L'individu se constitue, lors de sa gestation et au cours de sa vie, selon un grand nombre de paramètres qui pour la plupart lui échappent. Entre déterminisme et volonté, le jeu des possibles* présente une infinie variété au sein desquelles, comme pour tout phénomène physique ou bio-chimique, on peut tenter de repérer des lois générales... Et leurs exceptions.
Des chercheurs se sont intéressés au conséquences de la privation d'affection dans le développement des nourissons :
Dans Le Monde
* Le jeu des possibles - essai du biologiste François Jacob
Des chercheurs se sont intéressés au conséquences de la privation d'affection dans le développement des nourissons :
Au XIIIe siècle, l'empereur Frédéric II de Hohenstaufen, souhaitant découvrir l'origine des langues, empêcha des nourrissons d'entendre toute parole. La légende veut qu'ils soient morts sans avoir dit un mot. Une équipe de l'université du Wisconsin, qui cherche à étudier les liens entre maturation cérébrale et interactions sociales, a trouvé dans certains orphelinats un terreau évoquant cette terrible "expérience" médiévale. OAS_AD('Middle');
Seth Pollack et ses collègues montrent, dans le dernier numéro des Comptes-rendus de l'Académie des sciences américaine, comment les soins donnés au nourrisson durant ses premiers mois de vie peuvent modifier la production d'hormones jugées cruciales dans la régulation des comportements sociaux. Leurs observations ont porté sur un groupe de 18 enfants adoptés en moyenne à l'âge de 16 mois, dans des institutions russe et roumaine, par des couples de la région de Milwaukee. Après trois années passées aux Etats-Unis, certains d'entre eux montrent des comportements souvent associés à un manque de soins affectifs dans la petite enfance — comme la recherche de réconfort auprès d'un adulte inconnu.
L'objectif des psychologues américains était de mesurer les taux de deux hormones, la vasopressine et l'ocytocine, connues pour leur implication dans les comportements sociaux, le stress et l'établissement de liens de confiance. Ils ont comparé leur concentration dans l'urine de deux groupes d'enfants, naturels ou adoptés, après qu'ils ont joué avec des adultes — leur mère ou une inconnue.
EFFETS RÉCONFORTANTS
Mesurée en dehors de sessions expérimentales, la concentration en vasopressine était en moyenne plus basse chez les enfants adoptés.En outre, "comme prédit, les taux d'ocytocine ont augmenté chez les enfants après ces contacts physiques avec leur mère biologique, écrivent les chercheurs. Mais les enfants (des orphelinats) n'ont pas montré cette réponse avec leur mère adoptive". Enfin, il n'y avait pas de différence entre les groupes en cas d'interaction avec l'inconnue.
Ces observations sont, pour les psychologues américains, le signe que l'absence précoce de soins et d'affection altère le développement normal de la régulation de la vasopressine et de l'ocytocine : "Les perturbations de ce système pourraient interférer avec les effets calmants et réconfortants qui émergent entre les jeunes enfants et les proches qui leur procurent soin et affection." Pour Angela Sirigu, de l'Institut des sciences cognitives de Lyon, il aurait été intéressant d'étudier des enfants adoptés dès la naissance, pour voir si c'est l'absence générale de soins ou celle de contacts maternels biologiques, qui explique ces déficits. Les chercheurs américains soulignent que tout n'est pas écrit : les différences individuelles sont marquées et ils n'excluent pas que des enfants "avec une réactivité hormonale plus basse" puissent in fine développer "des relations sociales satisfaisantes".
Hervé Morin
Seth Pollack et ses collègues montrent, dans le dernier numéro des Comptes-rendus de l'Académie des sciences américaine, comment les soins donnés au nourrisson durant ses premiers mois de vie peuvent modifier la production d'hormones jugées cruciales dans la régulation des comportements sociaux. Leurs observations ont porté sur un groupe de 18 enfants adoptés en moyenne à l'âge de 16 mois, dans des institutions russe et roumaine, par des couples de la région de Milwaukee. Après trois années passées aux Etats-Unis, certains d'entre eux montrent des comportements souvent associés à un manque de soins affectifs dans la petite enfance — comme la recherche de réconfort auprès d'un adulte inconnu.
L'objectif des psychologues américains était de mesurer les taux de deux hormones, la vasopressine et l'ocytocine, connues pour leur implication dans les comportements sociaux, le stress et l'établissement de liens de confiance. Ils ont comparé leur concentration dans l'urine de deux groupes d'enfants, naturels ou adoptés, après qu'ils ont joué avec des adultes — leur mère ou une inconnue.
EFFETS RÉCONFORTANTS
Mesurée en dehors de sessions expérimentales, la concentration en vasopressine était en moyenne plus basse chez les enfants adoptés.En outre, "comme prédit, les taux d'ocytocine ont augmenté chez les enfants après ces contacts physiques avec leur mère biologique, écrivent les chercheurs. Mais les enfants (des orphelinats) n'ont pas montré cette réponse avec leur mère adoptive". Enfin, il n'y avait pas de différence entre les groupes en cas d'interaction avec l'inconnue.
Ces observations sont, pour les psychologues américains, le signe que l'absence précoce de soins et d'affection altère le développement normal de la régulation de la vasopressine et de l'ocytocine : "Les perturbations de ce système pourraient interférer avec les effets calmants et réconfortants qui émergent entre les jeunes enfants et les proches qui leur procurent soin et affection." Pour Angela Sirigu, de l'Institut des sciences cognitives de Lyon, il aurait été intéressant d'étudier des enfants adoptés dès la naissance, pour voir si c'est l'absence générale de soins ou celle de contacts maternels biologiques, qui explique ces déficits. Les chercheurs américains soulignent que tout n'est pas écrit : les différences individuelles sont marquées et ils n'excluent pas que des enfants "avec une réactivité hormonale plus basse" puissent in fine développer "des relations sociales satisfaisantes".
Hervé Morin
* Le jeu des possibles - essai du biologiste François Jacob
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