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A celle qui est voilée de victor hugo

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  • A celle qui est voilée de victor hugo

    Victor Hugo a été un géant.
    C'est Hugo qui, sans doute, a le mieux incarné le romantisme: son goût pour la nature, pour l'exotisme, ses postures orgueilleuses, son rôle d'exilé, sa conception du poète comme prophète, tout cela fait de l'auteur des Misérables l'un des romantiques les plus purs et les plus puissants qui soient. La force de son inspiration s'est exprimée par le vocabulaire le plus vaste de toute la littérature française, et tant la richesse que la variété de sa production ont de quoi étonner :
    Hugo a écrit de la poésie, des romans, de nombreux drames, mais aussi des essais littéraires et des pamphlets politiques, sans compter qu'il a tour à tour été stimulé par l'Orient, le Moyen Âge, les voix intérieures de la méditation, les paysages les plus paisibles ou les plus grandioses, l'action sociale et même les joies d'être grand-père.

    A celle qui est voilée

    Tu me parles du fond d'un rêve
    Comme une âme parle aux vivants.
    Comme l'écume de la grève,
    Ta robe flotte dans les vents.

    Je suis l'algue des flots sans nombre,
    Le captif du destin vainqueur ;
    Je suis celui que toute l'ombre
    Couvre sans éteindre son coeur.

    Mon esprit ressemble à cette île,
    Et mon sort à cet océan ;
    Et je suis l'habitant tranquille
    De la foudre et de l'ouragan.

    Je suis le proscrit qui se voile,
    Qui songe, et chante, loin du bruit,
    Avec la chouette et l'étoile,
    La sombre chanson de la nuit.

    Toi, n'es-tu pas, comme moi-même,
    Flambeau dans ce monde âpre et vil,
    Ame, c'est-à-dire problème,
    Et femme, c'est-à-dire exil ?

    Sors du nuage, ombre charmante.
    O fantôme, laisse-toi voir !
    Sois un phare dans ma tourmente,
    Sois un regard dans mon ciel noir !

    Cherche-moi parmi les mouettes !
    Dresse un rayon sur mon récif,
    Et, dans mes profondeurs muettes,
    La blancheur de l'ange pensif !

    Sois l'aile qui passe et se mêle
    Aux grandes vagues en courroux.
    Oh, viens ! tu dois être bien belle,
    Car ton chant lointain est bien doux ;

    Car la nuit engendre l'aurore ;
    C'est peut-être une loi des cieux
    Que mon noir destin fasse éclore
    Ton sourire mystérieux !

    Dans ce ténébreux monde où j'erre,
    Nous devons nous apercevoir,
    Toi, toute faite de lumière,
    Moi, tout composé de devoir !

    Tu me dis de loin que tu m'aimes,
    Et que, la nuit, à l'horizon,
    Tu viens voir sur les grèves blêmes
    Le spectre blanc de ma maison.

    Là, méditant sous le grand dôme,
    Près du flot sans trêve agité,
    Surprise de trouver l'atome
    Ressemblant à l'immensité,

    Tu compares, sans me connaître,
    L'onde à l'homme, l'ombre au banni,
    Ma lampe étoilant ma fenêtre
    A l'astre étoilant l'infini !

    Parfois, comme au fond d'une tombe,
    Je te sens sur mon front fatal,
    Bouche de l'Inconnu d'où tombe
    Le pur baiser de l'Idéal.

    A ton souffle, vers Dieu poussées,
    Je sens en moi, douce frayeur,
    Frissonner toutes mes pensées,
    Feuilles de l'arbre intérieur.

    Mais tu ne veux pas qu'on te voie ;
    Tu viens et tu fuis tour à tour ;
    Tu ne veux pas te nommer joie,
    Ayant dit : Je m'appelle amour.

    Oh ! fais un pas de plus ! Viens, entre,
    Si nul devoir ne le défend ;
    Viens voir mon âme dans son antre,
    L'esprit lion, le coeur enfant ;

    Viens voir le désert où j'habite
    Seul sous mon plafond effrayant ;
    Sois l'ange chez le cénobite,
    Sois la clarté chez le voyant.

    Change en perles dans mes décombres
    Toutes mes gouttes de sueur !
    Viens poser sur mes oeuvres sombres
    Ton doigt d'où sort une lueur !

    Du bord des sinistres ravines
    Du rêve et de la vision,
    J'entrevois les choses divines... -
    Complète l'apparition !

    Viens voir le songeur qui s'enflamme
    A mesure qu'il se détruit,
    Et, de jour en jour, dans son âme
    A plus de mort et moins de nuit !

    Viens ! viens dans ma brume hagarde,
    Où naît la foi, d'où l'esprit sort,
    Où confusément je regarde
    Les formes obscures du sort.

    Tout s'éclaire aux lueurs funèbres ;
    Dieu, pour le penseur attristé,
    Ouvre toujours dans les ténèbres
    De brusques gouffres de clarté.

    Avant d'être sur cette terre,
    Je sens que jadis j'ai plané ;
    J'étais l'archange solitaire,
    Et mon malheur, c'est d'être né.

    Sur mon âme, qui fut colombe,
    Viens, toi qui des cieux as le sceau.
    Quelquefois une plume tombe
    Sur le cadavre d'un oiseau.

    Oui, mon malheur irréparable,
    C'est de pendre aux deux éléments,
    C'est d'avoir en moi, misérable,
    De la fange et des firmaments !

    Hélas ! hélas ! c'est d'être un homme ;
    C'est de songer que j'étais beau,
    D'ignorer comment je me nomme,
    D'être un ciel et d'être un tombeau !

    C'est d'être un forçat qui promène
    Son vil labeur sous le ciel bleu ;
    C'est de porter la hotte humaine
    Où j'avais vos ailes, mon Dieu !

    C'est de traîner de la matière ;
    C'est d'être plein, moi, fils du jour,
    De la terre du cimetière,
    Même quand je m'écrie : Amour !

    victor hugo
    Contrairement a la douleur, le bonheur ne s'écrit, pas il se vit... Moi je ne sais qu'écrire

  • #2
    Viens ! de victor hugo

    Viens ! - une flûte invisible
    Soupire dans les vergers,
    La chanson la plus paisible
    Est la chanson des bergers.

    Le vent ride sous l'Yeuse
    Le sombre miroir des eaux,
    La chanson la plus joyeuse
    Est la chanson des oiseaux.

    Que nul soin ne te tourmente,
    Aimons-nous ! aimons toujours ! -
    La chanson la plus charmante
    Est la chanson des amours.

    V. Hugo
    Contrairement a la douleur, le bonheur ne s'écrit, pas il se vit... Moi je ne sais qu'écrire

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    • #3
      je trouve ce poême...apothéotique...vraiment extra!

      merci stranger.
      Passi passi werrana dipassi!

      Commentaire


      • #4
        merci a toi l'eco d'appreciée ce poeme
        moi aussi je le trouve extra
        Contrairement a la douleur, le bonheur ne s'écrit, pas il se vit... Moi je ne sais qu'écrire

        Commentaire


        • #5
          LE MOT( Victor Hugo)

          Le mot

          Braves gens, prenez garde aux choses que vous dites,
          Tout peut sortir d'un mot qu'en passant vous perdîtes,
          Tout: la haine et le deuil. Et ne m'objectez pas
          Que vos amis sont sûrs et que vous parlez bas.
          Écoutez bien ceci: tête-à-tête en pantoufle
          Porte close, chez vous, sans un témoin qui souffle
          Vous dites à l'oreille au plus mystérieux
          De vos amis de coeur, ou si vous l'aimez mieux
          Vous murmurez tout seul croyant presque vous taire,
          Dans le fond d'une cave à trente pieds sous terre,
          Un mot désagréable à quelque individu.
          Ce mot désagréable que vous croyez qu'on n'a pas entendu.
          Que vous disiez tout bas, dans un lieu sourd et sombre,
          Tenez: il est dehors, il connaît son chemin,
          Il marche, il a deux pieds, un bâton à la main,
          De bons souliers ferrés, un passeport en règle,
          Au besoin, il prendrait des ailes comme l'aigle.
          Il vous échappe, il fuit, rien ne l'arrêtera;
          Passe l'eau sans bateau dans la saison des crues,
          Il va tout à travers un dédale de rues,
          Droit chez le citoyen dont vous avez parlé;
          Il sait le numéro, l'étage, il a la clé,
          Il monte l'escalier; ouvre la porte, passe
          Entre, arrive et railleur; regardant l'homme en face
          Dit: Me voilà! Je sors de la bouche d'un tel!
          Et c'est fait: vous avez un ennemi mortel.

          Victor Hugo
          Contrairement a la douleur, le bonheur ne s'écrit, pas il se vit... Moi je ne sais qu'écrire

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          • #6
            hanson des oiseaux (V.hugo)

            Chanson des oiseaux

            Vie ! ô bonheur ! bois profonds,
            Nous vivons.
            L'essor sans fin nous réclame ;
            Planons sur l'air et les eaux !
            Les oiseaux
            Sont de la poussière d'âme.

            Accourez, planez ! volons
            Aux vallons,
            A l'antre, à l'ombre, à l'asile !
            Perdons-nous dans cette mer
            De l'éther
            Où la nuée est une île !

            Du fond des rocs et des joncs,
            Des donjons,
            Des monts que le jour embrase,
            Volons, et, frémissants, fous,
            Plongeons-nous
            Dans l'inexprimable extase !

            Oiseaux, volez aux clochers,
            Aux rochers,
            Au précipice, à la cime,
            Aux glaciers, aux lacs, aux prés ;
            Savourez
            La liberté de l'abîme!

            Vie ! azur ! rayons ! frissons !
            Traversons
            La vaste gaîté sereine,
            Pendant que sur les vivants,
            Dans les vents,
            L'ombre des nuages traîne !

            Avril ouvre à deux battants
            Le printemps ;
            L'été le suit, et déploie
            Sur la terre un beau tapis
            Fait d'épis,
            D'herbe, de fleurs, et de joie.

            Buvons, mangeons ; becquetons
            Les festons
            De la ronce et de la vigne ;
            Le banquet dans la forêt
            Est tout prêt ;
            Chaque branche nous fait signe.

            Les pivoines sont en feu ;
            Le ciel bleu
            Allume cent fleurs écloses ;
            Le printemps est pour nos yeux
            Tout joyeux
            Une fournaise de roses.

            Tu nous dores aussi tous,
            Feu si doux
            Qui du haut des cieux ruisselles ;
            Les aigles sont dans les airs
            Des éclairs,
            Les moineaux des étincelles.

            Nous rentrons dans les rayons ;
            Nous fuyons
            Dans la clarté notre mère ;
            L'oiseau sort de la forêt
            Et paraît
            S'évanouir en lumière.

            Parfois on rampe accablé
            Dans le blé ;
            Mais juillet a pour ressource
            L'ombre, où, loin des chauds sillons,
            Nous mouillons
            Nos pieds roses dans la source.

            Depuis qu'ils sont sous les cieux,
            Soucieux
            Du bonheur de la prairie,
            L'herbe et l'arbre chevelu
            Ont voulu
            Dans leur tendre rêverie

            Qu'à jamais le fruit, le grain,
            L'air serein,
            L'amourette, la nichée,
            L'aube, la chanson, l'appât,
            Occupât
            Notre joie effarouchée.

            Vivons ! chantons ! Tout est pur
            Dans l'azur ;
            Tout est beau dans la lumière !
            Tout vers son but, jour et nuit,
            Est conduit ;
            Sans se tromper, le fleuve erre.

            Toute la campagne rit ;
            Un esprit
            Palpite sous chaque feuille.
            - Aimons ! murmure une voix
            Dans les bois ;
            Et la fleur veut qu'on la cueille.

            Quand l'iris a diapré
            Tout le pré,
            Quand le jour plus tiède augmente,
            Quand le soir luit dans l'étang
            Éclatant,
            Quand la verdure est charmante,

            Que dit l'essaim ébloui ?
            Oui ! oui ! oui !
            Les collines, les fontaines,
            Les bourgeons verts, les fruits mûrs,
            Les azurs
            Pleins de visions lointaines,

            Le champ, le lac, le marais,
            L'antre frais,
            Composent, sans pleurs ni peine,
            Et font monter vers le ciel
            Éternel
            L'affirmation sereine !

            L'aube et l'éblouissement
            Vont semant
            Partout des perles de flamme ;
            L'oiseau n'est pas orphelin ;
            Tout est plein
            De la mystérieuse âme !

            Quelqu'un que l'on ne voit pas
            Est là-bas
            Dans la maison qu'on ignore ;
            Et cet inconnu bénit
            Notre nid,
            Et sa fenêtre est l'aurore.

            Et c'est à cause de lui
            Que l'appui
            Jamais ne manque à nos ailes,
            Et que les colombes vont
            Sur le mont
            Boire où boivent les gazelles.

            Grâce à ce doux inconnu,
            Adam nu
            Nous souriait sous les branches ;
            Le cygne sous le bouleau
            A de l'eau
            Pour laver ses plumes blanches.

            Grâce à lui, le piquebois
            Vit sans lois,
            Chéri des pins vénérables,
            Et délivrant des fourmis
            Ses amis
            Les cèdres et les érables.

            Grâce à lui, le passereau
            Du sureau
            S'envole, et monte au grand orme ;
            C'est lui qui fait le buisson
            De façon
            Qu'on y chante et qu'on y dorme.

            Il nous met tous à l'abri,
            Colibri,
            Chardonneret, hochequeue,
            Tout l'essaim que l'air ravit
            Et qui vit
            Dans la grande lueur bleue.

            A cause de lui, les airs
            Et les mers,
            Les bois d'aulnes et d'yeuses,
            La sauge en fleur, le matin,
            Et le thym,
            Sont des fêtes radieuses ;

            Les blés sont dorés, les cieux
            Spacieux,
            L'eau joyeuse et l'herbe douce ;
            Mais il se fâche souvent
            Quand le vent
            Nous vole nos brins de mousse.

            Il dit au vent : - Paix, autan !
            Et va-t'en !
            Laisse mes oiseaux tranquilles.
            Arrache, si tu le veux,
            Leurs cheveux
            De fumée aux sombres villes !

            Celui sous qui nous planons
            Sait nos noms.
            Nous chantons. Que nous importe ?
            Notre humble essor ignorant
            Est si grand !
            Notre faiblesse est si forte !

            La tempête au vol tonnant,
            Déchaînant
            Les trombes, les bruits, les grêles,
            Fouettant, malgré leurs sanglots,
            Les grands flots,
            S'émousse à nos plumes frêles.

            Il veut les petits contents,
            Le beau temps,
            Et l'innocence sauvée ;
            Il abaisse, calme et doux,
            Comme nous,
            Ses ailes sur sa couvée.

            Grâce à lui, sous le hallier
            Familier
            A notre aile coutumière,
            Sur les mousses de velours,
            Nos amours
            Coulent dans de la lumière.

            Il est bon ; et sa bonté
            C'est l'été ;
            C'est le charmant sorbier rouge ;
            C'est que rien ne vienne à nous
            Dans nos trous
            Sans que le feuillage bouge.

            Sa bonté, c'est Tout ; c'est l'air,
            Le feu clair,
            Le bois où, dans la nuit brune,
            Ta chanson, qui prend son vol,
            Rossignol,
            Semble un rêve de la lune.

            C'est ce qu'au gré des saisons
            Nous faisons ;
            C'est le rocher que l'eau creuse ;
            C'est l'oiseau, des vents bercé,
            Composé
            D'une inquiétude heureuse.

            Il est puissant, étoilé,
            Et voilé.
            Le soir, avec les murmures
            Des troupeaux qu'on reconduit,
            Et le bruit
            Des abeilles sous les mûres,

            Avec l'ombre sur les toits,
            Sur les bois,
            Sur les montagnes prochaines,
            C'est sa grandeur qui descend,
            Et qu'on sent
            Dans le tremblement des chênes.

            Il n'eut qu'à vouloir un jour,
            Et l'amour
            Devint l'harmonie immense ;
            Tous les êtres étaient là ;
            Il mêla
            Sa sagesse à leur démence.

            Il voulut que tout fût un ;
            Le parfum
            Eut pour soeur l'aurore pure ;
            Et les choses, se touchant
            Dans un chant,
            Furent la sainte nature.

            Il mit sur les flots profonds
            Les typhons ;
            Il mit la fleur sur la tige ;
            Il apparut fulgurant
            Dans le grand ;
            Le petit fut son prodige.

            Avec la même beauté
            Sa clarté
            Créa l'aimable et l'énorme ;
            Il fit sortir l'alcyon
            Du rayon
            Qui baise la mer difforme.

            L'effrayant devint charmant ;
            L'élément,
            Monstre, colosse, fantôme,
            Par Lui, qui le veut ainsi,
            Radouci,
            Vint s'accoupler à l'atome.

            On vit alors dans Ophir
            L'humble asfir
            Vert comme l'hydre farouche ;
            Le flamboiement de l'Etna
            Rayonna
            Sur l'aile de l'oiseau-mouche.

            Vie est le mot souverain,
            Et serein,
            Sans fin, sans forme, sans nombre,
            Tendre, inépuisable, ardent,
            Débordant
            De toute la terre sombre.

            L'aube se marie au soir ;
            Le bec noir
            Au bec flamboyant se mêle ;
            L'éclair, mâle affreux, poursuit
            Dans la nuit
            La mer, sa rauque femelle.

            Volons, volons, et volons !
            Les sillons
            Sont rayés, et l'onde est verte.
            La vie est là sous nos yeux,
            Dans les cieux,
            Claire et toute grande ouverte.

            Hirondelle, fais ton nid.
            Le granit
            T'offre son ombre et ses lierres ;
            Aux palais pour tes amours
            Prends des tours,
            Et de la paille aux chaumières.

            Le nid que l'oiseau bâtit
            Si petit
            Est une chose profonde ;
            L'oeuf ôté de la forêt
            Manquerait
            A l'équilibre du monde.
            Victor HUGO
            Contrairement a la douleur, le bonheur ne s'écrit, pas il se vit... Moi je ne sais qu'écrire

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