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Le Combat Algérien

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  • Le Combat Algérien

    À l’homme le plus pauvre
    à celui qui va demi-nu sous le soleil dans le vent
    la pluie ou la neige
    à celui qui depuis sa naissance n’a jamais eu le
    ventre plein
    On ne peut cependant ôter ni son nom
    ni la chanson de sa langue natale
    ni ses souvenirs ni ses rêves
    On ne peut l’arracher à sa patrie ni lui arracher sa
    patrie.
    Pauvre affamé nu il est riche malgré tout de son nom
    d’une patrie terrestre son domaine
    et d’un trésor de fables et d’images que la langue
    des aïeux porte en son flux comme un fleuve porte
    la vie.

    Aux Algériens on a tout pris
    la patrie avec le nom
    le langage avec les divines sentences
    de sagesse qui règlent la marche de l’homme
    depuis le berceau
    jusqu’à la tombe
    la terre avec les blés les sources avec les jardins
    le pain de bouche et le pain de l’âme
    l’honneur
    la grâce de vivre comme enfant de Dieu frère des
    hommes
    sous le soleil dans le vent la pluie et la neige.

    On a jeté les Algériens hors de toute patrie humaine
    on les a fait orphelins
    on les a fait prisonniers d’un présent sans mémoire
    et sans avenir
    les exilant parmi leurs tombes de la terre des
    ancêtres de leur histoire de leur langage et de la
    liberté.

    Ainsi
    réduits à merci
    courbés dans la cendre sous le gant du maître
    colonial
    il semblait à ce dernier que son dessein allait
    s’accomplir.
    que l’Algérien en avait oublié son nom son langage
    et l’antique souche humaine qui reverdissait
    libre sous le soleil dans le vent la pluie et la neige
    en lui.

    Mais on peut affamer les corps
    on peut battre les volontés
    mater la fierté la plus dure sur l’enclume du mépris
    on ne peut assécher les sources profondes
    où l’âme orpheline par mille radicelles invisibles
    suce le lait de la liberté.

    On avait prononcé les plus hautes paroles de fraternité
    on avait fait les plus saintes promesses.

    Algériens, disait-on, à défaut d’une patrie naturelle
    perdue
    voici la patrie la plus belle
    la France
    chevelue de forêts profondes hérissée de cheminées
    d’usines
    lourde de gloire de travaux et de villes
    de sanctuaires
    toute dorée de moissons immenses ondulant au
    vent de l’Histoire comme la mer
    Algériens, disait-on, acceptez le plus royal des dons
    ce langage
    le plus doux le plus limpide et le plus juste vêtement
    de l’esprit.

    Mais on leur a pris la patrie de leurs pères
    on ne les a pas reçu à la table de la France
    Longue fut l’épreuve du mensonge et de la promesse
    non tenue
    d’une espérance inassouvie
    longue amère
    trempée dans les sueurs de l’attente déçue
    dans l’enfer de la parole trahie
    dans le sang des révoltes écrasées
    comme vendanges d’hommes.

    Alors vint une grande saison de l’histoire
    portant dans ses flancs une cargaison d’enfants
    indomptés
    qui parlèrent un nouveau langage
    et le tonnerre d’une fureur sacrée :
    on ne nous trahira plus
    on ne nous mentira plus
    on ne nous fera pas prendre des vessies peintes
    de bleu de blanc et de rouge
    pour les lanternes de la liberté
    nous voulons habiter notre nom
    vivre ou mourir sur notre terre mère
    nous ne voulons pas d’une patrie marâtre
    et des riches reliefs de ses festins.

    Nous voulons la patrie de nos pères
    la langue de nos pères
    la mélodie de nos songes et de nos chants
    sur nos berceaux et sur nos tombes

    Nous ne voulons plus errer en exil
    dans le présent sans mémoire et sans avenir

    Ici et maintenant
    nous voulons
    libre à jamais sous le soleil dans le vent
    la pluie ou la neige
    notre patrie : l’Algérie.

    "Le combat Algérien", de Jean Amrouche, Juin 1958

  • #2
    ... Depuis l'Algérie vit sous un autre joug...
    Le combat continue.
    « La voix de la mer parle à l'âme. Le contact de la mer est sensuel et enlace le corps dans une douce et secrète étreinte. »

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    • #3
      Combien ça coûte ?

      Dans son pays où tout est, injustement, cher, l’Algérien accepte, la plupart du temps, sans brancher d’être un vaut rien. (r.b)
      Dernière modification par rosier belda, 02 avril 2010, 13h00.
      "C’est la rivière qui apporte dans son cours l’espoir aux chercheurs d’or…Elle n’attend jamais de ces derniers qu’ils en remettent dans le sien" (r.b)

      Commentaire


      • #4
        .................................................. .................................................. ..........
        Dernière modification par rosier belda, 20 avril 2010, 14h35. Motif: Double emploi.
        "C’est la rivière qui apporte dans son cours l’espoir aux chercheurs d’or…Elle n’attend jamais de ces derniers qu’ils en remettent dans le sien" (r.b)

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        • #5
          effectivement Océane le combat continue ...

          rosier c'est bien grâce à la division et à la "politique" menée ....
          que nous et notre pays sommes ainsi devenu ...

          Commentaire


          • #6
            bien d'accord avec toi misn'thmourth.
            "C’est la rivière qui apporte dans son cours l’espoir aux chercheurs d’or…Elle n’attend jamais de ces derniers qu’ils en remettent dans le sien" (r.b)

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            • #7
              si je peux remettre sur le tapis cette parabole

              Du cirque de Caligula à la foire de Chikh Ammar qui grouille d’acrobates et d’équilibristes. La foire politique Algérienne est un ensemble de lignes imprécises. Des partis qui se mêlent, qui s’emmêlent et s’entremêlent.
              Il y’a ceux de la droite et qui sont très gauches. Ceux de la gauche qui sont tellement maladroits. Il y a ceux du droit qui sont injustes et des justes qui ne se trouvent pas d’endroit.
              Il y a des extrémistes qui se disent du centre, et des totalitaristes qui crient « vive la démocratie » alors je devins un tout azimut.
              Pour arriver à comprendre l’Algérie il m’a fallu comprendre ses castes.
              Il y a les BEN , les BOU et les Aît . Le premier et le second sont les détenteurs du pouvoir. Le reste est le sujet de ce dit pouvoir.
              Un jour Yasmine qui connaît toutes les histoires et les récits me raconta le comment et le pourquoi de cette « association » et elle dit :

              …il y a des siècles de cela (j’avais juste 20 ans) vivait sur cette terre promise à la vie un vieil amant de la paix. Il était maigre et chétif. Mais le peu de santé et de force qu’il avait lui suffisait amplement pour cultiver un bon lopin de terre et subvenir ainsi à ses besoins et à ceux de sa fille.
              Cet homme s’appelait AÏT et bien qu’il possédât la plus grande et la plus belle ferme du voisinage il se résigna à vivre dans la simplicité allègre d’un Fellah. Travaillant lui-même ses vergers.
              Sa fille Yasmine était une exaltation de beauté et de tendresse, ses joues étaient un doux duvet de pêche, ses yeux un océan de vie et d’amour. Sa peau était d’albâtre pur et ses cheveux des rais de lumière.
              Ils vivaient tout deux de grandeur d’âme et de sérénité. Jusqu’au jour ou vint frapper à leur porte deux étranges étrangers.

              Deux hommes nippés tel des vagabonds. Leur teint était sombre et leurs yeux vitreux. Et malgré leur apparente pauvreté ils avaient les mains chargées d’un inestimable présent.

              AÏT accueilli ses invités avec toute la chaleur et toute la grandeur des petits gens. Il partagea avec eux ses plus précieuses denrées et les installa dans ses plus belles gites. Les deux hommes étaient frères et venaient d’une lointaine contrée (le désert de la presque ile d’Arabie)
              Ils étaient grands et très bruns l’ainé s’appelait BOU et le cadet BEN.
              Dès qu’ils aperçurent Yasmine ils se disputèrent sa possession, le premier se grattait le *** en brandissant son droit d’ainesse et le second reprochait au premier la femme et les enfants laissés dans la tribu natale.
              Ils ne purent se mettre d’accord alors ils se mirent à courtiser hardiment la fille de leur hôte. Yasmine de son coté vivait la plus belle histoire d’amour avec le berger de la ferme voisine et s’arrangeait à fuir les regards pesants des « invités ».
              Péniblement BEN et BOU s’acclimatèrent à tant de verdure et de richesse. Ils vivaient dans la demeure d’AIT ce que leur prophète leur promettait dans l’au-delà. Alors pour prolonger leur séjour dans l’éden ils s’offrirent en main d’œuvre à leur hôte. Chose qu’il accepta avec beaucoup de joie. Il voyait en eux la prospérité de sa ferme et l’aide providentielle qui épaulera ses vieux jours.
              Quelque temps après ; BOU qui était diplômé de l’école de la malice proposa au vieux AIT d’élire un contre maitre pour diriger adroitement les affaires prospères de la ferme. Et une fois de plus AIT accepta. Ce fut BEN qui offrit de procéder à l’élection par la voie de la CHOURA que le vieux confondit tout de suite avec « Demos Cratos » cette grande notion hellénique.
              Les frères traitèrent leur hôte d’anti CHOURISTE lorsqu’il insista à inclure Yasmine dans le Medjliss. Ils lui crièrent l’infériorité de la femme et le « vrai » statut qu’elle doit subir. (le problème réglé) ils innovèrent à eux trois la première démence critique sur la terre de Massinissa.
              Le moissonnage du blé correspondait annuellement aux élections et AIT avalait péniblement la succession au poste de contremaitre d’un BEN ou d’un BOU qui avaient opéré une alliance officieuse leur donnant à tour de rôle une voix de plus sur leur hôte et rival.
              Contre vent et périls et après avoir tant de fois repousser les deux prétendants. Yasmine épousa son berger et quitta la demeure paternelle. Elle vécue des jours d’un bonheur inouï dans la petite cabane de son mari. Il l’enveloppait de tendresse et l’aimait de tout son cœur. Chose que les deux frères n’acceptèrent jamais. Alors un jour ; durant le mandat de BEN ils fauchèrent la vie du berger sous prétexte que ses brebis ravageaient « leur ferme ». Et ce fut la fin du bonheur de yasmine qui réintégra la ferme paternelle et vit les meurtriers de son époux prétendre à son lit. Elle les rejeta avec toute la rage de son deuil et se promit d’élever l’enfant d’amour quelle portait pour une fin de vengeance.
              De jour en jour AIT s’affaiblissait et le peu de courage que le travail pénible des champs lui laissé. L’âge et l’amertume l’achevaient. Il ne pouvait plus chasser ses « invités » il avait accepté leur présent et ca lui arrachait des gémissements de regrets.
              Ses invités d’hier sont devenus ses propres tyrans.
              Alité et au bord de l’agonie, il ne pouvait douter que ses « invités » harcelaient ; violaient et battaient son unique fille qui avait perdue son honneur et son enfant sous la perversité et le sadisme des deux frères… »
              Emporté par la douce voix de ma Yasmine à moi et bien que l’histoire était sordide et sans grand intérêt. Je me sentais l’unique spectateur du show le plus prestigieux qu’on puisse imaginer, et il était produit pour moi, et moi seul..

              « …grâce aux soins prodigués par Yasmine AIT reprit petit à petit des forces et soucieuse de sa santé ; elle ne lui fit jamais part des cruautés des deux frères. Elle se fanait dans son coin et broyait sa rage en silence.
              Des années passèrent.
              Et un jour pas comme les autres ; un homme d’une violence inconcevable démolit la porte d’AIT et se proclama de par sa force et son savoir l’unique contremaitre de la ferme. BEN et BOU trop gros et gras pour bouger et AIT trop faible pour quoi que ce soit plièrent aux exigences de l’étranger.
              Dans sa belle tunique rouge de conquérant il était rêche et menaçant. Et sous les coups de fouets BEN et BOU perdirent très vite leur graisse et AIT ne gardait plus que la peau sur les os. Il les fit trimer 16 heures par jour et rationna leur nourriture. Lui aussi abusa de Yasmine et la fit même travailler dans les champs comme une vulgaire paysanne.
              AIT se souleva et les godasses du nouveau maitre lui arrachèrent des hurlements.
              BOU rouspéta et les poings du maitre lui brisèrent les dents
              BEN ralla ; et le fouet le fit taire.
              Aucun des trois et moins encore Yasmine ne purent affronter l’étranger.
              Ainsi ils vécurent l’ère du colonialisme sous le joug et la persécution
              Dans ce malheur commun AIT éprouvait une nostalgie infinie pour l’époque ou lui et sa fille vivaient libres et joyeux ; il eut même de la peine à l’égard des deux frères ses anciens tyrans déchus ; ses nouveaux compagnons de la nouvelle misère.
              Il leur a fallu des années pour comprendre que seule l’union pouvait mettre fin à leur esclavage. Alors ; un jour d’automne ils décidèrent de prendre les armes et de former un seul front contre leur ennemi commun.et ce fut la grande guerre.
              L’ennemi était fort et immoral ; mais leur foi et leur courage se révélèrent d’une puissance intraitable.
              AIT se battait comme un fauve et BEN et BOU épaulaient ses exploits, jusqu’au jour de la dernière bataille. Pendant que AIT s’acharnait à chasser le colon des derniers mètres de son territoire BOU et BEN qui savaient la liberté proche se réfugièrent dans l’étable. Et ménageaient leur force en prévision du jour de la victoire. Le colon sorti les pieds devant mais les anciens nouveaux tyrans lui succédèrent et se partagèrent la ferme. AIT en mourut et Yasmine fut condamnée. »


              Ma Yasmine tisse de si beaux mensonges ! bien que je la sache mythomane je ne pourrais nier ou même douter du moindre mot qu’elle prononce.
              Même si vous ; vous ne la croyez pas ; laissez mon léger estomac digérer de si douces couleuvres.
              Juin 2003
              "En mode renaissance"

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