«Les journalistes algériens d’Al Jazeera ne reviendront pas»
«Il y a deux sortes de journalistes: ceux qui s’intéressent à ce qui intéresse le public et ceux qui intéressent le public à ce qui les intéresse, et ce sont les grands.»
Gilbert Cesbron
Extrait de Journal sans date II
Si demain l’Algérie ouvre son champ audiovisuel, les journalistes établis dans les différentes chaines de télévision à l’étranger, reviendront-ils au pays? Cette question mérite d’être posée pour parer à toute éventualité. Il n’est pas très sûr que des journalistes qui touchent au minimum,
l’équivalent de 200.000 DA par mois reviennent au pays pour toucher au moins la moitié. Lors du passage du président Bouteflika au Qatar, une journaliste de la chaîne Al Jazeera Children avait dit au président, devant les caméras de la Télévision nationale: «Si vous nous ouvrez le champ audiovisuel, on rentre au pays.» Près d’elle, la présentatrice vedette d’Al Jazeera, Khadidja Benguenna, s’était murée dans un silence. Normal, elle n’allait pas quitter son statut de vedette au Qatar pour revenir dans son pays, pour qu’on lui donne un poste de responsabilité dans un vaste bureau, écartée de toute lumière de caméra. Dans la vie, il faut parfois faire un choix: ou tu sers ton pays et tu te fais des ennemis à l’étranger, ou tu sers une nation étrangère et tu te fais des ennemis en Algérie. C’est la dure réalité des journalistes algériens établis à l’étranger aujourd’hui. Ils sont coupés de leurs racines et ne seront pas ou presque acceptés comme des valeurs sûres au retour, car l’Algérie est parfois rancunière et gardera ce sentiment d’avoir été, à un moment donné, abandonnée par ses enfants dans les moments les plus difficiles. Les Khadidja Benguenna, Madani Ameur, Messaoud Benrabie ou encore les Madjer, Mohamed Benali ou Derradji qui travaillent comme consultants dans Al Jazeera Sport, ne vont jamais revenir en Algérie... Ou tout au moins pas de cette manière. Comment peuvent-ils quitter des postes aux salaires qui dépassent les 6000 dollars par mois? Comment peuvent-ils quitter ces villas et ces demeures de luxe qui leur sont offertes gratuitement par leurs employeurs et qui sont loin de ressembler aux chambres délabrées de Sidi Fredj? Comment peuvent-ils quitter cet environnement où se mêlent 40 nationalités et où on vous juge selon la qualité de votre travail et non pas selon le poste que vous occupez? Comment peut-on quitter un pays qui vous accorde des crédits sans intérêt pour acheter un véhicule de luxe, des facilités immobilières quand vous ramenez votre femme et qui vous offre cet avantage de ne payer ni l’électricité, ni le gaz, ni les impôts?
Comment peut-on quitter cet univers où se mêlent luxe et technologie, tradition et simplicité? Enfin, comment peut-on quitter un environnement où le plan de carrière est déjà tracé et ne risque pas d’être chamboulé au gré des changements de gouvernements et de présidents?
Même si l’Algérie ouvre le champ audiovisuel, ces journalistes installés à Al Jazeera ou ailleurs, ne reviendront pas. En tout cas, ils ne quitteront pas le Qatar pour retravailler en Algérie. Ils pourront, néanmoins, proposer leurs services en tant que consultants car, malgré tous ces avantages, ces journalistes adorent leur pays et le défendent dans leurs discussions hors caméra dans les couloirs étroits des locaux d’Al Jazeera.
Amira SOLTANE (L'Expression)
«Il y a deux sortes de journalistes: ceux qui s’intéressent à ce qui intéresse le public et ceux qui intéressent le public à ce qui les intéresse, et ce sont les grands.»
Gilbert Cesbron
Extrait de Journal sans date II
Si demain l’Algérie ouvre son champ audiovisuel, les journalistes établis dans les différentes chaines de télévision à l’étranger, reviendront-ils au pays? Cette question mérite d’être posée pour parer à toute éventualité. Il n’est pas très sûr que des journalistes qui touchent au minimum,
l’équivalent de 200.000 DA par mois reviennent au pays pour toucher au moins la moitié. Lors du passage du président Bouteflika au Qatar, une journaliste de la chaîne Al Jazeera Children avait dit au président, devant les caméras de la Télévision nationale: «Si vous nous ouvrez le champ audiovisuel, on rentre au pays.» Près d’elle, la présentatrice vedette d’Al Jazeera, Khadidja Benguenna, s’était murée dans un silence. Normal, elle n’allait pas quitter son statut de vedette au Qatar pour revenir dans son pays, pour qu’on lui donne un poste de responsabilité dans un vaste bureau, écartée de toute lumière de caméra. Dans la vie, il faut parfois faire un choix: ou tu sers ton pays et tu te fais des ennemis à l’étranger, ou tu sers une nation étrangère et tu te fais des ennemis en Algérie. C’est la dure réalité des journalistes algériens établis à l’étranger aujourd’hui. Ils sont coupés de leurs racines et ne seront pas ou presque acceptés comme des valeurs sûres au retour, car l’Algérie est parfois rancunière et gardera ce sentiment d’avoir été, à un moment donné, abandonnée par ses enfants dans les moments les plus difficiles. Les Khadidja Benguenna, Madani Ameur, Messaoud Benrabie ou encore les Madjer, Mohamed Benali ou Derradji qui travaillent comme consultants dans Al Jazeera Sport, ne vont jamais revenir en Algérie... Ou tout au moins pas de cette manière. Comment peuvent-ils quitter des postes aux salaires qui dépassent les 6000 dollars par mois? Comment peuvent-ils quitter ces villas et ces demeures de luxe qui leur sont offertes gratuitement par leurs employeurs et qui sont loin de ressembler aux chambres délabrées de Sidi Fredj? Comment peuvent-ils quitter cet environnement où se mêlent 40 nationalités et où on vous juge selon la qualité de votre travail et non pas selon le poste que vous occupez? Comment peut-on quitter un pays qui vous accorde des crédits sans intérêt pour acheter un véhicule de luxe, des facilités immobilières quand vous ramenez votre femme et qui vous offre cet avantage de ne payer ni l’électricité, ni le gaz, ni les impôts?
Comment peut-on quitter cet univers où se mêlent luxe et technologie, tradition et simplicité? Enfin, comment peut-on quitter un environnement où le plan de carrière est déjà tracé et ne risque pas d’être chamboulé au gré des changements de gouvernements et de présidents?
Même si l’Algérie ouvre le champ audiovisuel, ces journalistes installés à Al Jazeera ou ailleurs, ne reviendront pas. En tout cas, ils ne quitteront pas le Qatar pour retravailler en Algérie. Ils pourront, néanmoins, proposer leurs services en tant que consultants car, malgré tous ces avantages, ces journalistes adorent leur pays et le défendent dans leurs discussions hors caméra dans les couloirs étroits des locaux d’Al Jazeera.
Amira SOLTANE (L'Expression)
Commentaire