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L'immeuble confiné - العمارة المحجورة : feuilleton ramadanesque de FA

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  • #91
    Formidable !
    Bravo à tous..
    ga3 m'waline sen'3a..
    Que du bonheur..

    Hiro

    Superbe narration..

    La classe

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    • #92
      Salem , azoul , bonjour, hello ... wa akhawatiha

      Vraiment un grand plaisir de vous lire ( wech ykhabi had elforum ya ben3amiiii )

      Hiro comme d'hab qui donne une autre dimension a ce beau travail
      Ya3tikm saha

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      • #93
        Bonjour à tous

        On attend des invités

        Même décor. La mère et le père, chacun vautré sur un canapé avec un gros livre à la main.

        Le père ôte ses lunettes et se tourne vers la mère : «Hum… J’ai invité ton frère à venir aujourd’hui prendre du thé en notre compagnie… Aïe ! Zut ! Maintenant que j’y pense… et s’il a adopté un état d'esprit à ne pas aimer le thé et à préférer le café, la tisane, l’eau plate ou seulement tenir un verre vide à la main ? J’espère qu’il voudra bien me permettre de changer les termes de mon invitation.»

        La mère, ôte elle aussi ses lunettes et regarde le père : «Tu le connais, mon frère ?»

        Le père : «Probablement oui, s’il n’a pas changé de look. Ou peut-être pas du tout ! Cela fait trois jours que je n’ai pas eu une longue conversation avec lui.»

        La mère : «Il s’est converti hier matin au socratisme. Pour le connaître, on va lui demander ce que l’introspection lui a appris sur lui-même. On doit faire vite, avant qu’il ne se convertisse complètement à la doctrine du ‘‘Tout ce que je sais c’est que je ne sais rien’’ !»

        Le père : «Quoi qu’il en soit, on peut toujours parler de tout ce qu’on ne sait pas et ainsi de rien…»

        Arrivent la fille et le fils.

        Le fils s’incline face à sa sœur : «Vous voilà donc, non noble damoiselle. Nonobstant le fait que vous auriez dû nous épargner votre présence, dois-je toutefois annoncer mademoiselle ?»

        La fille : «Mon Dieu… Je vois que tu t’es gavé de films de cape, d’épée et de chevalerie… Heureusement tu n’es pas allé jusqu’à mettre une armure… Bon, d’accord… Faites donc, si cela vous embête… mortellement !»

        Le fils : «Allons, allons, damoiselle. Je ne vais pas faire cas de vos propos malveillants. Piquant ma crise de galanterie, je ne peux que dire ‘‘La petite sorcière morveuse d’abord !''»

        La fille : «Sachez, Monsieur Tête dans les cumulonimbus, que la galanterie n’est que la forme insidieuse, faussement soft du machisme. Mais que cela ne vous empêche pas de continuer à être galant et à me laisser toujours, malgré vous, passer devant vous !»

        Le fils : «Je le ferai volontiers et avec un immense plaisir au bord d’un gouffre !»

        Le père : «Venez ici, vous deux. On attend votre oncle et votre tante. Ils prendront avec nous du thé… ou des boissons à leur convenance !»

        Le fils, sautant littéralement de joie: «Super ! Tonton va encore nous réciter un de ses magnifiques poèmes.»

        La fille : «Ah bon. Celui de la dernière fois était tellement… tellement… bizarre… Peut-on vraiment appeler ça un poème ?»

        Le garçon : «C’est plus que de la poésie. C’est… c’est… Je l’ai appris par cœur.»

        Il se lève, se met face aux autres et se lance dans une déclamation :
        «Quel bonheur d’épier le monde derrière sa porte-fenêtre !
        Le voisin va passer, sûrement, pas du tout ou peut-être,
        Va-t-il promener son chien quand la lune va apparaître ?

        Ou ne le fera-t-il que quand je quitterai la porte-fenêtre ?
        Lorsque le soleil, sûrement, pas du tout ou peut-être,
        Dans le ciel du milieu de la nuit, il daignera apparaître !»
        Il s’arrête, attendant une réaction. Devant le silence des autres, il ajoute d’un air docte : «Veuillez noter, chère assistance, que Tonton vient de lancer ainsi un genre d’expression littéraire tout à fait inédit : la non-poésie très richement rimaillée. Comme tous les pionniers, il va recevoir un accueil froid de la part de la plèbe [il désigne de la main ses parents] et subir les critiques les plus acerbes de la part de non-initiés démunis de tout sens poétique [il pointe du doigt sa sœur]. Mais sachez que déjà, il a en moi un disciple et un continuateur. De ce fait, il vient ainsi d'inventer du coup, une nouvelle école littéraire...»

        Un ange passe…

        Puis, la mère : «Par pur népotisme, je ne vais pas émettre mon opinion sur ce machin… sur cet ensemble de mots pondu par votre oncle… Ne dit-on pas qu’il faut prendre le parti de votre frère qu’il soit un génie ou un idiot fini… Quant à mon cher fils, mon instinct maternel et l’amour que je suis obligée de lui porter, me rend, contre mon propre gré, fière de son immense bêtise...»

        La mère, à son fils : «Va ramener le plateau de thé et les gâteaux de la cuisine. Ton oncle ne va pas tarder...»

        Le fils : «A vos ordres, Ô maîtresse du foyer, ce foyer ardent qui sert à cuire nos rations bénies de tambouille ! Je vais suivre le conseil avisé d'un fameux formateur dans une école d’élèves officiers qui a dit ‘‘Il faut apprendre à obéir aux ordres même s’ils vous paraissent injustes et excessifs, vous apprendrez ainsi à être obéi !’’... J’y vais, j’y cours et promptement je serai de retour !»

        La mère au fils : «Si tu ne te dépêches pas, même au paradis, je ne prendrai pas de gants pour te marcher dessus... N’oublie pas que la voie vers le paradis passe sous les pieds de ta mère.»

        Le père : «Il faut disposer correctement les deux divans. Ils doivent former un angle entre cent trente et cent cinquante degrés, plus ou moins quarante degrés. Cela instaure un climat de cordialité et facilite les mouvements des protagonistes quand ils sont amenés à en arriver aux mains !»

        A sa fille : «Nous devons activer un peu. Tu sais que ton oncle est toujours ponctuel quand il n’a pas fixé de rendez-vous précis pour arriver… Mets les poissons dans le placard, pour qu’ils changent d’air et de vue… Sans les sortir du bocal ! Et prépare ce qu’il faut pour l’arrivée de ton oncle et de ta tante…»

        La fille hausse les épaules et se lève avec nonchalance. Elle allume un ordinateur portable et se met à tapoter sur le clavier.

        Fin de l’épisode.
        "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

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        • #94
          Bonjour alikum,


          A la demande de Vanilla


          Un autre foyer confiné !!



          ----------------- A3mi Idir
          Comme chaque matin, a3mi Idir descend à petits pas les marches d’escalier de son immeuble. Ce matin-là, il était habillé en gandoura et chachia blanches. Il tient par sa main droite le support de l’escalier, et une belle canne de couleur marron dans sa main gauche. Les voisins d’a3mi Idir qui montent et qui descendent l'escalier le saluent avec respect … Il avait une seule réponse à tout le monde : sbah el-khir yawladi !

          Le circuit d’a3mi Idir est connu : Il commence par le marché, pour faire les courses de la journée, chez le pharmacien si nécessaire, puis chez le buraliste du coin pour acheter le journal Liberté, il lui en réserve toujours un. Il finit le circuit dans le magasin de son ami El-Hadj Youssef pour papoter une petite heure autour d’un café avant de rentrer chez lui.

          En bas de l’immeuble, il croise Mme Ziane, dentiste au 3e étage du bâtiment.

          Mme Ziane : Bonjour a3mi Idir. Comment allez-vous ? Comme d’habitude, la petite sortie du matin ? Faites attention, aujourd’hui est le premier jour de confinement.
          A3mi Idir n’a pas tout saisi : Bonjour ma fille. Tout va bien merci. Et toi tu arrives à ton boulot ? C’est quoi le confinement ?

          A3mi Idir vit avec sa femme khalti Ljohar. Il a 92 ans et elle en a 86. Ils ont 2 garçons et 2 filles qui vivent ailleurs. Samir, l’ainé, tient un magasin de chaussures. Boualem travaille à la Sonatrach, Samia mariée et vit à Tamanrasset et Louiza fait ses études en France. A3mi Idir ne regarde pas cette TV fixée au mur et figée sur TV4 berbère. Khalti ldjohar la regarde parfois, notamment quand elle est seule à la maison. Mais elle reçoit les nouvelles du monde par ses enfants qui l’appellent souvent. Elle les résume à son mari au petit-déjeuner.

          Mme Ziane : A cause d’une nouvelle maladie, un nouveau virus qui circule dans le monde, il est contagieux, on doit limiter les déplacements. Et vous a3mi Idir, comme vous êtes âgé, de préférence vous restez à la maison.
          A3mi Idir : Oui ma fille. C’est ce que ta tante Ljohar m’a dit ce matin. Ce virus ressemble au Typhus alors. On l’a connu au temps de la guerre. Je suis obligé de sortir le matin pour faire mes courses, sinon le reste de la journée, je reste à la maison. Que Dieu protège sa nation. Nous ma fille, on est âgés. Tout ce que veut le bon Dieu pour nous, on est prêts.
          Mme Ziane : Oui je comprends a3mi Idir. Que Dieu nous protège tous. Moi aussi je ne vais pas venir souvent. Heureusement que je n’habite pas loin.

          Les deux voisins se sont souhaités une belle journée puis se sont séparés …

          Chez El-Hadj Youssef, la discussion a tourné autour du virus, confinement, nombre de morts, surtout parmi les vieux, dans le monde et dans le pays. Un sentiment de peur a fait frissonner tout le corps d’a3mi Idir qui baisse la tête comme signe d’impuissance. El-Hadj Youssef, ami de longue date, a remarqué cette fragilité chez le vieillard.

          El-Hadj Youssef : Idir mon ami, j’ai vécu la guerre avec toi. Tu étais mon chef dans le maquis. Qu’est-ce qu’on n’a pas connu comme dureté dans les montagnes. Rappelle-toi.
          A3mi Idir : Oui oui… Ah ces moments-là ... !! il marque un arrêt. Les larmes envahissent ses yeux et débordent sur son visage ridé…ému, il n’arrivait pas à finir ses mots.
          El-Hadj Youssef reprend la parole : je suis là grand frère ! Ce n’est pas aujourd’hui que je te lâcherais. Désormais, je préfère que tu restes à la maison avec ton épouse. Mon fils Rafiq s’occupera des courses de nos deux foyers jusqu’à la fin de cette crise. Il n’y aura aucune raison pour que tu sortes le matin.
          A3mi Idir essuie ses larmes avec un mouchoir en coton, puis le remercie : Que Dieu te bénisse petit frère …… de guerre et de paix.

          Les deux hommes se séparent soulagés après un nième test de leur fraternité et ont eu tous les deux un sentiment profond que celle-ci demeure aussi solide qu’au temps de la révolution.





          Dernière modification par Uzyin, 30 avril 2020, 14h00.

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          • #95
            الحاجّة عتيقة. ما حاجّة غير بالأقدمِيَة و عتيقة بمعنى الكلمة.ـ

            الحاجة عتيقة عند باب الباطيمة: "قويدر! يا قويدر! قرّب لْعندي يا داك المصڤوع... في بالي لازمك تزور طبيب باش تداوي ودنيك!"ـ

            قويدر: "آه... خالتي الحاجة... صباح الخير. اسمح لي ما شفْتَكشْ."ـ

            الحاجة عتيقة: "هي هاديك. ما شفتنيش. هاذا حد مْعَزّتي عندك... زيد قرّب. ما رانيش اسمهان و لاّ ريم حقيقي... قُل لي. سْمعت التاليَة ؟"ـ

            قويدر: "اللـه يْسَمّعنا سماع الخير! واش جرا؟ ياك لا باس؟"ـ

            الحاجة عتيقة جبدت قويدر لعنْدها و كيف إيلاّ تْخاليه: "على بالك بْديك الجماعة؟"ـ

            قويدر: "آش من جماعة؟ نروح نْعَيّط لَوْلاد الحومة، يجيبو مطارڤ و نصفّيوْ لحساب معاهم. ياك ما جاوْ ينشنشو وْرا بنات الباطيمة. ألي حاب يدراڤي، يروح بعيد ! هنا حومة شريفة."ـ

            الحاجة عتيقة: "إيه. قال لك حومة شريفة. هاذاك علاش بناتنا قعدو بايرات، ڤاع الرجال يخافو يقربو لهم... أوف عليك. ها انت تلّفت لي واش كنت حابّة نقول... قلت لك، كاين واحد الجماعة راهم دايرين مسلسل يحكيوْ فيه على باطيمتنا."ـ

            قويدر: "إيوا؟ كيفاش هاذ الشي؟"ـ

            الحاجة عتيقة: "الجماعة ألي يكتبو، هادوك خاطيهم، ما هوما غير مدمورين. كل شي من تحت راس هاديك ألّي سْمِيَتها فانيلاّ. تقول عليها تعطّر الحلوَة."ـ

            قويدر: "شكون هاذي لافانييْ؟ نعرفوها؟"ـ

            الحاجة عتيقة: "أنا شفتها ذاك النهار تدور من هنا. رحت عندها. هضرت معاها و فهمت بلّي هي كْتاتْبية حابّة تدير مسلسل على العمارة. أنا كنت حاسبة راهي ماشْية تْخرّج الرواية من راسها، و هي ترني كانت تْقَيَّد ف البرطمات باش تقسّم الحكاية على رباعتها... و نزيد نقول لك، راه على بالي وين يتلقاوْ."ـ

            قويدر: "إيا. تبارك اللـه عليك خالتي الحاجّة. غير قول لي وين. نروحو نْطيحو عَليْهِم بَغْتةً."ـ

            الحاجة عتيقة: "بخْتة تان. منين راكو تأتونَ بِهَذه العِباراتِ الغريبةَ؟... المهمّ. جاتك ساهلة انت. غير أروَح و طيح على فانيلا و جماعتها... تبّع الراي، غير خطيك منهم... عاود أوف منّك. ديما تلهيني على واش حابة نقول... اسمع لي مليح و دخّلها في راسك. هاديك الرباعة يتلاقاوْ ف واحد الجيهة يسميوْها فوروم ألجيري. ساهلة باش تعقل عليها، كيف وان تو ثري فيفا للجيراي."ـ

            قويدر: "إيوا... على حسابك واش لازم نديرو، نروحو نغَنّيوْ معاهم؟"ـ

            الحاجة عتيقة: "إيه... و ادّيوْ معاكم طبَل و الغايْطة و الفوميجان. بركات من الشكيل. اسمع و حل ودنيك، ما عليك يا ولدي غير تروح أنت و صحابك لهاداك فوروم ألجيري ، تقراوْ واش راهم يَكتْبو علينا و عمرو راسكم... عمرو راسكم... راه كلامْهم ظريف و شباب و يستاهل نعلّْقوه ف الدخلة تاع الباطيمة."ـ
            Mesdames et messieurs, je vous présente la bande-annonce du feuilleton

            Merci benam pour cette délicate attention, ca m'a fait tres plaisir. Et c'est vrai en daridja ca a un rendu magnifique

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            • #96
              Vanny

              Toutes mes félicitations.. La Vanisa !!

              Maître Benam t'a dressé un joli tableau..

              Da Vinci n'aurait pas fait mieux.. lol

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              • #97
                Maître Benam m'a désigné mes bévues.

                Je rectifie donc le fichier audio dans le message précédent.

                Avec mes excuses au maître

                Uzyin, ton récit est tres touchant. J'en ai eu les larmes aux yeux.

                Au fait tous les personnages dans ce feuilleton sont touchants. Merci encore à vous tous, vous nous régalez et le niveau y est.
                “Si je ne brûle pas, si tu ne brûles pas, si nous ne brûlons pas,
                comment veux-tu que les ténèbres deviennent clarté!”

                Nazim Hikmet

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                • #98
                  wouahhh que de talents ici, un vrai bonheur de vous lire..j ai eu un pincement au coeur pour l histoire d Uzyin trés touchant

                  Bravo à tous de nous régaler et au plaisir de vous lire.



                  Hirondelle, je n ai pas de mots , tu n arrêtes pas de m impressionner, tu as su passer les émotions , et ta voix est so cute. une voix 7loua...


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                  • #99
                    Coucou Hiro & Illu,

                    merci à vous
                    Oui, on a tous un proche comme 3mi Idir, du coup on pense à lui

                    Commentaire


                    • ...Bonjour à vous tous...là est mon petit coin de bonheur, venir vous lire...je le sais, non!!!ne jurez pas...vous êtes des ARTISTES et bravo encore à vous tous sans exception...
                      ...là Hiro, tu m'as donnée des frissons de joie en t'écoutant, oui je ne comprends pas l'arabe, désolée j'ai plutôt du mal à comrendre les mots...mais tu as su le traduire en plus en daridja ...wouaw merci ma chère

                      ...peur d'oublier les pseudos, à vous tous
                      ..."Le sourire que tu m'envoies, revient vers toi" ...

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                      • Miamo

                        Wow superbe récit thanks! Belle plume!
                        Pour lui, il y avait rabbi wenbi, elwaldine we siyerbi (CRB).

                        Tu as oublié de nous dire le nom du plombier? Serait-ce Boualem? Ou bien Ledjmou3i? balek Sha3ban?

                        Nuit_Bleue

                        Welcome to l'Immeuble Confiné

                        Quelle idée ingénieuse!!! Le confinement vu par un animal de compagnie!!! Simply splendid!!! Hate de lire la suite.

                        Boubibtis

                        Oooh ternek Nabil d'har 3endou i7sas, dans ton premier récit ken 3adim el i7sas ...l'effet du mariage sur

                        Nessy

                        T'as su algérianiser tes personnages illico presto. Bravo! J'aime bien le lien que tu as fait avec le personnage de Frozy!

                        Hiro

                        Merci pour la récitation, sublime comme d'hab!

                        benam
                        Le père : «Quoi qu’il en soit, on peut toujours parler de tout ce qu’on ne sait pas et ainsi de rien…»
                        Le fils : «Je le ferai volontiers et avec un immense plaisir au bord d’un gouffre !»
                        «Quel bonheur d’épier le monde derrière sa porte-fenêtre !
                        Le voisin va passer, sûrement, pas du tout ou peut-être,
                        Va-t-il promener son chien quand la lune va apparaître ?

                        Ou ne le fera-t-il que quand je quitterai la porte-fenêtre ?
                        Lorsque le soleil, sûrement, pas du tout ou peut-être,
                        Dans le ciel du milieu de la nuit, il daignera apparaître !»
                        Tu sais que ton oncle est toujours ponctuel quand il n’a pas fixé de rendez-vous précis pour arriver… Mets les poissons dans le placard, pour qu’ils changent d’air et de vue… Sans les sortir du bocal !


                        la non-poésie très richement rimaillée
                        benam j'espere marak tma3ni 3la hetta wahed fi FA...

                        Exquis benam, tout simplement exquis ton récit. Merci!

                        Uzyin

                        Bienvenue a l'immeuble confiné
                        Merci pour ton récit, tres touchant en effet! Je suis sure que tu nous concoctes une fin avec un philosophical twist, n'est-ce pas

                        PS:
                        Excusez-moi depuis que j'ai lu le mot "ternek" dans la bande d'annonce de benam j'arrive plus a m'en défaire, je veux l'utiliser a toutes les sauces ce mot. Ternek. Billah!

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                        • Partie 2

                          8h 30 du matin, encore dans mon lit. Un rayon de soleil sur ma joue. Mon regard posé sur Abdou. Je veille, il dort…Il ne fait que dormir ce paresseux.
                          On sent que le printemps est bien là. J’entends les oiseaux en concert…montrer leurs trilles dans leurs notes les plus aiguës. Et puis cette lumière de printemps si gênante. Elle est si indiscrète et impudique. Elle dévoile la poussière cumulée sous mes vieux meubles…toutes les taches que j’ai expressément laissé dans les recoins de mon vieil appartement. Le blanc de mes murs devient crème, le noir de ma vielle chiffonnière semble gris. Vous l’avez compris…Je déteste le printemps. Je préfère de loin l’hivers car il suffit d’avoir chaud pour se sentir bien. Le printemps est plus exigeant…et veut nous procurer un peu de bonheur. Quel leurre ! On ne peut lui faire confiance. Il est tel un amant volage, il vient nous courtiser, nous faire de l’œil, nous séduire et crac ! il plie bagage ! Et on ne sait jamais quand il reviendra. Éternel infidèle ! flirt entre l’hiver et l’été. On range nos écharpes et grosses doudounes, on dépose les armes qu’on avait fourbies pour nous protéger contre le froid et là, il nous prend en traître. Il envoie ses soldats lanceurs de pollen qui nous font sombrer dans de successives rhinites.
                          Il me fait rappeler aussi qu’il est temps de faire le grand nettoyage mais je n’ai plus vingt ans ! Au diable le ménage ! Les habitants comprendront…Je suis vieille et malade ! Ils n’ont qu’à le faire eux-mêmes leur nettoyage !

                          Je me décide de quitter le lit, faire mes ablutions pour salat Adhuha et me poser dix minutes sur mon vieux canapé, le temps d’un café. Soudain, on toque à ma porte ! Toc, toc, toc, toc. Quatre coups violents et impatients sur ma porte en bois rongée par les mites ! C’est quelqu’un d’étranger ! je reconnais la façon de toquer de tous les habitants de l’immeuble.

                          J’avance vers la porte et je regarde par l’œil de bœuf.
                          Ah ! C’est le nouveau ! qu’est-ce qu’il me veut ?!
                          J’entrouvre la porte prudemment et je dis :
                          - Oui ?! Qui ‘est-ce ?
                          - Akhir Elhadja ! Je voulais savoir si vous avez de l’eau car chez moi pas une goutte depuis hier soir ! rechigna-t-il
                          - Primo, t’es qui ? et deuxio je ne suis pas une Hadja. Que Dieu m’en préserve ! Je n’irai jamais chez ces voleurs qui ont souillé la terre sainte ! Dis-je horrifiée !
                          - Pardon ! pardon ! Je suis Bachir, le voisin d’à côté. Rachid m’a dit que s’il y a un problème, je toque à votre porte. Alors ?! demanda-t-il l’air agacé.

                          J’ouvre la porte et j’observe son visage. Boursouflé, enflammé, des centaines de boutons durs et blanchâtres qui déforment sa peau. Des cicatrices profondes d’acnés sur le front. Un épiderme aussi gras qu’une friteuse !
                          Je lui répondis :
                          - Matecharfine ! (enchantée) As-tu ouvert le robinet d’eau central dans la buanderie ?
                          - Euh, un robinet central ?!…J’ignorais son existence. Je vais voir !
                          - Attends ! tu ne le trouveras pas seul. Donne moi deux minutes, j’enfile mes pantoufles.
                          - Ah, merci ! vous êtes gentille !

                          Non, je ne suis pas gentille ! Je suis surtout curieuse. Je voulais me faire une idée sur lui.
                          J’enfile mes pantoufles et je le suis. Arrivés à sa porte, il chercha la bonne clé au milieu du trousseau qu’il avait entre les mains. Mais pourquoi, a-t-il fermé sa porte à clé ?! c’était juste une histoire de deux minutes et nos portes se trouvent à trois mètre l’une de l’autre. Me demandais-je.

                          Il ouvre la porte enfin et se met sur le côté, m’invitant à rentrer. Je pénètre la pièce. Une odeur de renfermé mêlée à celle de Aâmi Arezki me frappa. Il se parfumait au Ânbar (ambre gris) et je sentais encore cette odeur dans l’appartement.
                          C’est quasiment vide ! Un mini frigidaire, un matelas par terre, un vieux tapis perse enroulé à moitié, une table basse sur laquelle se trouve un ordinateur et un Iphone. Oui, je sais reconnaître les Iphones. La sulfureuse Zahia du 3 ème, vous vous souvenez ? a le 10, elle ! elle m’avait expliquée que tous les téléphones avec une pomme croquée sont des Iphones !
                          Mais ce qui m’a intriguée le plus est la dizaine de cartons par terre ! des cartons qui laissaient entrevoir des livres usés, des magazines de mode anciens avec des pin-up en couverture et de vieux journaux "Elmoujahid".
                          Je me dirige à la buanderie et je lui montre le robinet central. Il fallait pousser une frise murale pour pouvoir y accéder. Elle servait sûrement de coffre-fort autrefois.
                          L’air étonné, il s’écria :
                          - Bababaa, je ne l’aurais jamais trouvé ce robinet ! C’est une bonne cachette ! Merci Elhadja ! Ah..pardon, khalti ! dit-il en rigolant et laissant fuir quelques gouttelettes de salive…
                          - Je ne suis pas khaltek (ta tante). Je m’appelle Zohra !
                          - Enchanté Zohra…mais tu parais dure ! tu ne m’aimes pas, j’ai bien l’impression?!
                          - Je ne te connais pas ! je ne peux ni t’aimer ni te haïr.
                          - C’est vrai ! c’est vrai ! mais je suis un gentil garçon…
                          - Ça c’est toi qui le dis. Tu fais quoi dans la vie ? Tu es fiancé ?
                          - Euh…Pour le moment, je suis veilleur de nuit mais je vais bientôt ouvrir mon propre business à Blida…J'ai de gros projets!
                          Un veilleur de nuit ?! Comme si la nuit a besoin qu’on la veille, comme si sa propre noirceur lui faisait peur. Marmonnais-je.
                          - Fiancé ?! Nooon ! Trop jeune pour me mettre la corde au doigt et la bague au coup ! ahahaha ! continua-t-il.

                          Je décide de partir. Le laissant rire seul à sa blague pourrie.

                          En rentrant chez moi, je croise Aicha avec son hayek blanc descendant les escaliers. Aicha, un bout de femme menue, habitait l’immeuble bien avant que j’arrive moi. C’est une brave femme qui a élevé sa fille seule. On ne sait rien sur son mari. Y a ceux qui disent qu’il est mort la laissant enceinte et d’autres qui disent qu’il l’a abandonné. Allahou Aâlem !

                          - Mais où vas-tu Aicha ?! On est vieille et fragile ! nous ne devons pas sortir en ces temps de pandémie ! Rabi yestor !
                          - Bouuh ! Je ne vais nulle part ! Je venais te voir toi et t’inviter pour un café Allah Allah chez moi. J’ai préparé les Maqroud que tu adores, spécialement pour toi. Dit-elle en m'offrant son plus beau sourire.

                          Un café, des maqrouds, un ton mielleux ! elle me veut quelques choses la Aicha.
                          Je claque la porte de mon appartement et je la suis.

                          A suivre,
                          Dernière modification par FrozenRose, 01 mai 2020, 13h39.
                          Passi passi werrana dipassi!

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                          • Époustouflant !!

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                            • Bonsoir,

                              Ça fait plaisir de découvrir de vrais talents qui étaient dormants ici. Finalement, je crois qu'il y en a beaucoup qui ont raté leur vocation d'artistes.
                              FA devrait être rebaptisé Forum des Artistes et ça ne serait pas une usurpation de titres.

                              Vanilla,
                              Tu as oublié de nous dire le nom du plombier? Serait-ce Boualem? Ou bien Ledjmou3i? balek Sha3ban?


                              C'est pas un oubli mais il s'appelle Nounou. Pour l'instant, il est en dépannage. Il reviendra le week-end pour poursuivre sa ramadhan story.

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                              • Suite...

                                Nabil aimait bien bavarder avec Hadj Lakhdar, le concierge de l’immeuble qui a pris ses habitudes sur sa chaise en rotin posée à l’entrée de la porte de l’immeuble, un coin stratégique pour surveille elli dakhel welli kharedj (Les entrants et sortants). Cette chaise qui en est, comme l’était Hadj Lakhdar, témoin de bien d’évènements des plus heureux aux plus tristes en passant par les plus tragiques au plus burlesques et des plus égrillard aux plus pudiques. Hadj Lakhdar est, à lui seul, un pan entier de l’histoire de cet immeuble.

                                Après les anciens habitants de l’immeuble, il est originaire de Sétif qu’il avait quitté très jeune pour rejoindre le groupe des moussebiline d’Alger pendant la guerre contre le colonisateur. Il ne s’est jamais marié ni eu d’enfants.
                                Depuis qu’ils s’installèrent sa femme et lui dans cet immeuble du boulevard Zighoud, Nabil l’as toujours connu vêtu en toute saison d’une 3bayya marron ample qui dissimulait un corps maigre et chétif, d’un visage lisse sans aucune ride apparente, d’une 3emama blanche parsemée d’un fil doré et des chaussons qui ressemblent à des babouches dans leur couleur marron cuivré.

                                Hadj Lakhadar a, toujours, été bien habillé et tiré à quatre épingles (C’est toujours mieux que d’être tiré aux quatre coins d’un crucifix).
                                Son élégance amusait, tout particulièrement, Nabil qui ne rate aucune occasion pour le taquiner.

                                - Sbah el khir 3ami Lakhdar, waqila mrendef elyoum? (Bonjour Oncle Lakhdar. Ça doit être une sortie galante aujourd’hui ?) l’interrogeait Nabil d’un air espiègle

                                - Sbah el khir wlidi. Yaw elli fatou iyamatou ma yetma3 fi iyamat el ghir (Bonjour fiston ! Celui qui a vécu n’a nul besoin de désirer la vie des autres), lui rétorque le vieil homme

                                - Mazalet el baraka, 3ami Lakhdar (Il reste encore la baraka oncle lakhdar), dans le sens où la vie n’est pas encore terminée pour toi) dans une formulation presque machinale

                                - Wech men baraka wlidi? El baraka fikoum entouma essgher. Inchallah trefdou leblad we twesslouha ila mouqdimate el 2oumam (De quelle baraka parles-tu fiston ? La baraka est en vous, les jeunes. Que Dieu vous aide pour bâtir ce pays et l’emmener à la tête des nations)...répond 3ami Lakhdar avec un long soupir

                                - Amine 3ami Lakhdar mais had leblad ba3ouha men bekri ou ma chakitche rayha tarfed brass’ha. (Amine oncle Lakhdar mais je pense que ce pays est foutu depuis toujours. Je ne pense pas qu’on puisse en tirer quelque chose)

                                - Ma tqoulche had leklam wlidi. Wella entouma wlad’ha machi m2emnine biha chkoune rah ye2emen biha ? (Ne dis pas cela fiston ! Si vous, enfants de ce pays, n’y croyaient plus qui pourra le faire à votre place ?)

                                - Ih 3endek el haq 3ami Lakhdar. Ana rani mezroub. Lalla ba3the’tni naqdi lha sinon rayeh n’bat barra. (Tu as raison oncle Lakhdar. Je suis un peu pressé. Ma femme m’a envoyé faire les courses sinon je risque de passer la nuite dehors).

                                - Ih rouh wlidi. Allah yessehel (Oui vas-y fiston. Que Dieu te vienne en aide)
                                - Ma qbel ma nrouh, kach ma teshaq 3ami Lakhdar ? (Avant que je parte ! As-tu besoin de quelque chose oncle Lakhdar ?)

                                - Lala wlidi, ya3tik essaha. (Non. Merci fiston. Que Dieu t’accorde la bonne santé).

                                Nabil était, ce jour-là, à bien des égards, aussi pensif qu’elle est devenue sa femme Nawel. Depuis quelque temps, se réfugiait-il souvent dans des histoires toutes aussi éphémères où ses multiples maîtresses se trouvaient disséminées dans les quatre coins de la capitale : une banquière kabyle à Dely Brahim, une chaouia informaticienne à Fort de l’eau, une avocate un peu frivole à Cheraga et une vendeuse dans une boulangerie du quartier de Belcourt, dernière recrue à son tableau de chasse.

                                Nabil était convaincu que l’adultère est un droit accordé aux hommes qui savaient s’en servir sans tomber dans l’excès du péché. Cette hypothèse qu’il a toujours soutenue avec ardeur devant ses amis.

                                Longtemps, Nabil s’est efforcé à être lisse, effort exténuant l’avait, enfin avoué. Il a évité de faire des vagues avec sa famille, sa belle famille et ses amis. Il avait toujours mis en veilleuse son tempérament de peur de dériver loin des valeurs de la société dans laquelle il a grandi. En public, il s’attachait à prendre des mines du gendre idéal et des airs d’un écrivain modeste nageant dans la contemporanéité de son temps. Aimable avec tout le monde mais très exigent envers sa personne en tête à tête. Il effaçait tout ce qui dépassait pour laisser entrevoir une vie de vice et de dépravation.


                                A suivre...

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