Je découvre avec plaisir le talentueux Hadj Bachir Ali...
Était-ce ce même Hadj Ali? Peu importe. L’essentiel est qu’on trouve ou retrouve… les connections. Rien ne se perd, tout se reconnecte, comme disait Bejaï le fou Bejaï le sage, que son âme repose en paix. Bejaï qui souvent mettait à feu, mais jamais rien à sang, les bouts de papiers qui trainaient dans les ruelles étroites de la vielle médina, où, entre le basilic et le galant de nuit, certains cultivaient aussi bien l’avarice que l’envie. Cette médina qu’on appelait Nédroma el Krima, tant celle qui fut que celle qui ne fut point. Bejaï qui, adossé au mur, face au cimetière, le pied de grue et les yeux bleus impénétrables, parlait aux morts en fumant des mégots ramassés par terre…Bejaï vivait avec sa mère, dans la maison paternelle… Il avait tout pour être heureux: au sud-ouest, à quelques marches d’escalier, le hammam et le four banal. À l’ouest, l’atelier de tissage, qui, le soir, servait de salle de répétition à l’orchestre andalou. Entre le hammam et le four, la maisonnette et le jardinet de Si Bouâlem, où il cueillait la menthe en été et l’armoise en hiver. Au nord du sud, le cimetière, les cyprès sentinelles et pas loin, la mer… Mais une chose chiffonnait Bejaï: son voisin à l’est… son voisin qu’était aussi son cousin, qu’était aussi mon maitre à l’école, surnommé Zaâbour, avare et méchant comme une teigne, qui congelait son pain, ce pain qui n’existait que par son aspiration à être partagé, ce pain malade qu’a fini par lui ôter la raison. Ils partageaient le même mur, mais Bejaï ne pouvait le sentir.
Une belle nuit de pleine lune, Bejaï monta sur la terrasse, une pioche à la main, et commença à creuser la mitoyenneté. Zaâbour, réveillé par les coups de pioche, monta voir ce qui se passait:
“Bejaï, mais qu’est-ce-que tu fais?”
Sans le regarder, Bejaï répondit:
“Je divise ce mur en deux, je dois éloigner ta maison de la mienne. Lik nassek w’lia nassi, ghedoua n’kahhez darek âla dari “
Zaâbour:
“Mais Bejaï, c’est impossible de diviser un mur, va dormir”
Bejaï posa la pioche:
“Impossible? Regarde ma maison! Une maison de telle Beauté, de Bonté et d’Amour! Et un Zaâbour parmi ses voisins? Ça c’est impossible! Éloignons la pestilence de sa porte, le vent de l’Est se lève! Désolé, aucun Zaâbour admis ici. Un Amant? Alf salam. Le Zaâbour délibère, le Zaâbour réfléchis et calcule, tandis que l’Amour s’évapore.”
Je divague, vous direz… balek jani el hal walla ddatni mouja... Qu’a t-il à voir, ce Bejaï, avec Shéhérazade ou ses énigmes? Honnêtement, je n’ai aucune idée, mais peut-être qu’on trouvera une connection… la trame a toujours besoin de la chaîne pour être étoffe, et vice versa…
Mais il se fait tard… voilà l’aube qui se pointe, et j’imagine déjà le muezzin qui toussote… la suite, demain, si le bon Roi Shahriyar nous accorde un autre jour…




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