de développement global. Pour cela, il faut se rapprocher des centres et des clients. Nous avons ainsi commencé, il y a prés d'une décennie, en Amérique latine avec 30 personnes. Aujourd'hui, nous sommes 5.000 sur le Brésil, l'Argentine, l'Uruguay, le Chili... Ces marchés ne peuvent pas être traités en Inde, car il y a les obstacles de la langue, de la culture et de l'éloignement. L'objectif pour nous au Maroc est de reproduire ce qu'il y a en Amérique latine pour le monde francophone et traiter avec la Suisse, la Belgique, le Luxembourg, la France, mais aussi le Sénégal, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le Bénin... Le Maroc pourrait ainsi devenir un hub. C'est donc une extension par rapport aux besoins de la société mère.

    L'ambition est grande. Qu'n est-t-il des difficultés vous heurtez-vous ?

    Les ressources humaines. Aujourd'hui, nous recrutons et nous formons en même temps. Nous avons de gros clients comme AXA, Paribas, Areva… Et nous avons vocation à développer ces clients en Inde et au Maroc. Des choses peuvent se faire au Maroc et pas en Inde comme le BPO qui est difficilement reproductible en Inde. Il existe aussi des modules que nous n'avons pas au Maroc. Il y a une complémentarité indéniable que nous voulons faire jouer et un énorme potentiel que nous pouvons développer pour peu que nous réglions cette question de ressources humaines.

    Quels sont les atouts du Maroc dans ce marché qui est très concurrentiel dans la région ?

    Le Maroc a une position géostratégique des plus intéressantes. Le gouvernement a, d'autre part, une stratégie avec des moyens, des infrastructures, un plan de marche, une politique attractive en termes d'IGR, de création de technopoles comme en témoignent Technopolis Rabat-Salé et Casanearshore… Sur le marché de l'informatique, le Maroc a déjà un minimum pour se développer avec les call-centers. Notre objectif est de passer rapidement à 100 personnes ou à 500 personnes dans les trois prochaines années et pourquoi pas plus ?
    Notamment avec un développement de la formation. Quels sont vos projets dans ce sens ?
    Nous sommes en coopération avec le ministère du Commerce et de l'Industrie, avec l'OFPPT, l'ANAPEC... Nous avions signé une convention avec le gouvernement de Driss Jettou. Nous avons une filiale qui forme 60.000 personnes par an à travers un cursus de franchisés. Nous allons donc monter une structure de formation, Tata va apporter son know-how, son expertise, ses formateurs et nous allons sélectionner un certain nombre de sociétés de formation marocaines à travers tout le Maroc. Nous allons commencer à Rabat et Casablanca puis dans les villes universitaires là où il y aura création de technopoles : Oujda, Fès, Agadir, Marrakech... C'est un travail sur le long terme. L'objectif n'est pas la course, mais d'avoir les meilleures ressources humaines pour un marché qui démarre et qui est très prometteur.

    Comment s'est déroulé le partenariat avec Casanearshore ?

    Pour une société étrangère, il était important d'avoir un partenariat unique de qualité. C'est le cas.

    Pour que les choses marchent sur le long terme, que faudrait-il faire et que faudrait-il consolider ?

    Il faudrait mettre l'accent sur la formation, fidéliser les ressources humaines en leur donnant une évolution de carrière et anticiper sur les profils de demain. Le programme des 10.000 ingénieurs est une bonne initiative. Il faudra former 20.000 techniciens ou plus car les besoins sont là, importants et pas seulement dans le domaine de l'offshoring. Nous avons en effet des besoins dans le domaine de l'aéronautique, de l'automobile... Il faudrait veiller à ce que les salaires n'augmentent pas très vite car il y va de notre compétitivité.

    Il faut, dans un second temps, fidéliser les clients et les opérateurs. Rester à leur écoute, comprendre leur problème et faire un suivi sur le long terme, il faut donc une réactivité. Troisième point, c'est de la promotion entière du pays dont il s'agit avant la promotion de Casablanca ou de l'offshoring. Aujourd'hui, on vend d'abord la destination et il faut une promotion forte du Maroc à l'instar de ce qui se fait avec le Groupe d'impulsion France Maroc. Je le fais à mon niveau quand je vais voir mes clients et chacun doit avoir en tête la promotion du pays.

    Dans la crise internationale et actuelle du système financier, y a-t-il, selon vous, des opportunités que le Maroc pourrait saisir ?

    Je vous donnerais l'exemple de ce qui a été fait récemment par TCS. La crise des banques aux Etats-Unis a offert une opportunité pour TCS de racheter tout le back-office de City Group composé de 12.000 personnes pour 505 millions de dollars. Aujourd'hui et pour répondre à votre question, il y a des opportunités. Les entreprises doivent être plus compétitives et doivent faire des choix stratégiques concernant les métiers et des choix stratégiques d'externalisation. Oui, il y a des opportunités d'acquisition de sociétés, des opportunités pour attirer des créneaux nouveaux. Mais pour cela, il faut promouvoir les langues, notamment l'anglais comme ont fait les pays de l'Est. Il faut aller chercher les investisseurs, c'est ce que j'ai fait avec le groupe indien Tata qui devrait attirer d'autres groupes de ce pays. Tata est d'ailleurs déjà présent au Maroc à travers Tata Chemical et des joint-ventures avec l'OCP, dans l'automobile à travers Hispano assemblage de bus. Il a d'autres projets dans l'hôtellerie et le tourisme. Il y a eu une confiance mutuelle qui sert de levier.

    L'Inde est un pays complexe qui est aujourd'hui porté par une formidable dynamique…

    L'inde a une grande expérience dans la réduction de la fracture numérique. TCS vient de remporter plusieurs projets avec le passeport biométrique les services aux citoyens avec un objectif : réduire les procédures administratives, payer les factures, légaliser les documents administratifs, réduire le gap entre les citoyens et c'est ainsi que nous avons développé des solutions pour les gens qui ne savent ni lire ni écrire.

    Cela permet de transférer les savoirs à un plus grand nombre et pas seulement aux ingénieurs et techniciens. Nous avons, dans ce sens, une expertise que l'on espère partager avec le Maroc qui pourrait devenir à son tour une référence pour l'ensemble de la région. Nous avons des compétences nationales et de jeunes marocains formés à l'étranger qui rentrent dans leur pays. Dans notre société, plus de la moitié des cadres viennent de l'extérieur. J'ai même trouvé un Marocain qui était au Canada et aux Etats-Unis et qui a passé un an en Inde !
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