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Les énigmes de Shéhérazade

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  • #31
    Je découvre avec plaisir le talentueux Hadj Bachir Ali...
    eh oui, Bachi, tout vient à point à celui qui sait attendre... et comme dit plus haut, on a souvent sous-estimé Shéhérazade... c’est grâce à elle que je viens juste de (re)découvrir Bachir Hadj Ali… l’autre jour, je me suis rappelé vaguement, ou j’ai cru me rappeller, qu’un de mes cousins, plus âgé et eccentrique, avait une copie (photocopiée) d’une de ses oeuvres, et qu’il gardait, comme on garde un couteau, dans l’une des poches intérieures de son pardessus taillé plus grand… Il m’en lut, un printemps, au Café Moustache, sous le seul platane resté debout, quelques extraits…
    Était-ce ce même Hadj Ali? Peu importe. L’essentiel est qu’on trouve ou retrouve… les connections. Rien ne se perd, tout se reconnecte, comme disait Bejaï le fou Bejaï le sage, que son âme repose en paix. Bejaï qui souvent mettait à feu, mais jamais rien à sang, les bouts de papiers qui trainaient dans les ruelles étroites de la vielle médina, où, entre le basilic et le galant de nuit, certains cultivaient aussi bien l’avarice que l’envie. Cette médina qu’on appelait Nédroma el Krima, tant celle qui fut que celle qui ne fut point. Bejaï qui, adossé au mur, face au cimetière, le pied de grue et les yeux bleus impénétrables, parlait aux morts en fumant des mégots ramassés par terre…Bejaï vivait avec sa mère, dans la maison paternelle… Il avait tout pour être heureux: au sud-ouest, à quelques marches d’escalier, le hammam et le four banal. À l’ouest, l’atelier de tissage, qui, le soir, servait de salle de répétition à l’orchestre andalou. Entre le hammam et le four, la maisonnette et le jardinet de Si Bouâlem, où il cueillait la menthe en été et l’armoise en hiver. Au nord du sud, le cimetière, les cyprès sentinelles et pas loin, la mer… Mais une chose chiffonnait Bejaï: son voisin à l’est… son voisin qu’était aussi son cousin, qu’était aussi mon maitre à l’école, surnommé Zaâbour, avare et méchant comme une teigne, qui congelait son pain, ce pain qui n’existait que par son aspiration à être partagé, ce pain malade qu’a fini par lui ôter la raison. Ils partageaient le même mur, mais Bejaï ne pouvait le sentir.
    Une belle nuit de pleine lune, Bejaï monta sur la terrasse, une pioche à la main, et commença à creuser la mitoyenneté. Zaâbour, réveillé par les coups de pioche, monta voir ce qui se passait:
    “Bejaï, mais qu’est-ce-que tu fais?”
    Sans le regarder, Bejaï répondit:
    “Je divise ce mur en deux, je dois éloigner ta maison de la mienne. Lik nassek w’lia nassi, ghedoua n’kahhez darek âla dari “
    Zaâbour:
    “Mais Bejaï, c’est impossible de diviser un mur, va dormir”
    Bejaï posa la pioche:
    “Impossible? Regarde ma maison! Une maison de telle Beauté, de Bonté et d’Amour! Et un Zaâbour parmi ses voisins? Ça c’est impossible! Éloignons la pestilence de sa porte, le vent de l’Est se lève! Désolé, aucun Zaâbour admis ici. Un Amant? Alf salam. Le Zaâbour délibère, le Zaâbour réfléchis et calcule, tandis que l’Amour s’évapore.”

    Je divague, vous direz… balek jani el hal walla ddatni mouja... Qu’a t-il à voir, ce Bejaï, avec Shéhérazade ou ses énigmes? Honnêtement, je n’ai aucune idée, mais peut-être qu’on trouvera une connection… la trame a toujours besoin de la chaîne pour être étoffe, et vice versa…
    Mais il se fait tard… voilà l’aube qui se pointe, et j’imagine déjà le muezzin qui toussote… la suite, demain, si le bon Roi Shahriyar nous accorde un autre jour…
    ¬((P(A)1)¬A)

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    • #32
      merci Sidi Noun.

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      • #33
        Lik nassek w’lia nassi, ghedoua n’kahhez darek âla dari “
        J'ai toujours aimé les Nedromis pour leur sagesse et leur pragmatisme.
        C'en est une preuve éclatante.
        " eli andah chahwa idirha fi aachah" ca c'est de la sagesse Biskrite...
        ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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        • #34
          suite...

          Le Trésorier rougit, bafouilla quelque excuse, et sortit.
          Shahriyar se retourna vers Shéhérazade:
          “Continue…”
          Shéhérazade balaya l’alcôve du regard. Elle compta le nombre de coussins autour du divan royal: Onze. Puis le nombre de côtés des coussins, qui étaient de forme heptagonale: Sept. Enfin elle considéra la frange qui en ornait les bords, et en compta le nombre de glands sur in côté: Treize.
          Shéhérazade, après une brève reflexion, commença:
          “Je crois que celle-ci va vous plaire… choisissez un nombre entre 100 et 999”
          Shahriyar réfléchit un instant, puis:
          “Voilà, j’ai choisi. Devine”
          Shéhérazade:
          “Mais non mon Roi, ce n’est pas ce jeu que j’avais en tête…et je ne suis point devineresse. Plutôt, prenez ce nombre que vous avez choisi… dupliquez et juxtaposez, pour en faire un nombre à six chiffres…”
          Shahriyar la regardant d’un air un peu égaré, Shéhérazade continua:
          “Par exemple, si vous choisissez 123, le nouveau nombre sera 123123… simplement répétez le nombre et mettez les deux côte à côte…”
          .
          .
          .
          - “Ah j’ai compris. Voilà, c’est fait.”
          - “Maintenant, divisez par Sept.”
          - “Fait.”
          - “Encore par Onze.”
          - “Fait.”
          - “Et finalement par Treize.”
          - “Fait.”
          - “Considérez maintenant le résultat…”

          Les yeux de Shahriyar s’élargirent:
          “Mais c’est le nombre que j’ai choisi au début! Comment est-ce cela? Mais attends, n’est-ce qu’une coincidence?”
          Shéhérazade sourit:
          “Je vous assure, Ô Roi des Cités, que c’est valable pour n’importe quel nombre à trois chiffres.”
          Shahriyar répéta l’exercise plusieurs fois… à chaque fois, il retrouva le nombre original:
          “Bon, je te crois. Mais je vais faire vérifier par ce fourbe de Trésorier tous les nombres à trois chiffres. Il y en a 900 n’est-ce pas?”
          Shéhérazade lui caressa la joue, et, lui souriant:
          “883, mon Bon Roi… vous avez déjà vérifié dix-sept d’entre eux…”
          Shahriyar sourit à son tour:
          “900 donc… pour le punir. Je le suspecte bien de me voler.”
          Shéhérazade, songeuse et un peu à part:
          “Ô mon Roi, qu’importe qu’il vous vole. Il n’y a rien d’important qui puisse être volé.”
          Shahriyar, incertain:
          “Quoi?”
          Shéhérazade se secoua:
          “Oh rien, mon Roi. Pardonnez-moi, juste un moment de distraction… Je disais qu’il y a manière plus élégante que la force brute pour vérifier ou élucider cette curiosité…”
          Shahriyar, toujours perplexe:
          Élucider? Ça veut dire? Et quelle curiosité?
          Shéhérazade:
          “Élucider: expliquer, résoudre, trouver des solutions… ou, comme on aime dire sur les fora byzantins et les plates-formes éléctorales, solutionner…”
          Shahriyar, se releva, mi-fier:
          “Byzantin je connais, mais électoral c’est quoi?”
          Shéhérazade:
          “Dans certaines contrées, mon Bon Roi, c’est le peuple qui élit son gouvernement… enfin c’est censé être comme ça… ils appellent ça ‘les élections’ ”
          Shahriyar, un peu alarmé, se raidit sur son divan:
          “Que sais-tu de ces ‘les élections’?”
          Shéhérazade le rassura:
          “Oh pas grand-chose, mon Bon Roi… ne vous souciez point… nous sommes loin d’être prêts pour des élections, je vous assure. Mais je parlais de ‘De la Duplication et La Juxtaposition du Nombre à Trois Chiffres et de la Division Successive par le Sept, le Onze et le Treize du Résultat desdites Duplication et Juxtaposition’, un traité par un mathématicien de la Cour de Baghdad, publié, tenez, en 883. Ce 883 vous rappelle quelque chose?”
          Shahriyar, soulagé, mais considérant néanmoins l’éventualité d’une élection:
          “Dis-moi alors… apprends–moi à solutionner les problèmes… commençons par solutionner cette Publication…”
          Shéhérazade:
          “Duplication, mon Bon Roi…”
          Shahriyar:
          “Qu’importe! Solutionnons, solutionnons! Il se peut que le temps presse…”
          Shéhérazade le rassura encore:
          “Mais non, mon Bon Roi, rien ne presse… tout est à point à qui sait attendre… nous solutionnerons demain… entre-temps, laissons au peuple l’opportunité de solutionner aussi… j’ai d’autres choses à vous conter…”
          Shahriyar, pas très convaincu, commença à se lisser la barbe:
          “Oui, peut-être que tu as raison… tout est appoint…”
          Puis, commençant à se lever:
          “Parlant d’appoints, où est ce fourbe de Trésorier?”
          Shéhérazade réussit à le convaincre de se rasseoir:
          “Restez, mon Bon Roi. Tenez, je vais vous donner un petit indice… ça nous aidera à solutionner un peu…”
          Shahriyar oublia le Trésorier et s’allongea:
          “Oh merci merci Shéhérazade… je t’écoute…”
          Shéhérazade, surprise par ce rare double “merci”, perdit le fil de sa reflexion un instant, mais le reprit très vite, ses doigts jouant toujours avec la frange du coussin:
          “Prenez le Treize, et multipliez par le Onze…”
          Shahriyar répliqua:
          “Cent quarante-trois”
          Shéhérazade
          “Prenez le cent quarante-trois, et multipliez par le Sept.”
          Shahriyar calcula:
          “Mille et un”
          Puis:
          “Mille et UNE!”
          Shahriyar presque bondit de son royal divan, renversant quelques coupes…setar et santur, daf et daiyreh se turent…l’échanson suspendit la cruche en l’air…une chaleur inexplicable envahit Shéhérazade…
          “Mille et Une, Shéhérazade, Mille et Une, tout comme notre histoire, Mille et Une Nuits… les merveilleux contes que tu me contais au pied de ce même divan… ils me manquaient ces derniers jours… mais maintenant je commence à comprendre, et je commence à aimer les nombres… et je comprends aussi un peu ce que disait Bejaï le fou Bejaï le sage… rien ne se perd, tout se reconnecte… et comme en Amour, Ô Shéhérazade, ni d’avant ni d’après…”
          Shahriyar reprit son souffle et s’assit de nouveau:
          “Et je comprends aussi pourquoi tu pronnonçais le Sept le Onze le Treize en italique… ils doivent être des nombres magiques!”
          Shéhérazade prit sa main:
          “Oh que non, mon Bon Roi. Point de Magie en la Mathématique… quoiqu’un air de mystère semble entourer certains nombres comme le Sept le Onze et le Treize…”
          Shéhérazade se leva:
          “Je vous en reparlerai, car il y a beaucoup à savoir sur ces nombres… mais dans le jardin. Il doit y faire si doux, et c’est une belle nuit de pleine lune. Allez, venez, Ô mon Bon Roi.”
          Shahriyar insista:
          “Mais ils doivent au moins être très importants, comme les capitales des royaumes? J’ai remarqué que tu les pronnonçais aussi avec une Capitale initiale…”
          Shéhérazade le tira de la main:
          “Ça, oui, très importants.. mais venez.”

          Ils sortirent, suivis de l’orchestre et l’échanson…
          Dernière modification par Sidi Noun, 15 septembre 2007, 01h15. Motif: ménage...grammaire...
          ¬((P(A)1)¬A)

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          • #35
            bonne continuation !

            merci SIDI NOUN
            à lire d'un trait c'est tres agreable mais arrivé au dernier passage on reste sur sa faim et on en redemande
            donc je vais faire l'effort d'attendre
            On n'est pas le maître de son coeur...
            "un seul être vous manque et tout est dépeuplé" A.L.
            les 3 singes de la sagesse : "je n'ai rien vu - je n'ai rien entendu - je n'ai rien dit"

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            • #36
              Inata

              merci Sidi Noun.
              Non, c’est moi qui vous remercie… vous et votre Casbah en avatar, qui vient de me rappeller que, à peine à deux-cent mètres au Sud-Ouest de chez Bejaï, il y a aussi, ou avait, une Casbah… une Casbah dont, certes, ne restent comme vestiges que quelques murs et une tourelle… une Casbah qui sentait vaguement le grignon et l’alfa mouillée, et dont les pierres et le mortier gardaient toujours, même en hiver, le souvenir d’un lointain soleil…



              C’était là où, pendant les veillées du Ramadan, on savourait les “délires” de Bejaï le fou Bejaï le sage… et là encore où, en automne et enfants, et pour effrayer les passants, on placeait une citrouille fêlée, abritant une bougie, dans l’un de ses recoins… oubliant que la peur résidait ailleurs que dans les cimetières, fussent-ils de pierres ou d’hommes…
              Cette Casbah qu’on vient, folie des hommes encore, de maquiller en K’sar du Sud... cette Casbah dont je n’oserais vous en montrer les nouvelles photos… dont, de sable fin, on vient de lisser la peau… comme si on avait honte de sa rugosité, de ses saillies, de la fiente des moineaux qui venaient se nicher dans ses failles… cette même Casbah qu’on vient de maquiller en jeune fille nubile… devrait-on avoir honte de la décrépitude, de la vieillesse de nos grand-mères?
              Que le sable soit sable, mais que la pierre reste pierre… ne soyez pas folle comme les hommes, et ne (vous) maquillez point votre avatar, gardez-le tel qu’il est.

              Cheers!
              Dernière modification par Sidi Noun, 03 décembre 2008, 04h24. Motif: ortho...
              ¬((P(A)1)¬A)

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              • #37
                Bachi

                " eli andah chahwa idirha fi aachah" ca c'est de la sagesse Biskrite...
                ma f'hamtch 'chahwa'... citrouille fêlée ici...
                ¬((P(A)1)¬A)

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                • #38
                  nanouchka

                  donc je vais faire l'effort d'attendre
                  caprice du Ciel... quelques nuages passagers... mais on annonce l'éclaircie...

                  En attendant...

                  dans la forge de Boumendjel, dit Maciste, sise entre la maison de Zaâbour et Garage Addou (qui faisait aussi office de bureau S.A.A.), le marteau éduque l’enclume...

                  Marteau:
                  - Leçon No. 2: ne jamais donner de leçons.
                  Enclume:
                  - C’est ce que tu viens de faire.
                  Marteau:
                  - Toi-aussi. Tu es mauvaise élève.
                  Enclume:
                  - Tu es incorrigible donc.
                  Marteau:
                  - Pourquoi tu me corriges alors?
                  Enclume:
                  - Leçon No. 3?

                  Le marteau asséna un bon coup à l’enclume.

                  L’enclume s’apprêta à retourner le coup.

                  Marteau:
                  - Attends. Avant de me frapper, dis-moi ceci: le bruit de ce choc, était-ce ma tête qui l’a fait? Ne penses-tu pas que c’est plutôt ta table?
                  Enclume:
                  - La douleur que je ressens ne me permet pas de spéculer.
                  Dernière modification par Sidi Noun, 15 septembre 2007, 01h16. Motif: Grammaire...
                  ¬((P(A)1)¬A)

                  Commentaire


                  • #39
                    toujours quelques nuages en cette folle Amérique... restons donc chez Boumendjel, où c’est une belle nuit de pleine lune… l’ombre des barreaux de la seule fenêtre s’allonge sur le sol et les murs de la forge…

                    Marteau et Enclume



                    Marteau:
                    - La Pataphysique était une science sans nom, elle est devenue un nom sans science.
                    Enclume:
                    - Je ne suis pas d’accord…
                    Marteau:
                    - Hein?
                    Enclume:
                    - Pas d’accord que l’on puisse énoncer cette proposition ainsi…
                    Marteau:
                    - Pourquoi? Tu es experte en Pataphysique?
                    Enclume:
                    - Non pas experte du tout, mais pas besoin d’être…Ta proposition parait profonde comme un puits, mais toute seule, suspendue comme ça, sonne aussi creux… elle reste sans valeur rationnelle... proposition ni vraie ni fausse…
                    Marteau:
                    - Ni vraie ni fausse? Mais tu dis que tu n’es pas d’accord, donc seloi toi, elle doit être forcément fausse…
                    Enclume:
                    - Nuance: pas d’accord que l’on énonce ça comme ça… ne me mets pas les mots dans la bigorne… regarde plus haut ce que j’ai dit…
                    Marteau:
                    - Je ne comprends toujours pas pourquoi ça te pose problème … ça doit être la pleine lune... mais passons… pourquoi?
                    Enclume:
                    - Souvent on se sert de telles propositions, ni vraies ni fausses, pour flouer, comme sur les plates-formes électorales… ou pour donner une aura d’érudition, comme sur les fora byzantins…Cette proposition joue sur la Duplication et la Juxtaposition de certains mots choisis, puis de leur Réflexion, la virgule servant de mirroir, pour créer une Symétrie. Dans ta proposition, tu as Dupliqué ‘science sans nom’ pour donner 2 fois ‘science sans nom’, que tu as Juxtaposés… résultant en ‘science sans nom science sans nom’… puis tu as pris la virgule commme mirroir et tu as Réfléchi ‘science sans nom’ en ‘nom sans science’… ce qui a donné ‘science sans nom, nom sans science’…très Symétrique. La Symétrie plait aux yeux et aux oreilles… et ce qui plait ne crée pas de conflit, donc se digère plus facilement, si on n’y fait attention
                    Marteau:
                    - Je Réfléchis? Et avec une Capitale?
                    Enclume:
                    - Laisse…
                    Marteau:
                    - Duplication, Juxtaposition?
                    Enclume:
                    - On en a déjà parlé… rappelle-toi le Sept, le Onze et le Treize… S.O.T., facile à retenir comme ça… Esse O Té...
                    Marteau:
                    - Est-ce ôté? Tu veux dire comme ‘est-ce retranché’? Tu parles de Soustraction maintenant?
                    Enclume:
                    - Mais non, mon Bon Marteau, mais non… rappelle-toi la curiosité mathématique, cette autre belle nuit de pleine lune… les nombres entre 100 et 999… tous ces nombres que tu as fait vérifier par Tenaille... pauvre Tenaille, tout couvert de suie…
                    Marteau:
                    - Ah oui, que je suis sot… S.O.T. comme tu le dis si bien en italique… je me rappelle maintenant… mais ce fourbe de Tenaille l’a bien mérité, je le suspectai bien de soustraire quelques clous…
                    Enclume:
                    - Mais mon Bon Marteau, c’est sa nature de soustraire les clous, comme c’est la tienne de les enfoncer…
                    Marteau:
                    - Bon passons… je n’arrive toujours pas à concevoir qu’une propostion peut n’être ni vraie ni fausse… je ne pense pas qu’une telle propostion existe…
                    Enclume:
                    - Je t’assure, mon Bon Marteau, que ça existe… Dans tout Système ne contenant aucune Contradiction, on peut énoncer des propositions qu’on ne peut prouver ni vraies ni fausses. Gödel l’a bien démontré, et il l’a fait en se faisant aider par… devine…
                    Marteau:
                    - Enclume, tu sais bien que je ne suis point devin…
                    Enclume:
                    - Devine quand même…
                    Marteau:
                    - Tenaille? Il est doué en Contradiction…
                    Enclume:
                    - Soustraction… que tu es sot… S.O.T., ça te dit quelque chose?
                    Marteau:
                    - Ah je sais… la Duplicité et la Juscoboutisation?
                    Enclume:
                    - S.O.T.Sept Onze Treize… réfléchis…
                    Marteau:
                    - Je réfléchis je réfléchis… aie, que ma tête me fait mal quand je réfléchis… pire que marteler…
                    Enclume:
                    - Cesse la Réflexion alors… on reprendra demain…
                    Marteau:
                    - Non, ça va aller… je me rappelle vaguement que je multipliais le Sept le Onze le Treize… 7 fois 11 = 77 fois 13 = 1001… Mille et un… Ah je me rappelle maintenant… c’était cette même nuit, où j’ai presque sauté en l’air, en renversant quelques clous… les Mille et Une Nuits… c’est le Trésorier qui a dû aider ce Gödel… ou bien Shéhérazade?
                    Enclume:
                    - Non, mon Bon Marteau, ni l’un ni l’autre… quoique Shéhérazade en était bien capable…
                    Marteau:
                    - Alors je ne sais pas… tu me donnes la migraine… et tu es si énigmatique ce soir… ça doit être encore cette pleine lune…
                    Enclume:
                    - Bon, je me sens l’âme généreuse ce soir… je vais te dire… approche-toi.
                    Marteau:
                    - Oh merci merci ma Belle Enclume!

                    Enclume, attendrie et surprise d’être appellée “Belle” pour la première fois, perdit le fil de sa pensée, mais, voyant la tête de Marteau s’approchant de sa bigorne, le retrouva vite. Elle chuchota:
                    S.O.T… Sept Onze Treize… ce sont des nombres qui ont aidé Gödel... des Nombres qu’on appelle Premiers… des nombres comme Sept Onze Treize…”

                    Encore une fois, Marteau presque sauta en l’air, bousculant quelques fers à cheval:
                    “Pas vrai! Comment est-ce cela? Qu’ont à voir les Nombres Premiers avec les propositions et leur valeur de vérité?”

                    Enclume sourit:
                    “Mais tout, mon Bon Marteau, tout… comme le dit notre bon voisin Bejaï le fou Bejaï le sage, rien ne se perd, tout se reconnecte… on en reparlera”

                    Marteau, pas très convaincu:
                    “Bon, admettons que de telles propositions existent –bien que je ferai vérifier par ce fourbe de Tenaille– admettons… que doit-on en faire? Doit-on les balancer par la fenêtre?”
                    Puis, contemplant les cyprès:
                    “Doit-on les enterrer avec les morts, ces propositions ni vraies ni fausses… ces propositions mortes-vivantes comme aurait dit Bejaï?

                    Enclume sourit encore:
                    “Oh que non, mon Bon Marteau, que non… elles ont leur place… leur valeur peut être Esthétique…elles peuvent servir à l’Inspiration… ou comme points de Réflexion… certains les utilisent en Rhétorique… personnellement, je n’aime pas les Rhéteurs… n’en ai qu’à faire… mais faut faire avec, faut les tolérer… dans les pays à Élections, on appelle ça la Tolérance… sauf que certains Rhéteurs ne sont pas souvent Tolérants… mais faut les Tolérer, eux… c’est un problème épineux… un problème digne de Gödel… dommage qu’il ne soit plus avec nous… que son âme repose en paix… oui, mon Bon Marteau, elles ont leur place, mais faut les prendre avec des pincettes…”

                    Marteau se raidit:
                    “Pincettes? Non mais, c’est une forge ici, ceci est affaire d’Homme… - tiens moi aussi je sais dire les mots à Capitale…- pas de pincettes admises ici… des pinces, oui… alf salam …tu penses que Pince fera l’affaire?”

                    Enclume sourit:
                    - Va dormir, mon Bon Marteau…


                    Dérangé dans sa somnolence, Hadj El Kir, le soufi du coin, soupira:
                    - Vous ne faites que tamiser de la poussière. Cessez votre tintamarre et laissez-moi dormir.

                    Hadj El Kir, avec Tenaille



                    Marteau et Enclume se turent… de l’ouest, on entendit comme des coups de…
                    Marteau tendit l’oreille:

                    Puis, tout bas:
                    - Enclume? Tu entends ça?
                    Enclume:
                    - Quoi? Je n’entends rien… et puis je n’ai plus l’ouie fine… depuis le temps que tu m’asssourdis avec tes coups de tête…
                    Marteau:
                    - Je t’assure… on dirait des coups de marteau… je m’y connais, tu le sais bien… ou des coups de pioche… venant de l’ouest…
                    Enclume:
                    - À l’ouest? Ça doit être Bejaï et Zaâbour qui se chamaillent encore… bonne nuit mon Bon Marteau…
                    Marteau:
                    - Enclume, une dernière chose… je peux?
                    Enclume:
                    - Oui Marteau…
                    Marteau:
                    - Quand tu utilises les mots à Capitale, ça me donne un peu la migraine, et même ça me fait un peu peur…
                    Enclume:
                    - Mais non mon Bon Marteau, faut pas avoir peur… les mots, tout comme la lune, sont nos amis…bonne nuit Marteau…
                    Marteau:
                    - Bonne nuit Belle Enclume.

                    -------------

                    Inspiration:

                    Darwish:
                    Le soufisme était une réalité sans nom, il est devenu un nom sans réalité.
                    Andaloussia:
                    Je suis tout à fait d'accord avec toi Darwish!!
                    Dernière modification par Sidi Noun, 15 septembre 2007, 01h13. Motif: toujours ortho...
                    ¬((P(A)1)¬A)

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                    • #40
                      Il est super charismatique ce Marteau..
                      Enclume semblait être charmée...
                      Fausse vérité donc...
                      Est-ce comme le reflet d'une vérité sur un miroir ?
                      Selon la célèbre théorie des cordes et la non moins célèbre théories des trous, c'est oui...
                      Mais Hadj Kir lui, il y pense quoi?
                      ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

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                      • #41
                        Bonjour Sisi Noun et tous le monde,

                        J'ai lu les contes de 1001 nuits en arab, c'est magnifique.
                        J'ai essayé de l'ai luire ensuite en français......j'ai laissé tombé !!!

                        Il perdent toutes leur essence en une autre langue.

                        Si tu comprend et lis l'arabe, je te suggère de les relire dans leur langue d'origine, l'effet est garantie : suprenant !

                        En français, tu sais, c'est un peu comme des gateaux à la canelle mais qui non pas le goût de la canelle. ou comme une rose qui n'a pas de parfum, ou comme une maison sans lumière....

                        C'est contes sont riches en poésie arab qui est assez particulière et très différente de la poésie française. Il me semble qu'il est "artistiquement" impossible de traduire une poésie arab en une autre langue.

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                        • #42
                          Je me suis toujours demandée ce que sherazad prenait pour ne pas dormir ...
                          d'abord, j'ai pensé au café mais pas trop fort ;
                          le narguella wallou aussi ;
                          Je croyais qu'en plus d'être une bonne et superbe conteuse elle est experte en herbes ...Hshisha t'yar e num men 3yn 3aycha...

                          Commentaire


                          • #43
                            Bonjour Hatshepsout,
                            J'ai lu les contes de 1001 nuits en arab, c'est magnifique.
                            J'ai essayé de l'ai luire ensuite en français......j'ai laissé tombé !!!
                            Dommage... bien qu'une traduction n'est pas toujours aussi "reluisante" que la version originale, vous auriez pu en tirer quelque chose...

                            Il perdent toutes leur essence en une autre langue.
                            et peuvent en gagner une autre... la version arabe que vous avez tant savouré a peut-être perdu (ou gagné) un peu d'essence aussi, n'étant elle aussi, en gros, que traduction et adaptation de contes persans... ces derniers eux-même probablement d'origine indienne...

                            Si tu comprend et lis l'arabe, je te suggère de les relire dans leur langue d'origine, l'effet est garantie : suprenant !
                            Je vous remercie pour votre sollicitude, mais j'ai le coeur défaillant... et voyez plus haut pour l'origine...

                            En français, tu sais, c'est un peu comme des gateaux à la canelle mais qui non pas le goût de la canelle. ou comme une rose qui n'a pas de parfum, ou comme une maison sans lumière....
                            j'aime pas la canelle, n'en ai que faire, mais faut tolérer... quant aux roses, les miennes ont toujours du parfum, faut juster sentir avec l'autre nez... pour la lumière, je garde toujours quelques bougies...

                            Il me semble qu'il est "artistiquement" impossible de traduire une poésie arab en une autre langue.
                            on peut remplacer "arabe" par n'importe quelle langue...
                            ¬((P(A)1)¬A)

                            Commentaire


                            • #44
                              héhéhé
                              T'es un vrai démonteur de camions !
                              ce qui se conçoit bien s'énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément

                              Commentaire


                              • #45
                                Sidi Noun

                                je n'ai jamais lu les contes de Shéhérazade

                                Merci de me faire découvrir ca


                                Saha ftourkoum

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